Lundi 3 février s’est tenue l'avant-première du film De Gaulle de Gabriel Le Bomin, avec Lambert Wilson et Isabelle Carré à l’École militaire de Paris, dans le cadre de l’événement « De Gaulle 360 ». Ce film, qui retrace la vie du général de Gaulle et de son épouse Yvonne, d’avril à juin 1940, a bénéficié du soutien du ministère des Armées via sa Mission cinéma.
L’évènement « De Gaulle 360 », organisé par la Délégation à l’information et à la communication de la Défense (DICoD) à l’École militaire (Paris), s’est voulu le prélude du cycle mémoriel de Gaulle pour le ministère des Armées, qui se déclinera tout au long de l’année. En 2020, plusieurs dates emblématiques seront en effet célébrées : le 130e anniversaire de la naissance du Général et le 50e anniversaire de sa mort, ainsi que les 80e anniversaires des combats de la campagne de France, de l’Appel du 18 juin 1940 et de la création de la France libre.
De Gaulle : de soldat à 1er président de la Ve République
La journée, organisée en deux parties, a permis au public de découvrir la figure de Charles de Gaulle, penseur et stratège militaire : son parcours d’officier durant les deux guerres mondiales, les étapes de son engagement et ses motivations l’ayant mené jusqu’à son statut emblématique de chef de la France Libre et premier président de la Ve République.
L’après-midi, plus de 500 élèves, de 13 à 18 ans, et leurs accompagnants ont participé à cet évènement. Première étape : visite de l’exposition dédiée à la mémoire du Général. Les jeunes étudiants ont notamment découvert son képi et sa machine à écrire, tous deux d’époque. La deuxième étape semble avoir particulièrement intéressé les élèves, provoquant même quelques bousculades : une station de radio montée pour l’occasion et permettant à chacun de s’enregistrer au micro pour déclamer le célèbre discours du 18 juin (le fichier audio leur a avait été envoyé au préalable sur leur adresse e-mail). Un franc succès ! Les jeunes collégiens et lycéens ont ensuite été invités à visionner le film « De Gaulle »* en avant-première et en présence du réalisateur Gabriel Le Bomin, avant la projection plus officielle du soir. « Vous êtes mon premier public » leur a-t-il confié, comptant sur eux pour être les ambassadeurs de son film.
« De Gaulle », le film : une plongée intimiste dans la vie du Général
Le soir, Gabriel Le Bomin a de nouveau présenté son film. De nombreuses personnalités, notamment des membres de la famille De Gaulle, avaient fait le déplacement. Et pour cause... Comme l’a rappelé Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, venue ouvrir la séance, ce long-métrage est essentiel : « La mémoire, le lien armée-nation, la culture de la défense trouvent dans ces minutes un remarquable support pour la transmission » a-t-elle souligné, rappelant qu’il s’agit du premier film dédié au général de Gaulle. « Enfin, le grand écran s’empare d’un de nos plus fameux "monstres sacrés". Enfin, un de nos réalisateurs ose se consacrer à un de nos plus grands monuments. Quel défi ! » s’est-elle félicitée.
Ce film, qui sortira le 4 mars 2020, retrace l’action de Charles de Gaulle (interprété par Lambert Wilson) depuis la bataille de Montcornet, le 17 mai 1940, jusqu’au lendemain du célèbre Appel du 18 juin 1940. Nommé général le 1er juin 1940, de Gaulle devient quelques jours plus tard sous-secrétaire d’État à la Défense nationale et à la Guerre, dans le gouvernement de Paul Reynaud (président du Conseil). Le 16 juin, ce dernier démissionne et est remplacé par le Maréchal Philippe Pétain qui, favorable à un armistice, engage des pourparlers avec l’Allemagne. Le lendemain, le 17 juin, de Gaulle en total désaccord avec les évènements s’envole pour Londres, afin de poursuivre la guerre. Le 18 juin, avec l’accord de Churchill et après l’annonce de l’armistice par Pétain à la radio française, le Général lance un appel à la résistance sur les ondes de la BBC. Quatre minutes d’antenne lui sont accordées. Cet appel, aujourd’hui connu comme « l’Appel du 18 juin », rentre alors dans l’Histoire.
« De Gaulle », c’est aussi et surtout une plongée intimiste dans la vie du Général et de son épouse Yvonne (interprétée par Isabelle Carré), « sa petite femme chérie » comme il aime la surnommer dans les lettres qu’il lui écrit durant la guerre.
Cette première journée d’hommage ministériel s’est clôturée avec une standing ovation réservée à l’équipe du film à la fin de la projection. Sur scène, le réalisateur Gabriel Le Bomin et les acteurs principaux se sont dit honorés et émus de cet accueil.
* De Gaulle, en salles le 4 mars 2020
La causerie, discussion transversale autour des concepts de liberté et d’engagement Dans le cadre de l’événement De Gaulle 360, une « causerie » a été organisée avant la projection du film, en présence de personnalités et de membres de la famille de Gaulle. Inspirée par une citation du Général, « À la base de notre civilisation, il y a la liberté de chacun dans sa pensée, ses croyances, ses opinions, son travail, ses loisirs » (discours au club français d'Oxford, le 25 novembre 1941), cette table-ronde a réuni quatre personnalités : l'historien Olivier Wieworka, conseiller sur le film, le colonel Hervé Pierre, conseiller militaire du Premier ministre, le neurologue Albert Moukheiber et l'architecte Roland Castro. Ces derniers ont été invités à dialoguer autour des concepts de liberté et d'engagement, mais aussi d'anticonformisme, auxquels était attachée la personnalité du général de Gaulle. « Pour moi, la liberté est au centre de son entreprise, a commenté Olivier Wieworka, ouvrant la discussion. C'est bien évidemment pour refuser l'asservissement [...] [et] pour préserver [les] libertés, que le général de Gaulle se lance dans l'aventure ». « Ce qui me semble fondamental, c'est que dans tout engagement il y a une forme de liberté, cette liberté est consubstantielle à l'engagement. Il n'y a pas d'engagement sans liberté » estime le colonel Hervé Pierre. Au-delà de la personnalité du Général, les invités ont questionné ce concept de liberté au regard de la Seconde Guerre mondiale. L'occasion pour Olivier Wieworka de rappeler le constat paradoxal fait par Jean-Paul Sartre en 1949, dans son ouvrage La République du silence : « Jamais nous n’avons été aussi libres que sous l’occupation allemande. » Une formule qui lui a été reprochée. « On est à la fois dans un régime où la liberté est minimale, et où Sartre explique qu'elle est maximale, explique l’historien. Comme le disait le colonel Hervé Pierre, c'est parce qu'au fond liberté et engagement vont de pair. Les individus ont quand même pu exercer leur liberté, aussi paradoxal que cela puisse paraître, parce que précisément ils ont été confrontés à des choix. [...] Quand vous êtes un militaire en 1914, vous avez des ordres, vous obéissez, sans verser dans la caricature. Mais quand vous êtes un officier en 1940, où est votre devoir ? Chez Pétain ou chez De Gaulle. [...] En donnant une réponse, l'individu exerçait sa liberté. » |
Sources : Ministère des Armées