Suite de notre série sur les ancrages avec le portrait du commissaire santé Gilda, qui achève bientôt 8 mois de formation à l’école du Val-de-Grâce à Paris.
Comment s’est déroulée cette deuxième année de formation de commissaire ? Quelles sont les spécificités de cette formation santé ? Le commissaire Gilda revient sur les temps forts de cette année au Val-de-Grâce et de la formation des commissaires santé au cœur du Service de santé des armées.
Quels sont les objectifs de l’année de formation à l’Ecole du Val-de-Grâce ?
La période de formation à l’École du Val-de-Grâce (EVDG), se déroulant entre le mois de novembre et le mois de juin, poursuit trois objectifs principaux.
D’abord, cette formation nous prépare aux métiers de l’officier administrateur dans le Service de santé des armées (SSA). A ce titre, nous devons maîtriser les modalités et spécificités de mise en œuvre, au sein du SSA, des différents domaines de compétence métier du commissaire des armées abordés en première année à l’Ecole des commissaires des armées (ECA).
En outre, cette formation vise à nous enseigner les caractéristiques du soutien médical des forces armées, composante indispensable au déploiement d’une force en opération extérieure (OPEX) et intérieure. Ce volet opérationnel a pour objectif de garantir notre capacité à assumer les responsabilités particulières qui incombent notamment aux commissaires des armées d’ancrage santé employés au sein d’un centre médical des armées (CMA).
Enfin, la formation spécifique d’ancrage santé nous permet d’acquérir un socle de connaissances en santé publique, ainsi qu’une vision globale du pilotage d’un établissement public de santé, indispensable à l’exercice d’un métier de direction de services administratifs ou logistiques dans les établissements du SSA, en particulier au sein des hôpitaux d’instruction des armées (HIA).
Quel est le contenu de la formation d’ancrage santé ?
Les premiers mois – de novembre à décembre – sont consacrés en majeure partie à des enseignements théoriques dispensés par différents personnels du SSA (médecins, pharmaciens), des commissaires des armées, ainsi que des civils de la défense, afin d’approfondir sous l’angle du SSA les fondamentaux métiers acquis lors de la formation d’administrateur.
Durant le mois de janvier, nous suivons des enseignements à l’École des hautes études en santé publique (EHESP) de Rennes, dispensés lors du cycle de formation des futurs directeurs d’hôpitaux, afin d’acquérir et diversifier nos connaissances en matière de santé publique.
Ces enseignements en santé publique sont mis en application durant des stages hospitaliers ; nous sommes accueillis durant trois semaines au sein d’un HIA par l’équipe de direction avec pour tuteurs le gestionnaire de l’établissement et ses adjoints. Ce stage se poursuit au sein d’un hôpital public pendant une semaine pour une séquence « découverte » auprès d’un directeur d’hôpital.
Un stage de trois semaines est également réalisé au sein d’un CMA, établissement en soutien médical direct des trois armées et de la gendarmerie nationale, et principal pourvoyeur de personnels pour les OPEX.
Aussi, la formation est ponctuée de stages « courts » au sein de différents établissements du SSA tels que la Direction des approvisionnements en produits de santé des armées (DAPSA), la plateforme achats-finances santé (PFAF-S), ou encore au sein d’une direction de chaîne déconcentrée.
Enfin, un stage au centre de formation opérationnelle santé (CeFOS) sur le camp de LA VALBONNE est effectué afin de valider des modules d’instruction sur le tir de combat (ISTC) Fusil d’assaut (FAMAS), pistolet automatique (PA) et de sauvetage au combat de niveau 1 (SC1).
Quels conseils donneriez-vous aux élèves qui choisissent l’ancrage santé et qui passeront leur deuxième année de formation à l’EVDG ?
Le premier conseil que je leur donnerai est d’être convaincu par le choix de l’ancrage santé, ancrage noble au soutien du combattant. Le SSA est un grand service interarmées dont la vocation, la mission, l’essence est le soutien médical des forces armées. Ainsi, il me paraît primordial pour un jeune commissaire de se livrer à des lectures intéressant le SSA, son histoire, ses enjeux et les défis auxquels il se trouve confronté aujourd’hui. Cette imprégnation intellectuelle donnera une dimension supplémentaire à l’exercice des fonctions dévolues au commissaire des armées au sein du SSA.
Par ailleurs, je leur conseille d’être proactif durant les stages qu’ils réaliseront, notamment en HIA et en CMA. Ces stages sont indispensables pour appréhender l’étendue des missions confiées au commissaire, et se familiariser avec les différents outils qu’ils devront maîtriser une fois en poste. Il est donc important de se montrer curieux en posant toutes les questions utiles à une première prise de poste. Aussi, ces stages sont l’occasion de rencontrer des commissaires, praticiens des armées, ou civils qui pourront leur donner de précieux conseils tout au long de leur carrière.
Quels sont les moments forts de la formation ?
Pour ma part, je dirai qu’il y a eu trois moments « forts ».
D’abord, les stages d’une durée de trois semaines réalisés en HIA et en CMA sont en eux-mêmes des moments forts car nous sommes confrontés, pour la première fois, aux réalités du terrain. A titre personnel, ils m’ont permis de me conforter dans mon choix d’ancrage en mesurant toute la place et l’importance du SSA, à la fois dans le soutien sanitaire des forces armées, mais aussi en tant qu’acteur de la santé publique à l’aune de la pandémie liée à la Covid-19.
Un autre moment fort est l’enseignement du SC1 reçu au CeFOS sur le camp de LA VALBONNE. Le sauvetage au combat est un standard de soins permettant à tout combattant de concourir à la mise en condition de survie d’un blessé de guerre sans délai et jusqu’à la prise en charge dans une Unité médicale opérationnelle (UMO). Ce stage m’a donc permis d’apprendre l’ensemble des techniques immédiates de mise en sécurité et de préservation des chances de survie du blessé par le biais de simulations pratiques parfois proches de la réalité du terrain.
Enfin, les séances sportives régulières avec l’ensemble des commissaires des armées d’ancrage santé ont constitué à la fois des parenthèses d’oxygénation, mais aussi des moments de cohésion, de partage, et de dépassement de soi.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
Le contexte pandémique fut probablement la plus grande difficulté rencontrée. Certains enseignements, notamment ceux dispensés par l’EHESP, ont majoritairement été suivis à distance via internet, nous privant ainsi des interactions sociales avec les futurs directeurs d’hôpitaux. Les technologies mises à notre disposition ont néanmoins permis de compenser cette absence, sans la remplacer totalement.
Les « moments cohésion » au sein de notre promotion ont également été fragilisés par la crise sanitaire.
Enfin, les déplacements réguliers dans des villes différentes ont constitué pour moi une chance comme une difficulté. Une chance en ce qu’ils permettent de « casser » une certaine routine, a fortiori dans un contexte sanitaire marqué par les restrictions de déplacements ; une difficulté au regard de la fatigue accumulée sur le long terme. L’envie d’occuper mon premier poste et de m’installer dans ma future ville d’affectation s’est particulièrement fait sentir à la fin de la formation.
Crédit photo : Mr F.TESTE (EVDG PARIS)
Sources : ECA
Droits : ECA