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VerDi : la traque aux « fake news »

Mise à jour  : 20/11/2018 - Auteur : Camille Brunier - Direction : DICoD

Les fake news représentent aujourd'hui un phénomène d’une ampleur inédite. Généralement produites par des sites qui ont fait de leur fabrication leur spécialité, elles sont lancées puis relayées sur les réseaux sociaux. Pour lutter contre ces sites, Storyzy, une start-up spécialisée dans la détection automatique de sites diffusant des fake news, a mis au point VerDi, un outil automatique. Une innovation soutenue par le ministère des Armées.

« Une publicité "Gendarmerie recrute" qui s'affiche sur un site complotiste mettant en cause le gouvernement français dans les attentats de Nice, c'est déjà arrivé et c'est problématique », indique Ramòn Ruti, directeur technique de Storyzy, une start-up spécialisée dans la détection automatique de sites diffusant des fake news. En 2015, Storyzy a obtenu le soutien financier de la Direction générale de l'armement, grâce au dispositif  Rapid* (régime d'appui pour l'innovation duale), pour la création d'une technologie capable de traquer sur le Web, non pas les fake news elles-mêmes, mais les sites les propageant. Appelé VerDi (contraction de « vérification » et de « dissimulation »), l'outil, technologie au carrefour entre le traitement automatique des langues et  l’intelligence artificielle, a été commercialisé en septembre 2017.

Une question d'image et de crédibilité pour les entreprises

Derrière le phénomène de ces informations fabriquées et volontairement fausses se cachent les questions cruciales de l'image et de la réputation d'une entreprise ou d’une institution. « La plupart de ces sites sont financés par la publicité. Leur contenu, parce qu'il est sensationnel, génère du "clic", donc de l'argent », explique Pierre-Albert Ruquier, directeur marketing à Storyzy. Ces vitrines, alléchantes pour n'importe quel annonceur, se révèlent cependant dangereuses pour leur image et leur crédibilité.

Pour Storyzy, le meilleur moyen de lutter contre ces sites controversés reste de leur couper les vivres en visant leurs ressources publicitaires. C'est pourquoi VerDi s'adresse avant tout aux annonceurs, notamment à ceux qui ont adopté la publicité dite "programmatique", c'est-à-dire qui utilisent une plate-forme assurant l'automatisation du placement des publicités sur des sites internet. « Notre outil est en fait une gigantesque base de données, régulièrement mise à jour, en français et en anglais, de plus de 5.000 sites classés en dix catégories : "conspirationniste", "extrémiste", "propagandiste"... Pour l'alimenter, nous utilisons un algorithme qui extrait les citations de personnalités publiques rapportées par des sites web et qui les analyse et les compare entre elles. On se rend compte, in fine, que certaines ne sont partagées que par des sources identifiées fake news, que d'autres ont été tronquées ou utilisées dans un mauvais contexte », explique Ramòn Ruti.

Une application au monde militaire du renseignement

Le projet VerDi revêt un second volet, encore expérimental, adossé à la philosophie du langage et lui aussi adapté au monde militaire. « VerDi pourrait également être utile aux services de renseignement et de cyberdéfense, commente Ramòn Ruti. Nous sommes en discussion. Pour l'instant, nous ne travaillons que sur l'analyse textuelle, mais nous nous intéressons aussi au discours et à l'image. » VerDi pourrait aider à identifier non plus seulement des sites mais aussi des communautés qui partagent des fake news sur les réseaux sociaux. « Certains de ces groupes controversés représentent des points d'entrée vers une radicalisation. Notre technologie permettrait de savoir qui diffuse quoi et auprès de qui, pour pouvoir mieux identifier les personnes à risque et leur parcours... », précise Pierre-Albert Ruquier.* Le dispositif RAPID (Régime d’APpui à l’Innovation Duale) est un dispositif de la Direction générale de l’armement (DGA), en partenariat avec la Direction générale des entreprises (DGE). Il soutient des projets de recherche industrielle ou de développement expérimental à fort potentiel technologique, présentant des applications militaires mais aussi des retombées pour les marchés civils. Ces projets d’innovation duale sont proposés par des PME ou des ETI indépendantes de moins de 2 000 salariés, seules ou en consortium avec une entreprise ou un organisme de recherche. Le dispositif RAPID est doté d’une enveloppe annuelle de 50 M€. Depuis 2009, 350 projets ont bénéficié de ce dispositif de soutien à l’innovation.

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Sources : Ministère des Armées