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Des ingénieurs de la DGA en Opex

Mise à jour  : 22/11/2010 - Auteur : Christina Mackenzie

Les ingénieurs militaires de la direction générale de l’armement (DGA) ne se contentent pas de travailler à leur bureau... ils peuvent aussi revêtir le treillis pour se rendre sur un théâtre d’opérations et mettre à la disposition des forces armées leurs connaissances techniques et leur savoir-faire de conduite de programmes. Témoignages en retour de missions d’Afghanistan.

« Comme nos collègues de la santé et des essences, nous, ingénieurs de la DGA, pouvons être appelés à nous rendre sur des théâtres d’opérations pour apporter notre expertise », explique d’emblée Norbert Fargère, sous-directeur de la conduite des opérations d’armement (SDCOA) de la DGA. En plus des aspects contenu, ces missions sont très minutieusement préparées sur le plan personnel, en amont, en métropole : visite médicale, certificat d’aptitude au tir (CATI), diverses mises à niveau thématiques sur les engins explosifs improvisés (EEI), le comportement à adopter face à un blessé, la sécurité informatique… Seuls les personnels militaires volontaires sont envoyés en opérations extérieures (opex). « Sur le terrain, nous sommes équipés comme les autres, poursuit-il. L’hébergement est spartiate, le climat difficile, avec des écarts de température diurne-nocturne importants. Le danger est permanent et le risque dépend des postures. Par exemple, dès que l’on sort de Warehouse*, tout le monde est en alerte : un civil avec un téléphone portable peut très bien être en train de déclencher un EEI ! En Afghanistan, les militaires sont confrontés à une autre culture, le Moyen Âge côtoie les NTIC...»

Une expérience de terrain

À la DGA, un vivier d’ingénieurs partage aujourd’hui ces expériences en opex. « Chaque conflit à sa spécificité, poursuit Norbert Fargère. En Irak, par exemple, nous avons envoyé quelques personnels sur des problèmes de déminage ou de protection NRBC. En ex-Yougoslavie et au Kosovo, davantage d’ingénieurs pour travailler entre autres sur la mobilité des véhicules et le matériel anti-sniper. Une dizaine d‘entre nous se sont déjà rendus en Afghanistan dans les deux dernières années, notamment pour les problématiques d’utilisation régulière des EEI par les insurgés, mais également lors du déploiement de certains armements sous avion, ou bien encore pour s’intéresser aux systèmes d’information. »

Le but de ces missions est bien de gagner un temps précieux pour procurer aux forces armées les équipements dont elles ont besoin en urgence. Des achats essentiellement réalisés sur étagère... « Nous trouvons souvent les solutions en parlant sur place avec les militaires, explique Antoine Torres, chef de bureau à la SDCOA. Par exemple, lors de ma mission en Afghanistan en mai dernier, il s’agissait de trouver une solution pour protéger nos bases opérationnelles avancées (FOB) des tirs de roquettes Chicom 107 mm. Elles sont tirées à partir d’un tas de cailloux, souvent depuis la cour d’une maison, et il est très difficile de riposter sans dommages collatéraux. Les soldats ont décrit les trajectoires basses de ces tirs et nous avons conclu qu’un simple grillage anti-roquettes pouvait apporter une solution efficace et économique. Une idée que nous n’aurions probablement pas eue sans être sur place. Il reste maintenant à l’évaluer concrètement face à la menace ».

Un processus validé par les forces

Ces missions sont l’occasion de rencontrer des homologues d’autres nations, pour évoquer, par exemple, cette technique américaine consistant à faire exploser les EEI sous la pression d’un jet d’eau. « Mais, en détruisant l’engin sans l’avoir observé, nous perdons la connaissance des évolutions techniques de l’ennemi », analyse Antoine Torres. Ce précieux éclairage de terrain permet aux ingénieurs de répondre efficacement aux modifications demandées par les opérationnels. Une simple poignée peut, par exemple, améliorer sensiblement les performances de l’armement nominatif du soldat ! Une fois approuvée par l’état-major des armées (EMA), la DGA peut généraliser cette modification. « L’armée de terre, majoritaire en Afghanistan, reste très ouverte à ce genre de processus », conclut Norbert Fargère.

* Warehouse : base française et quartier général tactique de la force internationale d’assistance et de sécurité à Kaboul, en Afghanistan.