Pendant la Première Guerre mondiale de nouveaux mots font leur apparition au sein des troupes et viennent enrichir le vocabulaire des militaires. Le symbole de cette évolution du langage est le terme « poilu ». Utilisé au XIXe siècle comme synonyme de « courageux » et « d’énergique », cet adjectif passa rapidement dans le langage courant pour désigner les soldats des tranchées. Ce jargon argot des tranchées se composait en grande partie d’argot militaire, de termes coloniaux, du parler parisien, et des patois régionaux. Certains mots ou expressions ont traversé les décennies et font aujourd’hui parties de notre langage courant. D’autres ont disparu avec le conflit, ou encore ont changé de sens.
A l’occasion du Centenaire de la bataille de Verdun, la rédaction vous propose découvrir ou redécouvrir l’origine de ces mots et expression. Aujourd’hui, la rédaction vous dresse le portrait d’un des ennemis du Poilu : le « Gaspard ».
En argot des poilus, le Gaspard désigne le rat ! A l’origine, ce terme proviendrait du patois lyonnais. Dans les tranchées, les Gaspards représentent un véritable calvaire pour les hommes. Attirés par la chaleur et les vivres, ils prolifèrent dans les tranchées. Les Poilus mettent alors leurs provisions, jusqu’aux bougies, en sécurité. Certains n’hésitent pas pour protéger leur nourriture à la suspendre au plafond. Les rats s’y accrochent alors par grappe. Chez les Allemands également, les rongeurs représentent un véritable cauchemar, comme le décrit Erich Maria Remarque dans son roman A l’Ouest rien de nouveau : « Les rats sont ici particulièrement répugnants, du fait de leur grosseur. C’est l’espèce qu’on appelle rats de cadavre. Ils ont des têtes abominables, méchantes et pelées et on peut se trouver mal rien qu’à voir leurs queues longues et nues. Ils paraissent très affamés. Ils ont mordu au pain de presque tout le monde. […] Dans le secteur voisin, les rats ont assailli deux gros chats et un chien qu'ils ont tués et mangés. »
Quand les Gaspards affamés ne trouvent plus de nourriture, ils n’hésitent pas à s’attaquer aux hommes ! Louis Barthas raconte dans ses Carnet de guerre : « Il tomba relativement peu de neige, ce mois de décembre 1917 mais elle était collée au sol... Les rats arrivaient affamés et par centaines dans nos abris. Si la nuit, on n'avait pas pris la précaution de se couvrir la tête, plus d'un aurait ressenti au nez, au menton et aux oreilles, les dents aiguës de ces maudites bêtes. »
Pour s’en débarrasser, l’armée organise sa chasse. Cinq centimes sont donnés par dépouille. Des chiens ratiers sont aussi envoyés au front pour les chasser des tranchés. Chacun d’eux tue en moyenne quatre-vingt rats par jour ! Le commandement ira même jusqu’à commander un virus à l’Institut Pasteur pour les éliminer.
Sources : Ministère des Armées