Depuis quelques jours, une polémique existe sur l'achat de véhicules tout-terrain Ford Ranger par l'armée de Terre. Malheureusement, beaucoup d'informations erronées circulent. Une petite mise au point s'impose.
Rappel historique :
L'armée de Terre (et plus généralement l'armée française) possède des véhicules légers tout terrain Peugeot P4. La P4 répondait au besoin, formulé dès la fin des années 1960 par l'armée française. Ce véhicule devait pouvoir transporter 4 personnes avec leur paquetage, être équipé d'un poste radio et avoir une aptitude au transport aérien et au parachutage. À partir de fin 1982, l'usine de Sochaux commence à assembler la P4. Un accord est conclu entre Peugeot et Mercedes-Benz afin de répartir à parts égales la construction du nouveau véhicule militaire. Peugeot installe alors le moteur à essence de sa 504, la boîte de vitesses de sa 604, s'occupe des circuits électriques, réalise le soudage de la caisse. Tout le reste est fabriqué par le constructeur allemand Mercedes-Benz. Plusieurs versions de la P4 ont vu le jour.
Quelle est la situation actuelle ?
Plus de 30 ans après sa mise en place, très sollicité tant en France qu'en OPEX, le parc des P4 souffre d'un très grande usure. La remise en état de ces véhicules a un coût financier très important. Qui plus est, l'armée de Terre est contrainte de retirer du service chaque année environ 600 P4. Trop usées, elles ne peuvent être remises à niveau. Par conséquent, les régiments souffrent de plus en plus d'un manque crucial de ce moyen de transport, en particulier dans leurs activités quotidiennes.
Comment combler ce déficit le plus rapidement possible ?
L'idée est bien de permettre aux régiments de disposer en moyenne d'une dizaine de véhicules de soutien à la préparation opérationnelle. Ces véhicules non militarisés sont donc destinés au service courant sur le territoire national et n'ont pas vocation à servir en OPEX. Il a été décidé de commander 1 000 exemplaires d'un véhicule tout-terrain, capable de transporter jusqu'à 5 soldats équipés et 1 tonne de matériel.
Quelle a été la procédure choisie ?
Pour répondre à ce besoin urgent et non spécifique, l'armée de Terre s’est tournée vers l’acheteur gouvernemental qu’est l’Union des Groupements d’Achats Publics (UGAP). Cet organisme permet d'acquérir toutes sortes de matériels dans des délais rapides. Il existe trois véhicules disponibles sur le catalogue UGAP début 2015, tout-chemin ou tout-terrain :
- le Citroën BERLINGO 4x4 du groupe PSA Peugeot-Citroën, véhicule produit en Espagne ;
- le Dacia DUSTER du groupe Renault, produit en Roumanie ;
- le Ford RANGER, produit en Afrique du Sud.
Les trois modèles sont produits à l’étranger, même s’il existe une étape de transformation finale en France. Les coûts d’acquisition sont similaires. Mais seul le Ford Ranger propose une charge utile satisfaisante.
Pourquoi l'armée n'a-t-elle pas préféré malgré tout un véhicule 100% français ?
Il n'y avait tout simplement pas de véhicule 100% français répondant à ce besoin, immédiatement disponible sur le marché.
Les Ford Ranger vont-elle remplacer toutes les P4 de l'armée française ?
Non, en résumé, cet achat de court terme, pour une quantité réduite, sur un catalogue sélectionné pour l’ensemble des acheteurs publics du gouvernement, constitue une problématique différente du remplacement du P4 à long terme.
Qu'en est-il du remplacement définitif et global des P4 ?
Le besoin de remplacer tout le parc des P4 est identifié depuis quelques temps déjà. Une reconstruction complète a été étudiée, mais elle coûtait extrêmement cher et n'aurait pas forcément répondu aux besoins actuels et futurs. il a donc été décidé de lancer un programme d'armement, sous la responsabilité de la direction générale de l'armement (DGA) pour des livraisons à partir des années 2020. Ce programme est en cours de définition. Il portera sur un véhicule léger tactique polyvalent (VLTP). Une première commande de 2450 exemplaires devrait être faite, suivie d'une seconde d'environ 2000 exemplaires. Ce marché, comme tous les programmes d'armement, fera l'objet d'un appel d'offres et d'une mise en compétition, à laquelle les constructeurs français pourront bien évidemment concourir.
Sources : Ministère des Armées
Droits : Armée de Terre 2015