Point de situation des opérations du 19 au 25 février.
AFRIQUE – BARKHANE
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
En coopération avec les différentes armées partenaires, la Force Barkhane poursuit son effort dans la région dite des « trois frontières » en menant des opérations de harcèlement dans le Gourma et le Liptako.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Le GTD Lamy et l’unité légère de reconnaissance et d’intervention n°1 (ULRI1) ont mené des actions de reconnaissance dans la région de Ndaki dans le Gourma. Ces actions ont perturbé les groupes armés terroristes qui, en fuyant, ont permis à la force de s’emparer de matériel sensible dissimulé dans plusieurs plots logistiques.
Dans le cadre des opérations menées par le groupement commando de la Force Barkhane dans le Liptako, un renseignement a permis de caractériser un rassemblement d’un groupe armé terroriste au nord-est d’In Delimane. Ce rassemblement a fait l’objet d’une frappe le 21 février, permettant de neutraliser plusieurs terroristes.
A Ménaka, les forces spéciales françaises et tchèques de la Task force (TF) Takuba forment et entraînent l’Unité légère de reconnaissance et d’intervention n°2 (ULRI2) des Forces armées maliennes (FAMa). Séances de tirs, maniement d’armes, déplacements tactiques motorisés, conduite de nuit sous Jumelles de vision nocturne (JVN) mais aussi pose de garrot ou de pansement compressif sont autant d’aspects que les sections de l’ULRI2 ont revu aux côtés des forces spéciales européennes. Ces instructions, effectuées entre chaque phase opérationnelle, leur permettent de gagner en compétences et ainsi d’augmenter leur autonomie sur le terrain.
Du 16 au 18 février, la TF Takuba a appuyé l'ULRI2 pour une mission de reconnaissance jusqu’à un ancien camp FAMa dans la région d’Anderanboukane, au sud du Mali. Les soldats maliens ont sécurisé les lieux pour permettre à leurs camarades du génie d’évaluer les travaux nécessaires à la réhabilitation des lieux. Cette enceinte permettra aux FAMa de réinvestir cette zone frontalière importante. Cette opération menée conjointement a permis au coordonnateur des forces armées maliennes et au commandant la TF Takuba, de se rendre dans le village à la rencontre du maire et du chef du village ainsi que des présidents de la jeunesse, du mouvement et de l’autorité intérimaire du cercle d’Anderamboukane. Les habitants de la région réclament le retour des FAMa dans la ville pour faire face à l’insécurité grandissante.
Alors que les militaires suédois poursuivent leur déploiement à Ménaka, le général commandant la force Barkhane (COMANFOR) et le vice-président malien, Assimi Goita, se sont rendus le 21 février sur la base opérationnelle de la TF Takuba à la rencontre des forces armées maliennes et européennes. Le COMANFOR s’est rendu au poste de commandement initial de la TF Takuba. Il a ensuite visité le camp pour constater la sortie de terre des infrastructures nécessaires à la TF, prenant ainsi la mesure des nombreux chantiers finalisés et d’autres qui se poursuivent.
Les remises de matériels militaires relèvent de la même logique que le partenariat militaire de combat puisqu’elles contribuent à renforcer les capacités opérationnelles des forces partenaires. Une importante quantité a déjà été remise aux unités des armées des cinq pays sahéliens. Le 13 février 2021, le colonel Delacotte représentant le général commandant la Force Barkhane à Gao, le colonel-major Koné commandant le théâtre Est des FAMa et le colonel Coulibaly commandant le secteur 1 ont signé une décision de cession de matériel militaire au camp FAMa de Gao. Parmi ce matériel, la Force Barkhane a cédé à titre gratuit plus de 800 roquettes antichar afin d’augmenter la capacité opérationnelle des FAMa pour lutter contre les groupes armés terroristes. La force a également fourni des équipements et de l’habillement du combattant (chaussures, gilets de corps, sacs de couchage, gourdes et sac à dos) afin d’en doter une Unité légère de reconnaissance et d’intervention (ULRI) des FAMa.
Le 7 février, le Colonel Guillaume Malergue s’est vu remettre le commandement du Groupement tactique désert logistique (GTD LOG). Désormais à la tête du GTD LOG Charente, il commande l’ensemble des unités de soutien de la Force Barkhane pour plusieurs mois.
Le mandat précédent, celui du GTD LOG Mayence, a parcouru plus de 325 000 kilomètres pour assurer le ravitaillement, la maintenance, le soutien sanitaire, le soutien du combattant et des emprises de la force Barkhane et de ses partenaires. Les logisticiens de Mayence ont ainsi acheminé près de 5 280 tonnes de fret sur leurs différentes missions. A Gao, ils ont assuré l’alimentation quotidienne de 2400 personnes en moyenne, fournissant environ 600 000 repas. Ils ont aussi permis l’approvisionnement en eau de Gao, Tombouctou et Gossi à hauteur de 12 000 litres par semaine.
Le 22 février, sur la plateforme opérationnelle désert de Gao, le colonel Serge Camus s’est vu remettre le commandement du groupement tactique désert n°2 (GTD 2) qui prend désormais le nom de GTD Douaumont. Il succède au GTD Conti aux ordres du colonel Emmanuel Dous.
Les avions de la Force Barkhane ont réalisé 82 sorties, parmi lesquelles 26 sorties chasse, 17 sorties ISR et 39 missions de transport ou de ravitaillement.
PROCHE MOYEN-ORIENT – CHAMMAL
SITUATION MILITAIRE DU THÉÂTRE
L’opération CHAMMAL se poursuit, et les Armées restent résolument engagées dans leur lutte contre l’organisation terroriste Daech, qui opère une mue. Acculé, l’ennemi se transforme, change ses méthodes et ses moyens d’action. Depuis la chute de Baghouz, dernier bastion de Daech, l’organisation terroriste est entrée dans combat en réseau, clandestin, sans territoire, imprévisible.
ACTIVITÉ DE LA FORCE
Il y a trente ans, une coalition internationale libérait le Koweït en repoussant dans leurs frontières les troupes de Saddam Hussein. Regroupant 35 pays, dont la France, elle était alors la plus importante force interalliée érigée depuis 1945.
Une campagne aérienne intensive de 40 jours menée par 2 250 avions alliés – dont près de 60 français – puis une offensive terrestre éclair – à laquelle participaient notamment 12 000 soldats français de la division Daguet – permettait la libération du Koweït et la défaite de l’armée irakienne.
Pour commémorer cette libération, Madame Anne Claire Legendre, ambassadrice de France au Koweït, est venue rendre visite au détachement français stationné sur le Camp Arifjan. Après avoir visité les installations françaises et échangé avec le personnel qu'elle a remercié pour son engagement dans la lutte contre Daesh, Madame l'ambassadrice a renouvelé la reconnaissance de la nation aux militaires déployés. Elle a également rappelé l’importance de la présence française au Koweït dans le cadre des bonnes relations avec ce pays comme dans le cadre de la lutte contre le groupe terroriste dont les attentats réguliers menés en zone irako-syrienne montrent qu'il n’a pas perdu sa capacité de nuisance.
Les aéronefs français basés au Levant et aux Émirats arabes unis poursuivent leurs actions contre Daech, au sein de la Coalition. Cette semaine, les avions engagés dans l’opération CHAMMAL ont réalisé 10 sorties aériennes.
PROCHE MOYEN-ORIENT – FORCES FRANCAISES AUX EMIRATS ARABES UNIS
Après leur déchargement, le reconditionnement et la remise en ligne des chasseurs de mines tripartites (CMT) Céphée et l'Aigle, puis les séquences d’entraînement permettent aux équipages de se familiariser avec leur nouvelle zone d’opération. Les deux chasseurs de mines finalisent ainsi la préparation de leurs opérations qui doivent débuter au début du mois de mars. Le détachement de plongeurs démineurs à quant à lui commencé les activités de coopération avec les plongeurs émiriens.
Arrivée de la FLF Guépratte
Cette semaine, la frégate de type La Fayette (FLF) Guépratte est arrivée dans la zone maritime de l’océan Indien sous le contrôle opérationnel d’ALINDIEN. Après une escale à Djibouti, le Guépratte se prépare ainsi à rejoindre les Émirats arabes unis et à intégrer l’opération AGENOR, volet militaire de la mission EMASOH (European-led Awareness in the Strait of Hormuz) qui fête ses un an de pleine capacité opérationnelle (FOC – Full operational capability) ce 25 février.
EUROPE DU NORD ET DE L’EST – OCEAN ATLANTIQUE & MER DU NORD
La 60e opération nationale de Guerre des mines DAMIER a été conduite dans la rade de Brest et ses approches. Sous le commandement de CECLANT et de l’Etat-major de guerre des mines (FRMARFOR/MW), les chasseurs de mines, les bâtiments remorqueurs de sonar, le groupe de plongeurs démineurs de l’Atlantique et le Centre de préparation et d’analyse des opérations de guerre des mines (CPAOGM) ont opéré du 25 janvier au 7 février 2021. L’objectif de la mission était la surveillance des chenaux d’accès à Brest, afin de garantir le libre mouvement des unités.
Le 19 février 2021, la frégate anti-sous-marine (FASM) Latouche-Tréville a conclu son intégration au sein du Standing NATO Maritime Groupe 1 (SNMG1). Le Latouche-Tréville a ainsi représenté la France au cours d’exercices dans les fjords norvégiens aux côtés de sous-marins norvégien, hollandais et allemand et de navires canadiens, allemands, norvégiens et danois. Ces exercices de grande ampleur, organisés dans le cadre de l’OTAN, ont permis aux unités participantes de s’entraîner dans le domaine de lutte anti sous-marine dans un cadre interalliés.
Ce déploiement a été marqué par la participation de la frégate française au Submarine Commander Course (SMCC) run. Ces entraînements consistaient, pour les unités, à réaliser des manœuvres rapprochées entre bâtiments de surface et sous-marins à l’immersion périscopique.
Au bilan, 50 runs dans les fjords avec les sous-marins de différents partenaires de l’OTAN, cinq exercices nocturnes de lutte anti-sous-marine, un exercice de lutte au-dessous de la surface et deux ravitaillements à la mer, dont un de nuit, ont été réalisés.
MEDITERRANNE
Constitué autour du porte-avions français Charles de Gaulle, le Groupe aéronaval (GAN), prenant l’appellation de Task Force 473 (TF 473), a appareillé ce dimanche 21 février de la base navale de Toulon pour mener la mission CLEMENCEAU 21.
Pour cette mission, le groupe aéronaval est constitué du porte-avions Charles de Gaulle, du Groupe aérien embarqué (GAé) (20 Rafale marine, 2 avions E-2C Hawkeye, 1 hélicoptère Caïman marine, 2 hélicoptères Dauphin), de la Frégate de défense aérienne (FDA) Chevalier Paul, de la Frégate multi-missions (FREMM) Provence, d’un Sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) et du Bâtiment de commandement et de ravitaillement (BCR) Var.
Le GAN sera ponctuellement renforcé par des moyens français complémentaires et sera rejoint par des bâtiments alliés : le destroyer américain USS Porter, la frégate belge Léopold 1er , la frégate grecque Kanaris et la frégate italienne Margotini.
La TF 473 est placée sous le commandement tactique du commandant de la force aéromaritime française de réaction rapide (FRMARFOR), le contre-amiral Marc Aussedat.
La lutte contre le terrorisme islamiste constituera le cœur de l’engagement du groupe aéronaval. Il sera ainsi intégré à l’opération CHAMMAL, volet français de l’opération INHERENT RESOLVE (OIR), d’abord depuis le Golfe puis depuis la Méditerranée orientale. La TF 473 apportera à la coalition sa capacité de surveillance, d’intervention et d’appréciation de situation dans la lutte contre le terrorisme islamiste, au côté des militaires français et alliés déjà engagés.
La TF 473 sera déployée dans des zones d’intérêts stratégiques en mer Méditerranée, dans l’océan Indien et dans le Golfe contribuant ainsi directement à garantir la liberté de navigation et consolidant la connaissance et l’appréciation autonome de la situation française en Méditerranée centrale et orientale, mais également en mer Rouge, au sud de la péninsule Arabique, dans le détroit d’Ormuz et dans le Golfe.
La participation au sein du GAN de moyens militaires américains, belges, grecs et italiens permettra de consolider l’interopérabilité avec ces partenaires de premier rang.
La coopération régionale se verra renforcée avec les marines des zones traversées, notamment lors d’exercices majeurs tels que GASWEX (entraînement de lutte anti-sous-marine avec les États-Unis et le Japon), et VARUNA, (entraînement multi-domaines franco-indien) en océan Indien, RAMSES en mer Rouge (exercice de lutte anti-surface et anti-aérienne franco-égyptien), ou lors d’interactions bilatérales ou multilatérales avec nos alliés.
Intégré à l'opération IRINI, le patrouilleur de haute mer (PHM) Premier Maître l’Her a repris la mer le 17 février 2021. Le PHM a effectué plusieurs interactions avec la corvette italienne Comandante Borsini et avec la frégate grecque Aegean, sur laquelle se situe l'état-major embarqué de la Task Force (TF) 464. Plusieurs évolutions tactiques, des treuillages (avec un hélicoptère AB212), des présentations pour ravitaillement à la mer et de nombreux exercices de liaison de données tactiques et de communication ont été réalisés.
Dans l’attente d’effectuer ses premières opérations de visite, le PHM Premier Maître l’Her a déjà interrogé plusieurs navires à la VHF pour collecter du renseignement. L’équipe de visite de l’unité et les Fusiliers marins de l’EDIM (Elément de Défense et d’Intervention Maritime) continuent également leur entrainement pour maintenir un bon niveau d’intégration.
Le 17 février 2021, la frégate multi-missions (FREMM) Auvergne a appareillé depuis le port de Toulon pour un déploiement en Méditerranée orientale. Une préparation opérationnelle dense qui lui a permis d’éprouver l’ensemble de ses capacités et son organisation, depuis la lutte contre les menaces asymétriques jusqu’au tir de missile anti-aérien.
Lors de ce déploiement en Méditerranée orientale, l’Auvergne sera placée en soutien direct de l'opération CHAMMAL et assurera à la France une capacité autonome d’appréciation dans cette zone stratégique, tout en y marquant sa présence et sa volonté de contribuer à la stabilité régionale et au respect du droit de la mer.
Le 18 février 2021, le Porte-hélicoptères amphibie (PHA) Tonnerre et la Frégate type La Fayette (FLF) Surcouf, constituant le groupe école d’application des officiers de Marine (GEAOM), ont appareillé depuis Toulon pour la mission Jeanne d’Arc 2021. Le chef d’état-major de la Marine nationale, l'amiral Pierre Vandier, présidait la cérémonie de départ du GEAOM.
Le 23 février, en Méditerranée centrale, le PHA Tonnerre et la FLF Surcouf ont réalisé un passex avec des bâtiments de l’opération IRINI : le PHM Premier maître L’Her, la frégate grecque Aegean et la frégate italienne Borsini. S’y sont déroulés des évolutions tactiques et des exercices de liaison par système lumineux et système de téléphonie.
TERRITOIRE NATIONAL – FORCES ARMEES AUX ANTILLES
Dans la nuit du lundi 8 février 2021, la frégate de surveillance Germinal a détecté une embarcation suspecte sans marques de nationalité en haute mer au sud-ouest de l’île de Saint-Martin. Le go-fast fuyant l’approche des militaires, ces derniers ont sommé les trois membres d’équipage de stopper leur route. Au cours de cette poursuite, 15 rejets de ballots ont été observés par l’équipage du Germinal.
Sur ces 15 ballots, 11 représentants un total de 364 kilos ont été repêchés et testés positifs à la cocaïne. Cette cargaison et les trois individus interpellés ont été remis le mardi 9 février 2021 sur la base navale de Fort-de-France à l’antenne martiniquaise de l’office antistupéfiants (OFAST).
Le vice-amiral Jean Hausermann, commandant des forces armées aux Antilles, était présent pour saluer ce nouveau coup de filet du Germinal qui n’aurait pas été possible sans le travail conjoint de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS), le Service garde-côtes des douanes (SGCD) Antilles-Guyane et de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED).
Cette opération réalisée en coopération internationale grâce au soutien américain des U.S. Customs and Border Protection, Air and Marine Operations, est un nouveau coup porté au narcotrafic aux Antilles après la prise de 4,2 tonnes de cocaïne réalisée par le Germinal le 17 janvier dernier. En effet, les 15 ballots rejetés en mer estimés à 500 kilos représentent une perte de 2.5 millions d’euros dans la Caraïbe et 15 millions d’euros en Europe pour les narcotrafiquants.
Déployé depuis fin janvier en mer des Caraïbes dans le cadre de la mission CAOUANNE 2021.1, le Bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM) Dumont d’Urville a fait une halte logistique du 16 au 18 février sur la base navale colombienne de Carthagène-des-Indes. Durant ces 48 heures, 6 conteneurs et 24 palettes, soit 46 tonnes de fret humanitaire, ont été chargé sur le bâtiment français. Samedi 20 février, le Dumont d’Urville a livré ce chargement sur l’île de San Andres, territoire colombien au large du Nicaragua.
Avec l’île de Providenzia, San Andres a été durement touchée en novembre 2020 par les cyclones ETA et IOTA. Le Dumont d’Urville avait alors apporté de l’aide humanitaire d’urgence au Honduras et au Guatemala en y transportant 35 tonnes de fret. L’action du BSAOM s’inscrit dans le cadre de l’opération RENAISSANCE des forces armées colombiennes qui vise à soutenir la reconstruction de ces îles isolées. Le vice-amiral Rozo, commandant des forces aéromaritimes colombiennes dans la Caraïbe, venu assister au chargement, a chaleureusement remercié les marins français. Cette coopération constitue un signe tangible des liens forts qui unissent les deux marines, déjà fortement impliquées ensemble dans la lutte contre le trafic de drogue en mer des Caraïbes.
Sources : État-major des armées
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