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Guerre des mines : rencontre avec un plongeur démineur

Mise à jour  : 26/10/2018 - Auteur : Asp; M. Genua - Direction : DICoD

Euronaval, c’est le rendez-vous des industriels et donneurs d’ordres militaires pour échanger sur les dernières innovations et programmes lancés en matière de défense navale. Si le salon est tourné vers la technologie, celle-ci est au service des hommes et des femmes de la Marine. La rédaction est allé à la rencontre du second-maître Grégory, plongeur démineur.

Trois questions au second-Maître Grégory – plongeur démineur au Groupe de plongeurs démineurs de la Méditerranée

Comment devient-on plongeur démineur ?

Depuis l’âge de 8 ans je fais de la plongée. C'est une passion. Lorsque j’ai dû choisir des études supérieures, je me suis naturellement tourné vers une licence d’océanographie. Ça ne m’a pas convaincu et le hasard de la vie a fait que j’ai rencontré un plongeur démineur qui m’a réellement donné l’envie de suivre ses pas. En janvier 2012, j’ai intégré le stage plongeur de bords à l’école de plongée de Saint-Mandrier, enchaîné avec 6 mois à l’école de maistrance. A partir de septembre 2013 j’ai suivi ma formation de plongeur démineur d’une durée de 10 mois. A l’issue, j’ai été affecté pendant 3 ans sur un chasseur de mines. Sur ce bâtiment, en plus de ma fonction de plongeur démineur, j’étais marin à part entière dans l’équipage. Aujourd'hui je suis au Groupe de plongeurs démineurs de la Méditerranée où j'exerce exclusivement ma spécialité.

En quoi consiste l'activité d'un plongeur démineur ?

On effectue beaucoup de traitements de munitions historiques (obus, mortiers) découvertes par les plaisanciers ou des chasseurs de mines. Avant l’intervention, il y a plusieurs phases : signalement d'une munition avec les coordonnées GPS ; recherche et localisation par un premier binôme de plongeurs ; choix de la déplacer ou non par un deuxième binôme. Si elle est toujours amorcée, les démineurs doivent la « claquer » sur place. Ils placent un pain d’explosifs dessus et déclenchent le détonateur en surface pour détruire la mine. Dans le cas contraire, si elle ne présente pas de danger immédiat, la munition est remontée à l’aide de bouées appelées « vaches » et est détruite entre deux eaux. La semaine dernière, nous étions au large de La Ciotat pour traiter des bombes d’aviation. Il nous a fallu 2 jours pour détruire quatre bombes.

Quel matériel utilisez-vous ?

Le matériel que j’utilise le plus, forcément, c’est l’appareil de plongée complet, le C.R.A.B.E. (Complete Range Autonomous Breathing Equipment). Son circuit est semi-fermé puisque l’air est recyclé. Cela nous permet de plonger en général 3 heures à 24 mètres ou 10 minutes à 80 mètres. Ce qu’il a de particulier par rapport à du matériel civil, c’est que le C.R.A.B.E est amagnétique et dispose d'une faible résonance acoustique. L’intérêt est qu’il ne soit pas détectable par le rayonnement des mines ! Sinon, il nous arrive d’utiliser un appareil ventral, le F.R.O.G.S. (Full Range Oxygen Gas System) pour faire de l’exploration sur de petites profondeurs allant jusqu’à 6 mètres.

J’utilise également le sonar portatif pour plongeur d’arme (SPPA), un matériel de recherche, qui  permet de se repérer sous l’eau à l’aide du GPS intégré. Son sonar sert à détecter des mines sous-marines jusqu’à 60 mètres de profondeur. Nous l’utilisons pour « éclaircir » (dépolluer des éventuelles mines) un chenal afin que le bâtiment de débarquement puisse s’approcher de la plage.

Dans le futur il y aura le système de lutte anti-mines du futur (SLAMF) (voir encadré).  Ce sera un bon moyen d’éviter aux plongeurs certaines missions dangereuses. Néanmoins, il faudra toujours de la plongée humaine pour certaines manipulations.

Innovation : le système de lutte anti-mines du futur (SLAMF)

La guerre des mines est un domaine d’excellence de la Marine nationale visant à assurer la liberté de navigation des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins et des forces navales ainsi que leur garantir l’accès à des ports stratégiques. Il s’agit également de protéger le territoire en assurant la protection des ports commerciaux. Le système de lutte anti-mines du futur (SLAMF) a pour objectif de remplacer les chasseurs de mines tripartites (19 bâtiments actuellement en service à la lutte anti-mine : 11 chasseurs de mines, 3 bâtiments remorqueurs de sonars, 4 bâtiments bases de plongeurs démineurs et le bâtiment d’expérimentation de guerre des mines). La volonté est de robotiser et automatiser au maximum le déminage pour limiter l’exposition des marins à la menace mine. Ce virage technologique servira les intérêts des marins en combinant ses moyens complémentaires à la technicité des plongeurs.

Sur la période de la Loi de programmation militaire 2019-2025, quatre systèmes de drones seront commandés et livrés ainsi que deux bâtiments de guerre des mines et trois bâtiments base pour plongeurs démineurs. Ce système mettra en œuvre une guerre des mines complètement rénovée qui s’appuiera sur un bâtiment porteur embarquant des drones de surfaces (USV) et drones sous-marins autonomes (AUV). Les AUV seront équipés d’un sonar latéral haute résolution et assureront la détection et classification des mines. Les USV mettront en œuvre un engin remorqué équipé d’un sonar haute résolution qui pourra détecter et classifier des mines et d'un robot télé-opéré pour identifier et détruire les mines.

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Sources : Ministère des Armées