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[1918-2018, épisode 4/8] A l’arrière, Paris sous les bombes

Mise à jour  : 24/04/2018 - Auteur : EV2 Thomas Casaux - Direction : DICOD

Tout au long de 1918, en plus des offensives terrestres, les Allemands mènent raids aériens et tirs d’artillerie de longue portée sur Paris pour faire céder la population. Mais, malgré les nombreuses victimes, la détermination de l’opinion à obtenir la victoire n’en est que renforcée.

Des pilotes allemands se sont aventurés dans le ciel parisien dès le début du conflit pour y larguer quelques bombes à la main. En 1915 et 1916, des Zeppelin bombardent à leur tour la capitale et ses environs. Ces incursions restent cependant sporadiques. Mais les avancées techniques dans l’aéronautique vont permettre aux Allemands d’intensifier le feu sur la capitale en 1918. L’industrie d’outre-Rhin sort en effet de ses usines le Gotha, un bombardier capable de voler à 120 km/h et de transporter 600 kilos de bombes. Un premier raid est effectué sur Paris dans la nuit du 30 au 31 janvier. Bilan : 36 morts et près de 200 blessés. Une trentaine d’attaques, mobilisant jusqu’à 60 appareils de ce type, sont menées jusqu’au 15 septembre. La défense contre les aéronefs (DCA) et l’aviation française sont dans un premier temps démunies. Les Gotha deviennent la hantise de l’état-major français, qui privilégie le renforcement de la DCA pour lutter contre ces incursions. Une stratégie payante puisqu’elle parvient à repousser plusieurs raids en mai. Les décideurs politiques et militaires envisagent de bombarder les infrastructures de défense allemande en représailles.

Pariser Kanonen

Mais le danger ne vient pas que du ciel. Le 23 mars, peu après 7 heures, une importante explosion touche le 6, quai de Seine et 21 autres déflagrations sont signalées jusqu’au début d’après-midi. Pourtant, aucun Gotha à l’horizon. L’œuvre d’un canon ? Cela paraît impossible, le front se trouvant à 120 kilomètres. Et pourtant. Ce sont des Pariser Kanonen, conçus en 1916 dans les usines Krupp, qui pilonnent Paris. D’autres obus frappent au hasard les jours suivants. Le 29 mars, un seul coup est tiré. Il touche l’église Saint-Gervais, dans le 4e arrondissement, au milieu d’un office, faisant 91 morts, surtout des femmes et des enfants. Une crèche de maternité est également détruite le 11 avril.

Feu quotidien sur la capitale

Paris est quotidiennement sous le feu durant trois grandes campagnes de tirs (du 23  mars au 2 mai, du 27 mai au 16 juillet et du 5 au 9 août) marquées par des pauses. Ces batteries, et leur tube de 34 mètres, s’usent très rapidement et nécessitent d’entrer en maintenance après une soixantaine de coups. Elles doivent en outre être déplacées en fonction des mouvements du front et pour rendre difficile le travail des services de renseignements français. La mémoire collective a retenu à tort que ce marmitage était l’œuvre de « la Grosse Bertha », un canon allemand de 420 mm. Chargée de détruire des fortifications, celle-ci n’offrait en réalité qu’une portée d’une dizaine de kilomètres.

Les Parisiens continuent de vivre, avec un peu d’insouciance, presque normalement. Des abris sont construits un peu partout tandis que les monuments sont protégés. L’extinction des feux à la nuit tombée est la règle. La censure est à l’œuvre pour minimiser le nombre de victimes, dont les noms sont malgré tout régulièrement indiqués dans les journaux. Hors de question de céder pour autant à la panique. Les lieux de loisirs continuent leurs activités malgré les alertes. Cette frivolité, qui fait croire aux Allemands que la capitale va vite céder, va paradoxalement « protéger » les Parisiens alors que ces bombardements font plus de 500 morts et vraisemblablement plusieurs milliers de blessés. Ces opérations vont, en effet, renforcer la détermination de l’opinion à vouloir arracher la victoire alors que les offensives allemandes du printemps bousculent les certitudes. Bien qu’inquiets pour l’arrière, des Poilus, à travers certaines de leurs lettres, témoignent malgré tout d’une cynique satisfaction à voir ceux qui sont loin du front touchés directement par la guerre.

Recréer un Paris factice

Afin de protéger la capitale des bombardements nocturnes, les chefs militaires veulent recréer un Paris factice pour tromper l’ennemi. Des ingénieurs ont pour mission de reconstituer une fausse capitale et un faux Saint-Denis dans trois emplacements de la banlieue. On espère tromper les aviateurs allemands grâce à des structures en bois et en toile créées par des décorateurs de théâtre et des peintres, aidés par des éclairagistes. Ce projet ne sera cependant jamais achevé. Au moment de la signature de l’armistice en novembre 1918, seules quelques installations ont été construites.

L'essentiel

  • 23  mars : des canons longue portée bombardent pour la première fois Paris.
  • 29 mars : un obus frappe l’église Saint-Gervais.
  • Du 9 au 29 avril : opération allemande Georgette dans les Flandres.

Bibliographie

Jules Poirier, Les bombardements de Paris 1914-1918, 1930, réédité en 2008.

 

 

 

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Sources : Ministère des Armées