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Les ingénieurs à l’honneur dans le programme « Flotlog » des bâtiments ravitailleurs de forces

Mise à jour  : 29/05/2020

La France a décidé de se doter de quatre bâtiments ravitailleurs de forces (BRF) d’ici à 2030. Ces navires de 31 000 tonnes porteront les noms de quatre ingénieurs qui ont marqué l’histoire de la conception navale conduite par la DGA. Mais qui sont-ils ?

« Ces noms sont un hommage à ceux qui ont puissamment contribué à placer notre pays à la pointe des technologies navales. » C’est en ces termes forts que la ministre des armées soulignait la décision de baptiser les bâtiments ravitailleurs de forces (BRF) des noms d’ingénieurs du génie maritime, un génie maritime qui n’est autre que le précurseur de la partie navale de la DGA a sa création en 1961 par le Général De Gaulle, lors de son allocution le 18 mai à St Nazaire lors de sa visite aux Chantiers de l’Atlantique. Quatre experts qui ont dédié leur vie à concevoir et à construire des navires.

Délégué général pour l’armement Jacques Chevallier (1921-2009)

Polytechnicien (1940), ingénieur militaire et haut fonctionnaire de défense et sécurité Jacques Chevallier fut délégué général pour l’armement de 1987 à 1989. Il est un des pères fondateurs de la propulsion nucléaire navale en France. Il a travaillé à la conception et à la réalisation du prototype à terre du réacteur nucléaire à eau pressurisée de la propulsion nucléaire navale, installé à Cadarache et aujourd’hui démantelé. Il est également à l’origine de la conception du réacteur nucléaire des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la classe « Le Redoutable ».

Ingénieur général Jacques Stosskopf (1898-1944)

La promotion 2010 des élèves ingénieurs du corps de l’armement de l'école nationale supérieure des ingénieurs des études et techniques d'armement (ENSIETA) porte son nom. Polytechnicien (1920), l’ingénieur général Jacques Stosskopf est nommé chef de la section des constructions neuves à l’arsenal de Lorient en octobre 1939. Membre des réseaux résistants Kléber puis Alliance pendant la 2e guerre mondiale, il fournit des renseignements précieux sur l’activité navale allemande et en particulier sur les mouvements des sous-marins basés à Lorient. Arrêté par la Gestapo en février 1944 il est envoyé en camp de concentration où il est exécuté sept mois plus tard. Son nom est donné à la base de sous-marins de Keroman à Lorient (Bretagne) le 6 juillet 1946. Son portrait y est accroché avec inscrit au dos : « Les Ingénieurs chargés de la base des sous-marins de Keroman – Hommage au premier d’entre eux. L’ingénieur en chef de l’armement Jacques Stosskopf. »

Ingénieur général de 1re classe Emile Bertin (1840-1924)

Grand scientifique, auteur de nombreuses innovations dans la marine militaire et civile, l’ingénieur général Émile Bertin est reconnu au niveau international pour la qualité de ses réalisations et travaux de recherche. Il fit les plans et participa à la construction d'environ 150 bâtiments de surface. Il aide à la création de la marine militaire japonaise durant l'ère Meiji1 et est ensuite à la tête des constructions navales françaises pendant une décennie. Dès 1898 Il conduit ainsi la France au deuxième rang des marines mondiales, derrière le Royaume-Uni. Savant de notoriété mondiale, il est l’inventeur du caisson qui porte son nom et qui est la base du système de cloisonnement qui a bouleversé la structure des navires de guerre et de commerce de l’époque pour leur stabilité. Enfin, Emile Bertin est le créateur du bassin des carènes à Paris. Outil majeur de la conception navale de la DGA, celui-ci est le plus ancien laboratoire d'hydrodynamique et hydroacoustique navales au monde. Sa version moderne est aujourd’hui installée sur le centre d’expertise DGA Techniques hydrodynamiques à Val de Reuil. Le bassin historique des carènes à Paris a quant à lui été détruit lors du chantier de rénovation du ministère à Balard en 2015.

Ingénieur de 1re classe Gustave Zédé (1825-1891)

Polytechnicien (1843), Gustave Alexandre Zédé a été directeur des constructions navales en 1880 et administrateur de la Société des forges et chantiers de la Méditerranée en 1890. Il a établi les plans du Gymnote, le premier sous-marin inscrit sur la liste de la flotte française sous le vocable bateau sous-marin et construit d'après une idée et les calculs d'Henri Dupuy de Lôme. Long de 17 m, manœuvré par un équipage de cinq hommes, le Gymnote était propulsé par un moteur électrique multipolaire de 60 chevaux créé par Arthur Krebs alimenté par une batterie Commelin et Desmazures composée de 564 accumulateurs. Il atteignait huit nœuds en surface et quatre en plongée.

L’ingénierie d’armement navale, deux siècles d’évolution

Le génie maritime moderne remonte au début de la révolution industrielle. Il est, à partir du Consulat (1799), le service de construction des vaisseaux de la marine nationale française, aussi appelée à l’époque marine impériale ou royale. Le corps des ingénieurs du génie maritime est alors essentiellement composé de polytechniciens. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le régime de Vichy fusionne le génie maritime et l'artillerie navale pour former après-guerre la direction des constructions et armes navales (DCAN) Celle-ci devient ensuite la partie navale de la DGA créée en 1961 par le Général De Gaulle. Une réforme qui permet à la France la création effective d’une force nucléaire stratégique, mais aussi une véritable unification du ministère des armées dont les structures sont depuis lors demeurées fondamentalement les mêmes. En 1968, les ingénieurs des deux origines sont regroupés au sein du corps des ingénieurs de l'armement; ils sont aujourd'hui encore issus de Polytechnique et également de l'école nationale supérieure des techniques avancées (ENSTA).