Suite aux tirs d’expérimentation effectués depuis la base aérienne projetée de Niamey (Niger), dans le cadre de l’opération Barkhane, les drones armés compléteront utilement les moyens existants dans la bande sahélo-saharienne. Ils resteront principalement consacrés à la surveillance et au renseignement.
Dans un communiqué publié jeudi 19 décembre, la ministre des Armées, Florence Parly, a « salué tous les personnels du ministère des Armées qui se sont pleinement impliqués » dans les missions de validation de la capacité de tir depuis des drones, réalisées depuis la base aérienne projetée de Niamey (Niger), dans le cadre de l’opération Barkhane.
POURQUOI DES DRONES ARMÉS ?
Un élément de contexte, tout d’abord. Le 13 septembre 2017, lors du discours de clôture de l’Université d’été de la Défense, la ministre des Armées avait pris l’engagement de doter les armées d’une capacité de drones armés. Promesse tenue.
La nature et l’emploi des drones armés ne diffèrent pas de ceux d’aéronefs pilotés et armés. Ces drones armés compléteront les capacités actuelles de la force par une capacité d’action d’opportunité, alliée à la capacité de persistance du drone.
Discrets, endurants, les drones armés permettront aussi de raccourcir le délai entre l’identification de l’ennemi, la prise de décision et son éventuelle destruction. Un avantage décisif dans des zones immenses comme le Sahel.
COMMENT CES DRONES SERONT-ILS UTILISÉS ?
L’homme est au centre. Il le restera. C’est lui qui décide. Que ce soit lors du travail de surveillance, de caractérisation des cibles et surtout de la prise de décision d’engagement. Le choix de la France est clair : la décision de tir d’un drone armé doit relever d’une décision humaine.
La connexion permanente au processus décisionnel (C2 : command and control) de l’opération (qui relève du commandant de l’opération), renforce la perception en vue de la bonne décision.
Par ailleurs, les drones seront pilotés par des personnels déployés sur le théâtre d’opérations extérieures, en l’espèce au sein des emprises de la force Barkhane. Au-delà du fait que les opérateurs seront toujours impliqués (choix de la cible ; moment et façon de délivrer l’armement ; guidage de l’arme), ils sont ainsi imbriqués – dès la préparation de la mission et jusqu’à son débriefing – avec les forces avec lesquelles ils agissent lors de la mission.
Les conditions d’emploi des drones armés respecteront évidemment le principe de proportionnalité énoncé dans le droit international humanitaire (principes de distinction, nécessité, proportionnalité, précaution et humanité). Les premiers tirs en opérations du drone Reaper sont désormais possibles, et dépendront, comme toujours, du rythme des opérations et du besoin du commandant de l’opération.
QUELS DRONES ? AVEC QUELLES ARMES ?
Aujourd’hui, l’armée de l’Air dispose de deux systèmes de drones MALE (Moyenne altitude, longue endurance) Reaper (3 drones chacun). L’un d’eux est déployé en permanence au Sahel depuis 2016.
Deux systèmes Reaper supplémentaires seront livrés, en deux temps, à compter de début 2020.
Chaque drone aura la capacité d’emporter quatre bombes guidées laser de 250 kg, les GBU-12, des bombes déjà employées par les avions de chasse.
Les dernières livraisons de drones Reaper (standard Block 5) disposeront dès la fin 2020 d’une capacité d’armement complète : bombes GBU-12, mais aussi missiles air-sol Hellfire (fin 2020) et bombes GBU-49 (en 2021).
Sources : Ministère des Armées