Du 24 au 28 janvier 2021, les Aviateurs déployés dans le cadre de la mission SKYROS ont fait halte aux Émirats arabes unis (EAU) où l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE) est stationnée en permanence. Durant cette étape, les équipages ont eu l’occasion de participer à un exercice aérien, axé sur l’Entry Force*, mobilisant 41 aéronefs dont dix Rafale français.
« Cela faisait des années que je n’avais pas vu autant d’avions en l’air », lâche tout sourire, le lieutenant-colonel (LCL) Cyril, chef du détachement Rafale durant la mission SKYROS. Ce 26 janvier, 41 aéronefs de tous types ont décollé dans le ciel du golfe persique et ont rejoint, en moins de 10 min, une zone d’entraînement au combat aérien de 200 nautiques de long sur 100 de large, offrant des conditions d’entraînements exceptionnelles. L’Air Warfare Center (AWC) émirien était à la manœuvre. Cette structure, dans laquelle sont incorporés des Français, a concocté le scénario de cet exercice au cadre tactique complexe.
« Les quatre Rafale et l’A330 MRTT qui participent à SKYROS ont pris part à une COMAO** (Composite air operations) aux côtés de six Rafale de l’Escadron de chasse 1/7 « Provence », quatre F15 américains, un A330 MRTT, deux A660 Gulfstream, un drone « Predator », deux hélicoptères Apache, quatre F16 et quatre Mirage 2000-9 émiriens et deux équipes de contrôleurs aériens avancés (JTAC – Joint Terminal Attack Controller) » détaille le LCL Cyril. Ensemble ils formaient la force alliée, qu’on appelle les « blue air ». Ils ont dû faire face aux menaces aériennes des « red air », la force adverse, composée de quatre F16, quatre Mirage 2000-9, deux F15 et deux hélicoptères Apache émiriens et de différents systèmes sol-air réels, augurant des combats de haute intensité.
La mission du jour : simuler des frappes dans la profondeur sur des objectifs protégés par un système de défense sol-air Patriot tout en assurant un appui aérien rapproché au profit de troupes alliées au sol.
Pour ce faire, chaque acteur du raid a un rôle bien défini. Les premiers à entrer dans l’espace aérien ennemi sont responsables d’acquérir au plus vite la supériorité aérienne, on les appelle les sweep. Ils sont chargés de détruire ou repousser toutes menaces air-air pour permettre aux bombardiers, appelés les striker, de rejoindre leur domaine de tir afin de neutraliser le ou les objectifs assignés. Toutefois, dans un territoire fortement défendu, acquérir la supériorité aérienne, c’est aussi se prémunir de toutes menaces sol-air. C’est à ce titre que sont employés des appareils dédiés à la mission SEAD (Suppression of Enemy Air Defence). Souvent positionnés au milieu du Raid, d’autres avions endossent quant à eux la casquette de « swing role ». Ces chasseurs omnirôles, jonglent en effet entre le combat air-air et l’attaque au sol, une spécialité notoire du Rafale.
Les hélicoptères ont pour mission l’appui aérien rapproché (CAS – close air support) au profit de troupes au sol alliées. Sans défense, des avions de chasse sont nécessairement dédiés à leur protection. Une telle mission peut durer quelques heures et, pour garantir un temps sur zone suffisant à l’aviation de chasse, la citerne aérienne est essentielle. C’est ici que le Phénix entre en jeu. Il est positionné loin de toutes menaces ennemies. L’A660 quant à lui, guet aérien, avait la charge de collecter du renseignement.
Dans ce spectre haut des conflits aériens, toute cette manœuvre, ces missions dans la mission, doivent être orchestrées à la seconde près. Il est nécessaire de pouvoir s’adapter à tous les cas de figures prévus lors de la préparation et du briefing. Dès lors, un chef d’orchestre à la tête du raid est nécessaire et c’est le 1/7 « Provence » qui a été désigné pour armer le rôle du Mission Commander (chef de mission).
Après 1h15 de durs combats, les blue et les red ont regagné la terre ferme. Une fois posés, les participants ont assisté au débriefing dispensé par l’AWC. À l’aide d’un logiciel dédié, l’enregistrement de la mission a été projeté sur un écran géant. Ainsi l’ensemble des acteurs a visualisé le combat minute par minute. Les équipages ont alors pris conscience du nombre d’appareils en vols pendant la mission. Les points clés de l’entraînement ont été identifiés permettant de tirer les leçons des choix tactiques du jour, voire des erreurs commises. « Nous sommes très satisfaits de cette mission, indique le LCL Cyril. Nous avons pu bénéficier de la colocalisation de tous ces aéronefs et acteurs, des moyens de préparation offerts par l’AWC mais également de la taille des zones de vol émiriennes ».
* entrée en premier au déclenchement d’une opération
**COMAO : dispositif complexe d’aéronefs différents réalisant des missions à plusieurs objectifs
Du 20 janvier au 5 février, sous le commandement opérationnel de l’état-major des armées, l’armée de l’Air et de l’Espace conduit la mission SKYROS. A cette occasion, une tournée est réalisée en Eurasie afin de démontrer la capacité de la France à agir à grande distance et sous court préavis. D’une part, ce déploiement contribue à former les équipages aux missions exigeantes de la projection dans le cadre de la préparation opérationnelle, d’autre part, cette mission est l’occasion de réaliser des interactions avec les différentes armées partenaires.
Sources : État-major des armées
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