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Le 3/3 commémore les 30 ans de Ouadi Doum

Mise à jour  : 02/03/2017 - Auteur : Capitaine Karim Djemaï - Direction : DICOD

Mercredi 1er mars 2017, sur la base aérienne 133 « Commandant Henry Jeandet » de Nancy, l’escadron de chasse 3/3 « Ardennes » a célébré les 30 ans du raid mené sur l’aérodrome de Ouadi Doum (Tchad) le 7 janvier 1987.

Pour commémorer l’événement, l’escadron avait notamment convié les principaux protagonistes du raid ainsi que de nombreux anciens de l’unité. Cette journée placée sous le signe de la cohésion entre le personnel actuel de l’escadron et ses anciens a débuté par une cérémonie militaire présidée par le colonel Loïc Rullière, commandant la base aérienne. La prise d’armes a notamment été ponctuée par le défilé aérien de quatre Mirage 2000D, avion sur lequel les équipages du 3/3 évoluent aujourd’hui.

« Au 3/3, nous cultivons depuis toujours une certaine singularité, explique le lieutenant-colonel Martel, commandant l’escadron. Durant toute son histoire, notre unité n’a jamais rien fait comme les autres. Nous avons ainsi fait le choix de fêter un trentenaire, alors que de nombreux centenaires sont célébrés par ailleurs. Nous avons également souhaité que cet événement se déroule en petit comité, afin d’entretenir l’esprit de corps très puissant qui nous anime. »

La journée s’est poursuivie par de nombreux échanges entre pilotes et mécaniciens ayant appartenu au 3/3 et à l’Armée de l’Air à diverses époques. L’ensemble des participants était, dans un premier temps, réuni dans les locaux actuels de l’unité ; les participants ont ensuite été reçus dans les salons de l’hôtel de ville de Nancy dans la soirée. « Ces rencontres nous ont permis de réaliser qu’il existait de nombreuses similarités entre nos missions, explique un navigateur officier systèmes d’armes (NOSA) de l’escadron. Aujourd’hui, nous menons, par exemple, régulièrement des raids aériens d’envergure en opérations extérieures, tels que les raids SCALP. Nous considérons avec beaucoup de respect l’œuvre accomplie par nos glorieux aînés. »

Un raid placé sous le signe de la ruse et de l’expertise tactique

Le raid mené par l’Armée de l’Air sur l’aérodrome tchadien de Ouadi Doum le 7 janvier 1987 constitue un glorieux fait d’armes, qui a marqué l’histoire de l’aviation militaire française.

Le contexte géopolitique était alors particulièrement tendu et complexe. Un conflit larvé secouait cette région du monde, sur fond de rivalités entre le Tchad, pays ayant accédé à l’indépendance en 1960, et la Libye du colonel Mouammar Kadhafi, aux visées expansionnistes connues. Déstabilisé par des luttes de clans incessantes, le Tchad avait fait appel à la France à plusieurs reprises. L’Armée de l’Air avait été contrainte d’intervenir au cours des opérations Tacaud, Manta et Épervier. Engageant notamment sur place des Jaguar, des Mirage F1C, des C135F et un Atlantique, les autorités françaises fixèrent une ligne rouge  à hauteur du 16e parallèle N, que les Libyens ne pouvaient pas franchir sans entraîner une intervention automatique.

Au milieu des années 1980, l’Armée de l’Air lança notamment deux raids sur l’aérodrome de Ouadi-Doum, à 11 mois d’intervalle, le 16 février 1986 et le 7 janvier 1987. Situé dans le nord du Tchad, ce terrain aux mains des Libyens disposait d’une piste d’atterrissage de 3800 mètres. L’activité soutenue qu’il connaissait constituait une menace permanente pour les autorités de N’Djamena, la capitale tchadienne.

L’objectif recherché était la destruction des radars assurant la sécurité de la base libyenne. Cette tâche incomba aux Jaguar de l’escadron de chasse 3/3 « Ardennes », spécialisés dans les frappes de précision grâce notamment au missile Martel AS 37.

Les autorités françaises mirent donc au point une tactique consistant à lancer une patrouille offensive de Mirage F1 CR pour contraindre les forces libyennes à faire fonctionner leurs radars. En effet, pour atteindre sa cible, le missile Martel devait se diriger sur un radar actif. Trois Jaguar de l’escadron de chasse 3/3 "Ardennes" et deux Mirage F1 CR de la 33e escadre de reconnaissance s’élancèrent ainsi de la capitale tchadienne, en compagnie de huit Mirage F1C chargés d’assurer la protection de quatre C135F et d’un Bréguet Atlantic.

La mission confiée aux pilotes français était d’une grande complexité. En effet, le site de Ouadi Doum était protégé par d’imposants moyens de défense sol-air ainsi que par des avions de chasse placés en alerte. En raison des distances à parcourir, des ravitaillements en vol étaient, en outre, indispensables.

Le jour J, le plan a fonctionné comme prévu. Le passage de la patrouille de Mirage F1CR a déclenché le fonctionnement du radar Flat Face de Ouadi Doum. Les Jaguar sont parvenus à saisir les émissions radars. Un des pilotes était en position, son missile verrouillé sur la cible. La munition a été tirée et a atteint sa cible. L’ensemble des avions français ont alors pu faire demi-tour et rejoindre la base aérienne de N’Djamena sans encombre. Mission accomplie.

En savoir plus : le récit complet de la mission  par l’un des principaux protagonistes du raid est consultable sur le site de l’association Les Vielles Tiges.

Le 3/3, un escadron aux nombreuses traditions

L’escadron de chasse 3/3 « Ardennes » présente de nombreuses singularités. Par exemple, ses escadrilles bleues, rouges et vertes arborent toutes l’emblème du sanglier. Il dispose d’une mascotte singulière (un sanglier baptisé Aldo) et revendique fièrement la devise « ne recule, ni ne dévie ! »

Aujourd’hui, le 3/3 entretient des traditions vivaces. Créé à Rayak (Liban) en octobre 1943, l’escadron de chasse 3/3 « Ardennes » vit des premières heures mouvementées. Ses pérégrinations le mènent du Liban à l’Algérie, en passant par la Palestine et l’Égypte. Il rentre en France à la fin du mois de juillet 1944 et participe à la Libération. Un temps installé en Provence, il suit la progression des troupes alliées, opérant notamment depuis Ambérieu, Luxeuil ou Dole. Le 18 septembre 1944, il se voit affecter des P47 Thunderbolt. Rapidement, ces appareils arborent une décoration caractéristique. Une croix de Lorraine est, en effet, peinte sur la dérive, souvenir de la visite du général de Gaulle à Ambérieu le 4 novembre 1944. En outre, une majorité de ses aéronefs porte les bandes  d’invasion sur les ailes et le fuselage.

Au cours des deux dernières décennies, le 3/3, comme l’ensemble du personnel de la 3e escadre, a pris part à toutes les opérations extérieures dans lesquelles l’Armée de l’Air a été engagée (ex-Yougoslavie, Kosovo, Irak, Afghanistan, Libye, Mali, Sahel, Centrafrique, Syrie, etc.), réalisant de très nombreuses missions de bombardement et d’appui aérien au profit des troupes au sol.

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