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3 questions au général Gomart, à la tête du commandement pour les opérations interarmées

Mise à jour  : 02/05/2018

À l’occasion de son 25e anniversaire, le commandement pour les opérations interarmées (CPOIA) organise ce jour à Paris un forum sur la numérisation. Les débats porteront notamment sur les révolutions que les avancées technologiques permettent d’envisager dans la façon de planifier et conduire les engagements opérationnels au 21e siècle. À cette occasion, le général Hervé Gomart, à la tête de la structure depuis 2016, fait le point sur les travaux prospectifs les plus récents.

Mon général, quelles évolutions le CPOIA a-t-il suivi depuis sa création ?

Le CPOIA a été créé en 1993, au lendemain de la première guerre du Golfe, afin de répondre aux besoins révélés par celle-ci ainsi qu’aux nouveaux enjeux géostratégiques. En un quart de siècle, sous ses différentes appellations successives1, il s’est affirmé comme un acteur majeur dans la planification et la conduite des opérations interarmées. Il a notamment armé le noyau-clé de postes de commandement de niveau opératif en Afghanistan, en République Démocratique du Congo, au Tchad, en Haïti, en Libye, en Jordanie et au Mali.

Il a pris sa structure et son appellation actuelle en 2016. A cette occasion, il a vu s’étendre le champ de ses prérogatives, avec la capitalisation accrue de son expertise de planification interarmées au profit du centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) et des postes de commandement des forces projetées, le pilotage de domaines transverses, le commandement d’organismes interarmées, et la responsabilité de la préparation opérationnelle interarmées. Le regroupement du CPOIA sur le site de Balard à l’été 2018 viendra parachever sa mue et conforter son ancrage au sein de la communauté militaire des opérations.

Quel est le rôle de votre commandement ?

Le CPOIA est le référent opératif national et, à ce titre, le garant de la capacité de la France à commander des opérations interarmées dans un cadre national et multinational. Dans le cadre de son contrat opérationnel, il remplit six missions :   

1.    Commander : la vocation première du CPOIA consiste à exercer le commandement d’une force interarmées sur un théâtre d’opérations ;

2.    Planifier : en appui du CPCO, le CPOIA conduit ou participe à des travaux de planification « chaude » (gestion de crise) ou d’anticipation (opérations d'évacuation des ressortissants) ;

3.    Projeter : sur ordre du CPCO, le CPOIA est en mesure de déployer différents modules opératifs projetables (module planification, renfort, cadre) ou une équipe de liaison et de reconnaissance de théâtre (ELRT) en alerte 48h ;

4.    Entraîner : le CPOIA assure la préparation à l’engagement des forces via le pilotage des activités d’entraînement interarmées, l’organisation d’exercices bilatéraux ou multinationaux et les missions d’évaluation des postes de commandement (PC) de niveau opératif ;

5.    Former : le CPOIA forme chaque année le personnel des armées, directions et services, ainsi que des nations alliées, au niveau opératif : préparation aux responsabilités opérationnelles de haut niveau (PROHN), stages de conception-commandement-conduite des opérations interarmées (C3OIA), formations adaptées aux futurs commandants de forces (COMANFOR) ;

6.    Développer : le CPOIA développe et entretient les capacités interarmées au travers du pilotage des domaines interarmées et en exerçant le commandement d’organismes interarmées aux capacités uniques. Référent du commandement opérationnel interarmées, le CPOIA développe actuellement un C2 Lab afin de savoir répondre aux défis de la numérisation dans le commandement des opérations.

Environ 50% du personnel du CPOIA est issu de l’armée de Terre. Quels profils recherchez-vous pour y servir ?

75 des 150 militaires du CPOIA sont en effet issus de l’armée de Terre, dont près de 50 officiers. Nous accueillons chaque année environ 20 Terriens, de toutes armes et de toutes spécialités. La majeure partie d’entre eux sont des officiers en seconde partie de carrière, de capitaine après temps de commandement à colonel, dotés d’une bonne expérience opérationnelle, d’une culture d’état-major et aspirant à servir en milieu interarmées. Nous recherchons tout particulièrement des officiers brevetés ou diplômés, ou s’apprêtant à le devenir.

Je tiens à souligner que le CPOIA représente une opportunité exceptionnelle pour acquérir les compétences et l’expérience opérationnelle en matière de planification et de conduite d’opérations interarmées. Ainsi, chaque officier nouvellement affecté au CPOIA suit un cycle de formation au niveau opératif à son arrivée, qui débouche sur l’obtention d’une qualification lui permettant de servir au sein d’un état-major interarmées de ce niveau. Il est dès lors employable sur l’ensemble du spectre des missions du CPOIA : il pourra prendre part à des travaux de planification en lien avec le CPCO, être projeté au sein d’un poste de commandement interarmées de théâtre (PCIAT), d’une ELRT ou d’un module opératif, prendre part à des missions d’évaluation des PC de niveau opératif, participer à des exercices interarmées multinationaux… Enfin, le regroupement de l’ensemble du CPOIA à Balard offrira un cadre de travail privilégié et une synergie renforcée avec l’ensemble de la communauté militaire des opérations.

 1État-major interarmées de planification opérationnelle (EMIA-PO) en 1993, état-major de force et d’entraînement interarmées (EMFEIA) en 2002, état-major interarmées de force et d’entraînement (EMIA-FE) en 2003, commandement pour les opérations interarmées (CPOIA) en 2016.


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