Le laboratoire technico-opérationnel (LTO) mis en œuvre par la DGA permet de mener des expérimentations qui rassemblent en plateau les opérationnels, les responsables de capacités et de programmes, les experts techniques et les industriels. Dans ce dispositif de travail partagé entre opérationnels, industriels et DGA, sont étudiés les besoins, les contraintes, les possibilités techniques, les organisations, les modes d’action et les concepts d’emploi des futures capacités militaires et des systèmes d’armes qui les composent. Toutes les ressources de la modélisation et de la simulation sont utilisées pour ces travaux.
À Eurosatory sera redéployée l’expérimentation Basilic qui utilise « un jeu sérieux (serious game) qui permet de plonger des opérationnels joueurs dans un monde virtuel où ils peuvent jouer différents scénarios dédiés au tir de missiles au-delà de la vue directe, comme l’explique Éric Pédo, responsable du LTO au CATOD. Les opérationnels occupent trois rôles : le véhicule de reconnaissance qui détecte la cible, le chef d’unité qui décide d'engager la cible avec un missile et le véhicule qui porte le missile. Nous validons dans cette expérimentation les capacités humaines à mettre en œuvre ce nouveau type de tirs pour l'armée de terre, en complément des moyens de tir actuels (obus de chars, obus d'artillerie, etc.). L’homme est placé au cœur de l'expérimentation pour valider ce futur concept car, si les technologies pour tirer des missiles au-delà de la vue directe sont globalement disponibles, les principales difficultés se trouvent dans la bonne répartition des rôles (observateur, décideur, tireur) pour garantir le succès de la mission. »
Le LTO s’appuie, pour Basilic, sur une simulation de réalité virtuelle en 3D de type « Serious game », c'est-à-dire issue d'un jeu vidéo de guerre grand public qui a été industrialisé pour être utilisé dans un contexte professionnel. Cette simulation est suffisamment réaliste pour immerger les opérationnels dans cette mission encore inédite. « À l’heure actuelle, les opérationnels sont obligés de voir leur cible pour effectuer un tir au canon avec le char Leclerc ou avec un missile anti-char, ce qui reste très contraignant dans des zones urbaines ou industrielles où la cible peut être cachée à tout moment par un bâtiment, poursuit Éric Pédo. C’est aujourd’hui le même acteur qui voit, décide du tir et l’effectue. Cette capacité de tir au-delà de la vue directe représente donc une révolution pour les combats de l’armée de terre. L’expérimentation Basilic nous permet de valider à la fois les solutions (organisations, processus et systèmes) pour concrétiser les concepts à l’œuvre dans le programme Scorpion* et valoriser les différents programmes d’études amont sur les technologies de missile ».
Sur le stand, le visiteur se plongera tour à tour dans le véhicule observateur, le véhicule chef ou dans le poste de tir du futur engin blindé de reconnaissance et de combat et il pourra participer à des missions sur ce terrain virtuel. Il sera ainsi possible de se rendre compte de la façon dont le LTO expérimente le futur et permet d'avoir une bonne idée de la façon dont les futurs systèmes seront mis en œuvre sur le terrain, avant de décider de lancer les réalisations correspondantes.
Goulven Hamel
* Le programme Scorpion vise notamment à développer et optimiser les performances technico-opérationnelles globales dans le périmètre du GTIA (groupement tactique inter armes) soit le bataillon.
Sources : DGA