Point de situation des opérations du 28 janvier au 4 février.
AFRIQUE – BARKHANE
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
Du 2 janvier au 3 février 2021, une opération militaire conjointe d’ampleur a été conduite dans la région dite des trois frontières. Engageant la Force Barkhane, les Forces armées maliennes (FAMa), les forces armées burkinabè et nigériennes, des éléments de la Force conjointe du G5 Sahel (FC G5 Sahel), cette opération, baptisée ECLIPSE, avait un objectif triple :
- lutter contre les Groupes armés terroristes (GAT) dans leurs zones refuges du Gourma et des trois frontières :
- poursuivre le processus de Sahélisation des opérations en engageant des unités mixées et en déployant un poste de commandement avancé multinational ;
- desserrer l’étau sur la RN16 qui relie Gao à Gossi en passant par Hombori, et alléger indirectement la pression sur le centre du Mali.
À l’instar de l’opération BOURRASQUE conduite en octobre 2020, l’opération ECLIPSE a, elle aussi, vu l’engagement de plus de 3400 militaires dont 1500 Français et 1900 partenaires dont 900 Burkinabés, 850 Maliens et 150 Nigériens.
Renseignée et appuyée non seulement par des aéronefs français, mais aussi des armées du Sahel et alliées (américains, britanniques), cette force a opéré pendant un mois dans une zone de 400 kilomètres de front pour 200 kilomètres de profondeur à cheval sur plusieurs frontières. Fort de près de 500 véhicules et d’hélicoptères de manœuvre et d’aéronefs de transport tactique, elle a fait preuve d’une grande mobilité, permettant ainsi de surprendre l’ennemi et de ne lui laisser aucun répit.
Côté français, la Force Barkhane a engagé les Groupements tactiques désert (GTD) Lamy et Conti, les hélicoptères de manœuvre et d’attaque du Groupement tactique désert aérocombat (GTD-A) Hombori, le Groupement Commando, et sa composante aérienne. Durant ce mois, les avions de la Force Barkhane dont les 7 Mirage 2000D et 2000C, les 3 drones Reaper, un A400M Atlas, un C 130J ont totalisé près de 600 heures de vol, permettant de collecter et diffuser du renseignement, d’appuyer les troupes au sol, de conduire des frappes, mais également de ravitailler différentes unités.
Dans un secteur situé entre Hombori et Boulikessi, le GTD Lamy a opéré avec trois compagnies maliennes du 33e Régiment de commandos parachutistes (RCP) et du 62e Régiment d’infanterie (RI), compagnies avec lesquels il s’était entraîné au mois de décembre sur le camp malien d’Hombori. Cet entraînement visait une meilleure intégration de ces unités dans le partenariat de combat. En frères d’armes, ils ont appris à manœuvrer ensemble, en associant étroitement les unités françaises et maliennes pour la recherche de la meilleure efficacité tactique.
Le GTD Conti a, pour sa part, opéré avec la FC G5 Sahel. Dans ses opérations de reconnaissance, il a intégré à sa manœuvre quatre Éléments tactiques interarmes (ETIA) malien, nigérien et burkinabé, et une section malienne des Forces armées reconstituées (FAR).
Pendant l’opération ECLIPSE, les deux Task Group (TG) de la Task Force Takuba ont poursuivi leurs opérations conformément à la feuille de route fixée.
Le TG1 franco-estonien pleinement opérationnel depuis quelques mois a accompagné l’Unité légère de reconnaissance et d’intervention (ULRI) n°4 malienne, harcelant les GAT et leur déniant toute capacité d’infiltration de part et d’autre du fleuve Niger notamment dans la région d’Ansongo.
Dès le début de l’opération, la Task unit (TU) française du TG2 a entamé le partenariat opérationnel avec l’ULRI malienne n°2. L’arrivée de militaires tchèque a permis d’accélérer le processus de montée en puissance de cette ULRI.
À l’image de l’opération BOURRASQUE, le commandement opératif d’ECLIPSE a été conduit depuis un Poste de commandement avancé (PCA) armé par une quarantaine de militaires dont un tiers étaient des officiers sahéliens ou américains. Situé au plus près des unités, sur la Plateforme opérationnelle désert (PfOD) de Gao, ce PCA a démontré toute son efficacité dans la conduite et la coordination des opérations, garantissant une très grande agilité opérationnelle. ECLIPSE a ainsi permis de consolider le concept de PC avant interarmées et interalliés de niveau opératif.
Dès le début de l’opération ECLIPSE, l’ennemi a été bousculé et surpris par la rapidité de l’intervention, notamment lors des infiltrations de nuit. Face à la puissance des unités engagées, il a préféré rompre le contact en abandonnant sur place de nombreuses ressources logistiques. Il s’est alors lancé dans des actions indirectes comme la pose d’engins explosifs improvisés ou l’utilisation d’un véhicule suicide (attaque déjouée du 8 janvier contre un convoi de la force).
ECLIPSE, tout en portant de rudes coups à l’ennemi dans le Gourma, démontre encore la capacité de Barkhane à entraîner les forces partenaires, sahéliennes et alliées de façon coordonnée et pérenne.
En un mois d’opérations, ce sont ainsi un grand nombre GAT qui auront été neutralisés et de très nombreuses ressources qui auront été saisies.
Avant de détailler le bilan de l’opération ECLIPSE, je tiens à présenter en quelques chiffres, des résultats de l’opération BARKHANE en 2020. Loin de refléter tout ce qui a pu être accompli au cours de l’année, ils permettent de donner quelques ordres de grandeur.
Tout d’abord, dans le domaine de la lutte contre les GAT, au cours de l’année écoulée, ce sont 128 actions de combat, soit un peu plus d’une action tous les trois jours, qui ont été menées par la Force Barkhane. C’est 23 de plus que l’an passé. Outre la neutralisation de très nombreux GAT, ces actions de combat ont permis de saisir ou détruire :
- 493 armes légères d’infanterie ;
- 39 armes collectives (mitrailleuses, mortiers...) ;
- 14 lance-roquettes ;
- 10 EEI ;
- 86 composants d’EEI (mines, obus, roquettes, bidon d’explosif artisanal (home made explosive (HME)) ;
- 25 pick-up ;
- 717 motos ;
- 608 équipements de communication.
Concernant le partenariat de combat, 5000 militaires des forces partenaires ont été formés par leurs homologues français, portant le bilan depuis 2014 à 18 000. Ce réel effort de formation est à mettre en parallèle avec la physionomie des opérations qui sont conduites en Bande sahélo-saharienne. Aujourd’hui, en opération le volume des forces partenaires engagé est équivalent et même supérieur à celui de la Force Barkhane.
Ces très bons résultats tant dans la lutte contre les GAT que dans la montée en puissance des forces armées partenaires sont la traduction de l’impulsion souhaitée lors du sommet de Pau l’année dernière.
Enfin pour conclure sur ce bilan, il faut noter que le soutien de la Force Barkhane à la population se maintient à un haut niveau. À titre d’exemple, dans le domaine de l’aide médicale à la population, ce sont près de 400 soins divers qui sont prodigués chaque jour.
Pour conclure sur ces bilans chiffrés, on peut relever pour l’opération ECLIPSE :
- la neutralisation de très nombreux GAT ;
- la saisie ou la destruction de :
Le mercredi 3 février, vers 06h locale, le camp militaire de Forces armées maliennes (FAMa) de Boni a été attaqué par près d’une centaine de terroristes circulant à motos et disposant d’un véhicule blindé de type CASSPIR. Compte tenu de l’ampleur de l’attaque et de la grande dimension du camp, les FAMa ont opéré un repli tactique. Des aéronefs de la Force Barkhane dont un drone et une patrouille de Mirage 2000 alors en vol ont été redirigés vers les abords de Boni. A leur arrivée sur zone, ils ont procédé à plusieurs frappes. Dans le même temps, une patrouille d’alerte de deux hélicoptères de reconnaissance et d’attaque Tigre a décollé pour se diriger vers la zone d’action. Les Tigre ont alors procédé à des tirs contre les Groupes armés terroristes.
Cette action combinée de la Force Barkhane avec les FAMa a permis de neutraliser de nombreux GAT, de détruire 16 motos, mais également de réinvestir le camp militaire de Boni.
Les avions de la Force Barkhane ont réalisé 91 sorties, parmi lesquelles 24 sorties chasse, 18 sorties ISR et 49 missions de transport ou de ravitaillement.
PROCHE MOYEN-ORIENT – CHAMMAL
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
L’opération CHAMMAL se poursuit, et les Armées restent résolument engagées dans leur lutte contre l’organisation terroriste Daech, qui opère une mue. Acculé, l’ennemi se transforme, change ses méthodes, ses moyens d’action. Depuis la chute de Baghouz, dernier bastion de Daech, l’organisation terroriste est entrée dans combat en réseau, clandestin, sans territoire, imprévisible.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Au cours de la semaine écoulée, les Rafale français déployés sur la Base aérienne projetée (BAP) au Levant dans le cadre de l’opération CHAMMAL ont procédé à deux frappes contre des positions de Daech.
Dimanche 31 janvier, une patrouille de Rafale alors en vol au nord-est de l’Irak a été sollicitée par les troupes de la coalition au sol pour procéder à une frappe et ainsi les soutenir dans leurs opérations de lutte contre les cellules terroristes résiduelles.
Le lendemain, dans les mêmes circonstances, une autre patrouille de Rafale a conduit une frappe de plusieurs bombes contre des grottes occupées par des combattants de Daech.
Ces deux frappes réalisées dans le cadre de missions d’appui feu (Close air support (CAS)) ont permis de neutraliser plusieurs combattants de Daech et de détruire des caches ainsi que des réseaux de grottes utilisés par le groupe terroriste.
Les aéronefs français basés au Levant et aux Émirats arabes unis poursuivent leurs actions contre Daech, au sein de la Coalition. Cette semaine, les avions engagés dans l’opération CHAMMAL ont réalisé 18 sorties aériennes et conduit 2 frappes.
PROCHE MOYEN-ORIENT – AGÉNOR
Cette semaine, l’Atlantique 2 de la flottille 23F déployé sur la Base aérienne aux Émirats arabes unis a effectué 4 vols opérationnels de 7h dans le golfe arabo-persique, le détroit d’Ormuz et le golfe d’Oman. En plus de la réassurance du trafic commercial civil dans cette zone stratégique, objectif premier de l’opération AGÉNOR, l’ATL2 contribue à la maîtrise de l’environnement aéromaritime de la zone de responsabilité permanente d’ALINDIEN.
Mettant en œuvre son hélicoptère Panther et coopérant étroitement avec l’ATL2, la frégate anti aérienne (FAA) Jean Bart a concentré son action dans le sud du GAP et le détroit Ormuz.
BASSIN MÉDITERRANÉEN – IRINI
Depuis la fin de la semaine dernière, un ATL2, déployé à La Sude (Grèce) opère en soutien de l’opération EUNAVFORMED IRINI. Dans le cadre de cette opération de l’Union européenne visant à faire respecter l’embargo sur les armes à destination de la Libye, imposé par les résolutions 2292 (2016) et 2526 (2020) du Conseil de sécurité des Nations Unies, l’avion de patrouille maritime de la Marine nationale a déjà effectué deux vols les 30 et 31 janvier.
MISSIONS MARITIMES – CLEMENCEAU 2021
Conformément à ce qu’avait annoncé la ministre des armées, le groupe aéronaval (GAN) articulé autour du porte-avions (PA) nucléaire Charles De Gaulle sera déployé très prochainement en opération dans le cadre de l’une mission baptisée CLEMENCEAU 21. L’appareillage aura lieu au cours de la semaine 07.
Outre le Charles De Gaulle et son Groupe aérien embarqué (GAé), la Task force 473 (TF 473) intégrera la Frégate de défense aérienne (FDA) Chevalier Paul, la Frégate multi missions (FREMM) Provence et le Bâtiment de commandement et de ravitaillement (BCR) Var. Cette TF commandée par le contre-amiral Marc Aussedat, sera ponctuellement renforcée par d’autres moyens militaires français dont Sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) de type Rubis, mais également par un avion de patrouille maritime Atlantique 2. Des bâtiments étrangers participeront également en intégrant le dispositif et/ou en réalisant des exercices et interactions avec celui-ci. Ainsi, la frégate belge Léopold 1er , le destroyer américain USS Porter et la frégate grecque Hydra ont confirmé leur participation à cette mission.
Juste après l’appareillage, une phase de préparation et d’intégration opérationnelle sera réalisée dans le bassin méditerranéen, au cours de celle-ci le PA sera rejoint par des partenaires qui intégreront son escorte. La mise en œuvre de cet outil stratégique aux capacités uniques, reconnues et appréciées de nos partenaires constituera, pendant toute la période de déploiement, un vecteur de coopération efficace.
Ce déploiement opérationnel a été conçu comme une mission opérationnelle et de présence stratégique dans les différentes zones de déploiements. La mission CLEMENCEAU 21 confirme que la France, en tant que « puissance d’équilibre », demeure engagée pour défendre des zones à risque, les intérêts français et européens dans le monde, mais également qu’elle maintient une vigilance opérationnelle complète. Le déploiement opérationnel du groupe aéronaval constitué se fera successivement en Méditerranée centrale et orientale puis au nord de l’océan Indien ainsi que dans le golfe arabo-persique. Le renouvellement de l’engagement de la France dans ces zones d’intérêts stratégiques illustre la volonté de défendre les intérêts français, et plus largement européen. En d’autres termes, la mission CLEMENCEAU 21 permettra de maintenir une vigilance opérationnelle « au loin ».
À l’occasion de ce déploiement, le GAN contribuera à l’Opération INHERENT RESOLVE de lutte contre le terrorisme, et renforcera le dispositif militaire français engagé au Levant. Le GAN apportera, en complément des moyens déployés, une autonomie d’appréciation de la situation (grâce aux capacités aéronavales de surveillance), mais également ses moyens d’intervention.
Sources : État-major des armées
Droits : EMA