Poker : les « Red » jouent cartes sur table

Les Red, « ce sont les opposants, c’est la force ennemie, explique le capitaine Michel, de l’escadron de chasse 1/2 “Cigognes”, leur leader dans le ciel métropolitain au cours de cette mission. Notre rôle, c’est d’optimiser la préparation de la force Blue, en face, en s’adaptant à leurs objectifs d’entraînement ». La force Red répond à un scénario établi, mais aussi à certaines restrictions – appelées « cuffs », menottes en anglais – comme « ne pas se séparer, ou évoluer sans liaison 16 par exemple. Nous représentons un adversaire avec des moyens plus ou moins importants », illustre le capitaine Michel.

Pour cette édition, les Red Air sont la carte « joker ». La consigne est de protéger une zone identifiée pendant un temps défini. Pas de cuffs, pas de limites dans le scénario : ils doivent laisser entrevoir un adversaire avec un très gros potentiel. La dizaine d’avions de chasse de la force Red Air vient du « Cigognes », de l’escadron de chasse 2/30 « Normandie-Niémen », de l’escadron d’entraînement 3/8 « Côte d’Or » et de l’escadron de chasse 2/5 « Île-de-France ». Leur manœuvre est suivie et commandée depuis le Centre national des opérations aériennes de Lyon. Un véritable rendez-vous de l’excellence du combat aérien, et la promesse d’un entraînement de très haute intensité pour la trentaine de Rafale et Mirage 2000 de la force Blue Air, appuyée par un E-3F Awacs, un A330 Phénix et plusieurs C-135.

Pendant ce temps, au sol, les forces aériennes sortent une autre carte de leur manche. Le Mamba, système de défense aérienne sol-air moyenne portée, rejoint le côté rouge de la force. En terrain libre, les opérateurs de l’escadron de défense sol-air « Crau » de la base aérienne 125 d’Istres, prouvent leur technicité, autant que leur rusticité, sous la neige glaçante du Massif central. Le scénario commence : les radars, capables de détecter tous types d’aéronefs – du drone à l’hélicoptère et du missile balistique à n’importe quel avion civil ou militaire – commencent leurs rotations. Sur les écrans, les avions se mettent en mouvement, un à un. Rien n’échappe au Centre de management de la défense dans la 3^e dimension (CMD3D) déployé sur place et appuyé par des spécialistes de l’Escadre aérienne de commandement et de conduite projetable (EAC2P) de la base aérienne 105 d’Évreux. La mission, ils la connaissent tous par cœur : protéger les aéronefs amis, ici les Red Air, et engager les aéronefs ennemis.

Dans les airs comme sur la terre, les forces aériennes ont rempli leurs objectifs. La force Red a su proposer sa plus belle main, « all in ». Elle a permis à la force Blue de prouver, encore une fois, sa polyvalence et ses capacités, qui lui permettent d’agir toujours plus loin, plus vite, plus fort et plus haut, et d’affirmer la crédibilité de la force de dissuasion nucléaire aéroportée.

*Placés sous le commandement opérationnel du Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), ayant monté pour l’occasion une structure de commandement et de conduite adaptée depuis son centre opérationnel de Lyon-Mont Verdun, les moyens Red devaient ainsi présenter aux FAS une opposition la plus réaliste possible dans un scénario de haute intensité.