Accueil | Opérations | Rubriques complémentaires | Portraits de militaires en opérations | Dans la peau d’un médecin réserviste à Kaboul Opérations ... Portraits de militaires en opérations | Dans la peau d’un médecin réserviste à Kaboul

Dans la peau d’un médecin réserviste à Kaboul

Mise à jour  : 18/06/2013

« Ce qu’il y a de passionnant dans une opération extérieure (OPEX), pour un médecin militaire réserviste, c’est la possibilité de pouvoir aller sur le terrain et au plus près des actions ! » Sur le terrain, il a les mêmes responsabilités qu’un militaire d’active. 

Anne, lieutenant-colonel médecin de réserve, a quitté son poste d’urgentiste à l’hôpital public de Vannes pour une sixième période de réserve en OPEX : «  l’expérience de ce genre d’engagement, cette ouverture sur le monde, cette aventure… il n’y a qu’à l’armée que l’on peut la vivre et elle n’a pas de prix ! » Après le Bénin, le Liban ou encore le Tchad, Anne est en mission à Kaboul où elle passe ses journées et régulièrement ses nuits à l’hôpital militaire de l’aéroport international de Kaboul (Rôle 3 KAIA)

En 1992, lors d’une expérience d’interne en Guyane, elle a découvert la médecine d’urgence en environnement difficile. L’année suivante, le lieutenant-colonel Anne a quitté la France pour la Thaïlande où elle a exercé comme bénévole au sein d’une association. Elle y a soigné de nombreux patients issus de minorités ethniques, comme par exemple le peuple Karen. C’est à cette occasion qu’elle a connu son baptême du feu. Pour autant, Anne relativise : « Nous remontions la rivière Moei et les sacs de riz chargés sur le bateau étaient censés nous protéger des tirs. C’était ça notre Frag ! » dit-elle avec un sourire.

A Kaboul, avec une moyenne de 15 consultations par jour, elle soigne avec toujours autant de  professionnalisme et de détermination les militaires de la coalition et les populations civiles. « Jusqu’à présent, je n’avais jamais servi au sein d’un hôpital militaire. Et puis, soigner des Afghans, c’est quelque chose de particulier. » Anne est émue lorsqu’elle évoque l’histoire d’une petite fille arrivée à l’hôpital en urgence ; ses lèvres étaient bleues et elle était en manque d’oxygène. « Le rôle 3 n’est pas une structure spécialisée dans l’accueil d’enfants, mais l’urgence passe avant tout évidemment. » Le père de la petite fille m’a demandé ma nationalité et j’ai répondu « France ! Je n’oublierai jamais alors la façon dont le visage de cet Afghan s’est illuminé à ce moment-là. Il s’est mis à fouiller dans les sacs qu’il portait pour en extraire des friandises et me les offrir. Nous ne sommes pas là pour récolter des remerciements. Nous faisons notre travail, mais ce travail est superbement gratifiant ».

Anne est également émue lorsqu’elle évoque les soins qu’elle a apportés à deux petites jumelles gravement atteintes : « Je suis parvenue à améliorer leur état… Oh, bien modestement, mais les parents m’en sont très reconnaissants. Je ne pensais pas y arriver… ».

Anne souligne que soigner les militaires de la coalition offre autant de satisfaction, mais sur un mode différent : « Il m’arrive souvent de croiser d’anciens patients militaires de toutes les nationalités dans le camp. Ils me font de grands signes lorsqu’ils m’aperçoivent et me remercient chaleureusement de les avoir remis sur pied rapidement. Je les vois heureux, et cela me suffit. ». Anne a gardé en mémoire l’histoire de ce soldat italien pour qui elle avait très rapidement détecté une pneumopathie. Le lieutenant-colonel Anne n’oublie jamais la vraie finalité de son métier : « Ici, nous sommes en opération. Maintenir les gens en forme, c’est aussi participer au maintien de la capacité opérationnelle de nos unités. C’est bien pour cela que je suis ici ! ».

Le lieutenant-colonel Anne doit quitter le théâtre au mois de juillet. Elle ne sait pas encore quand et ne cherche pas à le savoir, sans doute parce que, comme le disait Lyautey : « La joie de l’âme est dans l’action » et que cette action-là se conjugue au présent.

De nombreux réservistes du service de santé des armées sont actuellement en mission en Afghanistan, au Mali, au Tchad ou encore au Liban. Au total, ils sont plus de 3000 réservistes praticiens, personnels paramédicaux ou administratifs à participer au soutien médical direct des forces dans les établissements du service de santé des armées (SSA) et en opérations extérieures.


Sources : EMA
Droits : Ministère de la Défense