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Discours de Florence Parly, ministre des Armées_Allocution au Bataillon de marins-pompiers de Marseille

Mise à jour  : 29/05/2019

Monsieur le préfet,
Amiral,
Officiers, officier-mariniers, quartier-maitres et matelots, personnels civils du Bataillon des Marins-Pompiers de Marseille,

C’est un jour de mistral. Passants et célébrités se mêlent sur la Cannebière, admirant les façades des hôtels, les vitrines des nouvelles galeries, prestigieux magasin marseillais. Un instant et la foule se fige à la vue d’une épaisse fumée noire s’échappant des galeries. Très vite, les flammes dévorent le bâtiment, laissant impuissants les sapeurs-pompiers municipaux. C’est un détachement de la Marine nationale qui vient les appuyer en renfort, les marins-pompiers de Toulon. Doté d’un savoir-faire unique, ils maîtrisent rapidement l’incendie.

Nous sommes en 1938. Cette tragédie coûta la vie à 73 personnes et fait tristement écho à l’incendie de l’ambassade d’Autriche qui mena à la naissance de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Elle pousse le gouvernement à créer quelques mois plus tard une unité de marins-pompiers : Les marins du feu. Les marins du feu que vous êtes.

80 ans. 80 ans au service des autres, 80 ans à braver les flammes pour protéger les Marseillais, 80 ans aux ordres, unis sous les mots de la Marine nationale, « Honneur, Patrie, Valeur, Discipline ».

Le bataillon, ce n’est pas le choix d’une vie. C’est le triple choix d’une vie : vous êtes militaires, vous êtes marins, vous êtes pompiers. Votre engagement porte trois facettes et chaque jour, vous honorez chacune d’entre elle.

Parce que vous êtes avant tout militaire, vous êtes au même titre que vos frères d’armes, projetés en opération sur les théâtres extérieurs.

Parce que vous êtes marins, votre mission de protection des citoyens s’accomplit aussi sur les mers. Je sais qu’en ce moment même, près de cent de vos camarades sont à bord du porte-avions Charles de Gaulle, dans le golfe du Bengale. J’irai les saluer et leur dire toute ma reconnaissance à la fin de la semaine lors de mon déplacement au Shangri-La dialogue de Singapour.

Enfin, parce que vous êtes pompiers, vous êtes en première ligne pour secourir et porter assistance à nos concitoyens, une mission pour laquelle vous n’économisez jamais ni votre temps, ni vos efforts. Votre devise illustre à merveille le don de soi sans limite dont vous faites preuve au quotidien. « S’il y a des vies qui vous sont chères, pour nous elles le sont toutes ».

Au loin, vos camarades embarqués combattent le terrorisme et peuvent porter le feu à tout moment ; ici, au plus près, vous secourez les victimes du terrorisme et vous combattez le feu.

Lorsque je dis ici, ce n’est pas seulement à Marseille deuxième ville du pays. C’est aussi dans la région au sens large. Des calanques aux ruelles de la ville, du sommet de la Sainte-Baume au port de Fos et à l’aéroport de Marignane, sur tous les fronts, vous secourez et vous protégez.

Le contre-terrorisme n’épargne pas les mers, et en mer justement, vous avez renforcé nos moyens de secours avec la création en 2016 de la capacité nationale de renfort pour les interventions à bord des navires, la CAPINAV. Mobiliser en 2 heures une équipe de 40 marins-pompiers, médecins et infirmiers spécialistes des feux de navires et de l’urgence médicale, vous seuls en êtes capables !

Marins et pompiers, la démonstration d’une intervention de feux de navires que vous venez de faire prouve à nouveau toute la singularité de votre engagement, de votre métier, toute l’exception de votre savoir-faire.

Ce savoir-faire, c’est enfin l’ensemble du territoire qui en profite, les préfets terrestres et maritimes, vos camarades civils de l’Action de l’Etat en mer.

Et la ville de Marseille est si fière de vous. Je vais vous dire quelque chose que vous savez déjà, quelque chose que Christophe Castaner vous a également répété lorsqu’il est venu vous remettre la médaille de la sécurité intérieure en mars dernier, mais je n’y couperai pas : comme le dit Jean-Claude Gaudin, vous êtes le troisième symbole de la ville. Entre la « Bonne-Mère » et l’OM, il y a le bataillon.

Au coeur de cette ville, vous prenez toute votre part, vous êtes des artisans de notre précieux lien armées-Nation. Chaque année, en partenariat avec l’Education Nationale ce sont 50 jeunes Marseillais issus des établissements dits « sensibles » qui bénéficient du programme les Cadets du bataillon. Vous êtes un exemple pour ces jeunes, et votre mission tant remarquable que remarquée.

Je suis fière de vous compter dans les rangs des armées. Et les armées sont si fières de vous. Fières de votre travail quotidien, fières de votre attachement, que je sais indéfectible, à la Marine, à vos valeurs militaires. Cette double hérédité a été, il y a encore un peu plus d’un mois, mise en exergue de façon si exemplaire par vos frères d’armes de la BSPP à Notre-Dame de Paris. Elle avait déjà été mise sur le devant de la scène par le bataillon en novembre 2018 lors des effondrements d’immeubles rue d’Aubagne. Au milieu de l’effroi de ce drame, surgit l’espoir, tout l’espoir placé en votre excellence opérationnelle. Cette excellence opérationnelle, elle est acquise à force d’entrainement, à force d’épreuves des feux de forêts aux incendies d’immeubles et ce, au prix d’efforts considérables et d’une disponibilité sans faille. Et c’est toute la Marine nationale que vous élevez par vos qualités d’exception.
Ces dernières années, nous avons sauvé plusieurs bâtiments de combat de la destruction totale par le feu, je pense notamment au Nivôse en 2014 ou au Jean-Bart en 2017.

Si les flammes se sont tues, c’est grâce à des techniques de lutte spécifiques contre les incendies, élaborées, peaufinées et raffinées ici à Marseille, et apprises à des générations de marins-pompiers ici, à l’Ecole des Marins-Pompiers de Marseille. Aujourd’hui, si ces bâtiments naviguent encore, c’est bien sûr grâce à leurs équipages, mais c’est aussi grâce au bataillon.

Plus vous êtes utiles, plus vous êtes efficaces, plus vous êtes sollicités. C’est toujours comme ça. J’en veux pour preuve la protection du grand port de Marseille-Méditerranée, plus grand port de France et enjeu stratégique pour notre pays. J’en veux pour preuve votre disponibilité face à un risque d’attentat sur le sol national qui, depuis cinq ans maintenant, ne faiblit pas. J’en veux pour preuve le déploiement de marins-pompiers il y a un peu plus d’un an de l’autre côté de l’Atlantique, aux Antilles, pour secourir nos concitoyens antillais des Iles du Nord frappés par l’ouragan Irma.

J’ai pleinement conscience de l’exigence que ces sollicitations opérationnelles font peser sur vos vies, sur celles de vos familles. J’y suis particulièrement attentive. Et je sais qu’avec le plan BMPM 2025, le bataillon a fait le choix de porter ses efforts sur vos conditions de vie et de travail.

Je voudrais enfin m’adresser à vous tous, marins de Marseille. Marins-pompiers bien sûr, mais également marins, gendarmes maritimes, civils de la défense. Vous êtes à la croisée de plusieurs mondes : défense et sécurité, civil et militaire, marins et pompiers, missions terrestres et missions maritimes. Cette richesse, cette diversité, c’est une caractéristique essentielle de la ville de Marseille, depuis plus de 2600 ans.

C’est un immense honneur d’être parmi vous aujourd’hui. Cette grande famille militaire, c’est la vôtre. Toujours, cultivez vos valeurs, portez fièrement vos couleurs et soyez fiers de la mission admirable que vous accomplissez. Certes, il y a Dimitri Payet, il y a Florian Thauvin, mais sans aucun doute, les véritables héros de cette ville, c’est vous.

Vive le bataillon des marins pompiers de Marseille !
Vive la République !
Vive la France !