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[Websérie "Noël en mission"] Ex-Yougoslavie - 1993 : une triste fête

Mise à jour  : 17/12/2013 - Auteur : Capitaine Flora Cantin - Direction : DICOD

En novembre 1993, le caporal-chef Jean-Jacques, 21 ans à l'époque, est projeté en Ex-Yougoslavie alors qu'il effectue son service national comme volontaire au service long (VSL). Pilote de véhicule de l'avant blindé (VAB), canon de 20 mm, au 99e régiment d'infanterie, il fait parti du mandat BIB 3, pour bataillon d'infanterie de Bihac n° 3. Ce Noël 1993, il s'en souvient très bien : l'un de ses camarades a été tué.

« Je suis arrivé en Ex-Yougoslavie en novembre 1993 dans le cadre de la force de protection des Nations unies, pour une mission de 6 mois. Le 24 décembre, nous étions basés sur l'enclave de Bihac, un poste avancé où nous devions protéger les convois humanitaires et logistiques. Mon commandant d'unité avait souhaité organiser un petit repas de Noël, pour le moral des troupes. Nous attendions un adjudant basé à Velika Kladusa, à une quarantaine de kilomètres, qui devait nous apporter par véhicule le courrier et les colis envoyés par nos familles. A l'époque, c'était encore plus important qu'aujourd'hui car Internet n'existait pas.

Vers 19 heures, nous avons entendu à la radio qu'un adjudant s'était fait tiré dessus, à 10 kilomètres du poste avancé. La Peugeot P4 est entrée dans le camp à vive allure, le conducteur affolé, l’adjudant a ses cotés. Nos chefs nous ont isolés afin de ne pas être choqué et surtout pour permettre à l’équipe médicale de travailler correctement. Malgré les secours, l'adjudant est décédé, touché à la gorge par la balle d'un tireur isolé.

Le commandant d’unité a choisi de maintenir le repas du réveillon. Nous avons observé trois minutes de silence pour rendre hommage à l'adjudant avant de partager ce dîner. L'ambiance était plutôt triste mais nous avions besoin de nous détendre car la tension était très intense. Nous étions mieux tous ensemble plutôt que seul dans notre coin. Lorsqu'on a ouvert nos colis, nous avons trouvé de la nourriture dont du foie gras. Cela fait du bien, on sait que les gens pensent à nous. Puis nous avons poursuivie la mission, car elle continue toujours. Pour le Noël 1996, j'étais en République de Centrafrique, sur un autre poste isolé, en tant que chef d'équipe au 2e régiment d'infanterie de marine... »

Jean-Jacques est aujourd'hui civil de la Défense, photographe à la Délégation à l'information et à la communication de la Défense (DICoD) à Paris.

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Sources : Ministère des Armées