La phytoremédiation. C’est le procédé d’avenir, déjà bien avancé, qui consiste à dépolluer un sol grâce à des plantes. Claire Ferret, jeune thésarde aidée par la DGA, a eu l’idée originale d’associer des bactéries sélectionnées pour doper l’efficacité de cette technique déjà reconnue. Elle réduit ainsi les délais de traitement par deux. Une paille. Ses travaux* étaient présentés lors du forum innovation de novembre dernier.
Pour pousser, une plante puise ses ressources dans le sol. Elle y pompe ainsi tout ce dont elle a besoin. Mais aussi, souvent, le reste et parfois même les métaux. Pratique. Surtout quand on a pour ambition de dépolluer un terrain contaminé par ces métaux ayant toujours de graves conséquences sur l’environnement et néfastes pour la santé. Alors Claire Ferret a choisi de se pencher sur le problème. « Mon projet au départ ? Étudier le processus de dépollution naturelle des sols. En effet, dans la nature, les plantes jouent déjà ce rôle. Une méthode tout à fait respectueuse de l’environnement qui évite les traitements chimiques utilisés jusqu’à aujourd’hui, explique Claire Ferret, auteur de la thèse*. J’ai donc eu l’idée d’associer à ces plantes des bactéries afin d’améliorer leur efficacité en matière d’extraction des métaux dans les sols. » Et ça marche !
Le seul « hic » avec la phyto-dépollution, c’est que le procédé est long. Il faut laisser aux plantes le temps d’absorber les substances. Alors beaucoup en ont rêvé. Claire Ferret, elle, l’a fait. Elle a démontré qu’en associant certains types de bactéries aux plantes on pouvait accélérer le processus. Grâce à l’utilisation de plantes seules, il faut compter dix ans en moyenne pour dépolluer un site. En ajoutant ces bactéries qui produisent des molécules facilitant la capture des métaux, cela réduit de moitié la durée de traitement du sol contaminé pour le rendre sain. Cerise sur le gâteau, Claire Ferret avance dans sa thèse que ce procédé améliore non seulement la durée… mais aussi l’efficacité du traitement. Le tout de façon écologique ! Sa découverte est le résultat d’une thèse qui a duré trois ans, financée à 50% par la DGA très intéressée pour la réhabilitation de ses anciens terrains militaires. Cependant l’innovation de Claire Ferret a un champ d’application beaucoup plus vaste.
Pour qui, avec quoi et comment ?
Après les errements de notre ère industrielle, des métaux on en trouve malheureusement aujourd’hui dans de nombreux sols. Avec la prise de conscience écologique encore récente le garde-manger des plantes « dépollueuses » est encore bien fourni. Elles pourront ainsi œuvrer sur des anciens sites militaires, industriels ou agricoles. L’expérience montre qu’il n’est pas rare d’y recenser du plomb, du cuivre ou du nickel, par exemple. Autant de friandises à digérer pour nos herbacées gloutonnes.
« Peu importe les plantes que l’on utilise pourvu qu’elles soient résistantes », affirme Claire Ferret. Plants de tomates, tournesol, épinards ou même tabourets des champs que l’on trouve à foison dans nos campagnes… tous ces végétaux peuvent faire l’affaire. Avec le principe de la jeune thésarde, on peut leur associer des pseudomonas productrices de molécules pyoverdines. Ces accélérateurs ont l’avantage d’être naturellement présents dans l’environnement. « Une fois que les plantes ont bien accumulé les différents polluants du sol, on a plus qu’à les ramasser, les faire sécher et les brûler. C’est à ce moment que nous récupérons les produits indésirables grâce à des filtres à particules », explique Claire Ferret en soulignant au passage les économies de déchets ainsi réalisés.
Facile à mettre en œuvre, la phytoremédiation a trouvé un nouveau souffle et, surtout, un nouveau rendement grâce à Claire Ferret. Le souhait de cette chercheuse talentueuse mais encore verte ? « Qu’on puisse, dans quelques années, transposer mes résultats de laboratoire à grande échelle. Avant cela, il faudra bien sûr procéder à d’autres expériences pour que le projet soit finalisé à 100% ! ». Affaire à suivre, donc…
*Thèse - Rôle des Pseudomonas fluorescents dans la biodisponibilité des métaux contaminant les minéraux du sol : application à la phytoremédiation.