« Ce que veulent les jeunes ! Entre quête de sens et nouveaux regards sur la Défense ». Tel était l’objet de la conférence-débat organisée par la Commission armées-jeunesse qui s’est tenue le 15 mars 2017, à l’École militaire (Paris).
La conférence - débat « Ce que veulent les jeunes » qui s'est tenue à Paris le 15 mars est basée sur une étude conduite depuis 2014, par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF), dans le cadre de l’observatoire triennal sur les nouvelles générations constituant le futur vivier de recrutement des armées, commandée par le ministère de la Défense. Les chercheurs – Ronard Hatto, Anne Muxel et Odette Tomescu-Hatto – ont présenté une synthèse de leurs travaux. Un débat sur le thème « les jeunes et l’armée » a suivi.
Une image positive de l'institution
Le portrait de la jeunesse qui ressort de l’étude, c’est d’abord celui d’une jeunesse désireuse d’un retour aux valeurs – à l’ordre, à l’autorité, à la discipline – dans la sphère publique et dans le temps. Deuxième trait soulevé : la défiance généralisée envers les institutions. Défiance qui ne va d’ailleurs pas à l’encontre d’une sensibilité aux valeurs d’engagement. Enfin, le trio de chercheurs souligne une montée en puissance de la protestation et de l’expression du mécontentement. D’une manière générale, l’étude pointe une disponibilité envers la possibilité de s’engager, arrimée à une image positive de l’institution militaire.
Des perceptions variées suivant les tranches d'âges
Si l’institution militaire détient globalement une image positive, les perceptions varient selon les tranches d’âges. Les enfants (10-13 ans) conservent une vision idyllique de l’armée et des militaires. Ils l’associent à des mots tels que guerre, courage, force physique ou sacrifice. 73% des adolescents (14-17 ans) se disent peu ou pas intéressés par les questions militaires. Ce qui leur vient à l’esprit, ce sont des valeurs : autorité, respect, patrie, nation, engagement, protection, sécurité et paix. Au courage et à la force physique, les adolescents ajoutent l’esprit d’équipe. Quant aux adultes (18-30 ans), leurs représentation sont empruntes de maturité et mettent en relief les valeurs telles que la défense, la discipline, l’engagement mais aussi les contraintes et les obligations.
Les jeunes ont besoin de se sentir utile socialement
Selon les chercheurs, la connaissance des attentes des jeunes et l’attractivité de l’armée sont étroitement liés. Comprendre les attentes des nouvelles générations s’avère essentiel pour mieux cibler leurs intérêts. Les jeunes sont demandeurs de stabilité et de perspectives, et nombreux sont ceux qui opteraient pour un métier de militaire. L’institution militaire doit expliquer son rôle et mettre en avant la panoplie de ses métiers.
Antoine Dulin, vice-président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) résume ces aspirations : les jeunes ont besoin de se sentir utile socialement, ils sont demandeurs de sens, de repères et de cadres, mais aussi de reconnaissance. Ils ont aussi besoin d’un accompagnement très fort dans leurs démarches et de se repérer dans le millefeuille des dispositifs.
Témoignage : aspirant Vincent, élève officier à l’École navale « L’engagement peut faire peur. Il existe une frontière entre le monde civil et le monde militaire et les jeunes ont parfois le sentiment qu’une fois engagé, le retour en arrière n’est pas possible. Les échanges avec des militaires estompent cette distance et donne à l’armée une dimension plus concrète […] L’armée doit aller vers les jeunes et non l’inverse. Elle doit mettre en avant l’histoire militaire, les grandes figures pour faire ressentir à la jeunesse qu’elle est héritière de ce patrimoine […] Les jeunes sont plus attirés par l’aspect technique : les technologies de pointe sont un facteur d’engagement pour mener des opérations extraordinaires et faire des choses hors du commun. » |
Sources : Ministère des Armées