Le centre spatial guyanais, fleuron technologique européen et français, vit en permanence sous la protection active de la Base aérienne 367, principalement sous celui du Centre de contrôle militaire (CCM) qui surveille et protège l’espace aérien de Kourou.
La protection de l’espace aérien de Kourou s’inscrit dans le cadre de la posture permanente de sûreté aérienne. A l’instar de ce qui se pratique en métropole, ce dispositif est conduit par l'armée de l'Air. L'objectif est de faire respecter la souveraineté nationale dans l'espace aérien français et d'assurer la défense du territoire contre toute menace aérienne. Des interventions sont possibles à l’encontre de tout aéronef utilisant l'espace aérien français, elles sont nommées mesures actives de sûreté aérienne - MASA. Elles permettent de rechercher l'identité d'un aéronef, d'observer son comportement, de lui faire appliquer une obligation, une restriction ou une interdiction, de l'avertir, voire de le détruire.
Au lendemain d’un tir de fusée Ariane 5, le 21 août 2015, un aéronef inconnu a mis en alerte le CCM en quelques minutes.
À 17 h 37 heure locale, un aéronef non identifié se déplaçant à une vitesse de 110 Kts (220 km/h) est détecté à quelques dizaines de kilomètres des côtes guyanaises. Le centre de contrôle de l’aéroport international Félix Eboué de Cayenne signale alors au CCM de Kourou que ni lui, ni le centre de contrôle de Paramaribo au Suriname, n’ont de contact radio avec l’appareil.
À 17 h 41, l’aéronef change subitement de cap et se dirige vers la zone interdite de survol destinée à protéger les activités du centre spatial guyanais, il reste toujours muet malgré plusieurs tentatives de contact sur différentes fréquences.
À 17 h 55, en pénétrant dans la zone interdite, il est immédiatement classé «suspect » par la Haute autorité de défense aérienne (HADA) qui opère depuis la base aérienne 367.
À 18 h 00, l’appareil contacte enfin Félix Eboué, il est alors immédiatement alors pris en charge parle CCM. La HADA ordonne que lui soit appliquée une Mesure passive de sûreté aérienne (MPSA) « contrainte d’itinéraire» pour faire sortir au plus vite l’intrus de la zone interdite.
A 18 h 09, après recoupement des informations issues du système SIGMA de gestion des plans de vol, l’appareil est identifié. Il s’agit d’un ULM en provenance de Fort de France et à destination de Cayenne. Sur ces informations, la HADA demande que soit exécutée une mesure de police de l’air « POLAIR 3 » («police de l’air» - un contrôle d’identité) à la Brigade de gendarmerie du transport aérien (BGTA) de l’aéroport Félix Eboué.
À 18 h 12, l’ULM est sorti de la SO P3, puis a atterri à l’aéroport de Cayenne à 18 h43. Sur le parking, le pilote, seul occupant à bord, a été interpelé par la BGTA et placé en garde à vue. L’infraction pour survol involontaire d’une zone interdite par maladresse ou négligence a finalement été retenue.
Cet événement, qui n’a rien d’anodin dans le contexte sécuritaire actuel, démontre une fois de plus la pertinence du dispositif mis en place par l’armée de l’Air pour assurer la surveillance de l’espace aérien guyanais en général et la protection du centre spatial de Kourou en particulier.
À 7 000 km de la métropole, les forces armées en Guyane (FAG) garantissent la protection du territoire national et de ses ressources. Fréquemment engagées en appui de l’action de l’État dans des missions au caractère interministériel, les FAG agissent sur un territoire rendu exigeant par son étendue (1 100 km de frontières terrestres), son littoral difficile et sa forêt équatoriale.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense