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[Harpie 2013] Guyane, l’or de tous les conflits

Mise à jour  : 13/06/2013 - Auteur : Julie Fagard

En Guyane, l’or est exploité depuis plus de 150 ans. Si les exploitations autorisées sont soumises au Code minier, l’orpaillage illégal est également très répandu. Cette activité illicite, pratiquée par plusieurs milliers de chercheurs d’or clandestins, génère des conséquences dramatiques pour l’environnement et les populations. Saccage de la forêt, contamination de la faune et de la population amérindienne par le mercure et climat de violence sont les premières conséquences de l’exploitation illégale du sous-sol guyanais. Le professeur Didier Moullet, de l’Université des Antilles et de la Guyane est un spécialiste de ce sujet. Ses études traitent du risque de l’orpaillage illégal et de ses effets sur le milieu naturel.

Les chercheurs d’or clandestins, les « garimpeiros » viennent principalement de régions défavorisées du Brésil et du Suriname. Souvent encadrés par des réseaux mafieux et armés, ils baignent dans plusieurs réseaux de trafic, allant des armes à la prostitution, en passant par la drogue et l’alcool. Leurs butins annuels s’élèveraient à 120 millions de dollars, parfois jusqu’à 220 millions.

La lutte militaire contre l’orpaillage

En 2007, 113 opérations « Anaconda » ont été conduites contre les orpailleurs clandestins. Elles ont contribué à freiner leur expansion. Depuis mars 2008, une opération d’envergure, « Harpie », a été lancée, multipliant les raids sur les sites clandestins, avec des destructions systématiques du matériel saisi. Les contrôles ont été renforcés, sur les routes et les fleuves.

Cependant, les orpailleurs illégaux se font toujours plus mobiles et discrets depuis le début des opérations militaires. Opérant de plus en plus souvent de nuit et sous le couvert des arbres, ils se rendent plus difficiles à repérer, faisant régulièrement preuve de violence quand ils sont découverts. Nerveux, ils n’hésitent plus à tirer en prenant pour cible les Amérindiens.

Une contamination au mercure très inquiétante

Les activités de ces hommes sont à l’origine de graves effets sur l’environnement, non seulement à cause du déboisement de la forêt amazonienne mais également à cause des pollutions. Le mercure qu’ils utilisent pour agglomérer les particules d’or est rejeté dans la nature. Le produit est ensuite entraîné dans les cours d’eau où il peut évoluer en méthylmercure, assimilable par les êtres vivants. La contamination passe d’abord par le plancton, puis par les poissons, avant de toucher l’homme.

Le professeur Didier Moullet a notamment collaboré à la rédaction d’une étude « Mercure en Guyane, risques et enjeux de santé » qui alerte sur les conséquences sanitaires des activités aurifères illégales : « L’homme est exposé au mercure de deux manières : l’inhalation et l’ingestion.» Selon plusieurs rapports, l’imprégnation humaine dans les villages amérindiens du Haut Maroni serait inquiétante, à cause du mode de vie des habitants. Ceux-ci consomment en effet de grosses quantités de poissons prédateurs du fleuve, très contaminés par le méthylmercure.

Des populations désemparées

Les effets sur l’homme sont principalement des atteintes du système nerveux et des reins, des troubles de l’équilibre et de la marche, une diminution de l’acuité auditive et un rétrécissement du champ visuel. « Pour tous les fleuves de Guyane et leurs affluents, il est évident que tout apport de mercure supplémentaire est préjudiciable et qu’il convient de supprimer toute émission de mercure dans l’environnement », peut-on lire dans les travaux de Didier Moullet.

Plusieurs obstacles rendent difficile la mise en œuvre de la recommandation visant à réduire la consommation de certains poisson. Les communautés concernées vivent de chasse et de pêche depuis des générations et n’envisagent pas un autre mode de vie. Un autre facteur de risque inquiète les chercheurs. Selon eux, les poissons peu contaminés sont parfois rares à certaines périodes de l’année, contrairement aux espèces qui présentent un taux élevé de mercure.

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Sources : LTN M. Simonnot-Virbel/TIM
Droits : Armée de Terre 2013