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Chammal : la cyber-sécurité au Levant, un point névralgique dans la lutte contre le groupe terroriste Daech

Mise à jour  : 07/07/2017

Alors que les attaques de hackers se mondialisent et impactent fortement divers secteurs d’activités, les experts militaires de la sécurité informatique œuvrent au Levant pour assurer la sécurité des opérations de lutte contre Daech. Ces spécialistes de la cyberdéfense agissent pour fiabiliser nos réseaux et ainsi, assurer la continuité des opérations. Focus sur une des spécialités névralgiques soutenant l’opération Chammal, versant français de l’opération Inherent Resolve.

La cyber-sécurité : un soutien capital

Dans le cadre des opérations, le contexte de guerre électronique amène les armées à déployer depuis de très nombreuses années un Commandement des systèmes d’information et de communication interarmées de théâtre (COMSICIAT) dans le but de fournir aux forces combattantes des réseaux adaptés et sécurisés.

 « Cette structure SIC (Système d’Information et de communication) est responsable de tous les projets visant à fiabiliser les réseaux et à fournir le meilleur service au personnel déployé », explique le LCL Christophe, responsable du soutien SIC de l’opération.

Sur le théâtre irako-syrien, l’équipe du COMSICIAT est composée d’une dizaine d’officiers et de sous-officiers dirigeant fonctionnellement près de 70 personnes réparties sur les cinq pays du théâtre (Koweït, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie et Irak).

Tous ces spécialistes opèrent, au quotidien, au sein des états-majors ou unités déployées, afin d’assurer « le maintien en condition opérationnelle des SIC et leur maintien en condition de sécurité.  Leurs travaux en continu apportent plus de sécurité, de résistance aux réseaux et aux systèmes déployés ainsi que plus de bande passante (comprendre de capacités de transmission de données) pour les opérateurs sur le terrain », souligne le lieutenant-colonel. « Ils permettent de fluidifier et de sécuriser le transfert des données entre les différents sites du théâtre et la métropole, contribuant ainsi pleinement à la conduite des opérations ».

Une technologie de pointe au service de l’opérationnel

Pour garantir un soutien à la hauteur du besoin opérationnel, chaque site est relié à la métropole par liaison satellite et/ou fibre optique. « Nous travaillons avec des satellites militaires et civils. Cela nous permet d’avoir un potentiel en connectivité informatique et téléphonique de haut niveau, de manière classique ou satellitaire, avec ou sans moyen de chiffrement » poursuit le LCL Christophe.

Ces moyens contribuent à fournir tous les réseaux classifiés, internes aux armées, permettant de communiquer de façon sécurisée à chaque instant, et de déployer les logiciels « métiers » pour que les chaines opérationnelles et le soutien réalisent leurs missions dans les meilleures conditions.

L’amélioration continue essentielle

Dans un souci constant de fournir un soutien de qualité aux opérations, le LCL Christophe affirme qu’un des enjeux passe par l’optimisation de la desserte SIC du théâtre. « S’assurer que les réseaux sont déployés en toute sécurité, adaptés aux besoins et aux évolutions des moyens déployés à travers tout le théâtre, nécessite parfois d’engager de nouveaux matériels.

Prochainement, nous allons déployer des stations satellites de nouvelle génération afin d'apporter plus de fluidité et de redondance aux états-majors sur le théâtre. Nous allons également redéployer différemment moyens satellitaires et mettre en place des réseaux de faisceaux hertziens pour créer de nouveaux supports de communication entre les différents sites. Ces travaux ont deux objectifs très clairs : assurer une meilleure résilience du service rendu et optimiser nos ressources satellitaires militaires. Les ressources économisées pourront ainsi être réservées à un autre usage ou à un autre théâtre », détaille-t-il.

La cyberdéfense de l’opération

Ce maintien en condition opérationnel et l’optimisation constante des ressources participent grandement à la sécurisation des réseaux. Mais leur action ne s’arrête pas là. Officier de lutte informatique défensive (OLID) pour l’opération Chammal, le COMSICIAT entretient des liaisons très fortes avec le centre opérationnel de surveillance cyber au Levant (security operation center, SOC Levant) pour assurer la défense de ses réseaux.

« À l’aide de sondes déployées sur les réseaux, le SOC Levant supervise et analyse le moindre évènement suspect. Cela peut être une attaque directe, via par exemple un cheval de Troie ou un déni de service (un nombre important de requêtes est envoyé à un élément du réseau qui, submergé, finit par se bloquer, rendant ainsi l’élément et le reste de son réseau indisponibles) ou bien des incidents relevant d’une configuration réseau perfectible. », nous explique le LCL Benoît, chef du SOC Levant.

Sur l’opération Chammal, le COMSICIAT et le SOC Levant travaillent en interdépendance. Dès lors qu’un incident concerne l’opération, le COMSICIAT en est directement informé. Ensemble, ils valident les actions de remédiation à mettre en place pour améliorer la sécurité des réseaux et ainsi, apporter la meilleure résistance aux attaques.

Le soutien précieux réalisé par le COMSICIAT, lui-même soutenu par le SOC Levant, permet un fonctionnement optimal de l’opération luttant activement contre le groupe terroriste Daech. Au sein de la Coalition internationale, comprenant 63 pays, la bonne transmission des informations est vitale. La communication et la coordination qui en découlent sont essentielles à la réussite des missions aériennes et d’artillerie menées chaque jour, en appui des forces alliées qui combattent Daech au sol.

Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération Chammal représente la participation française à l’OIR (Opération Inherent Resolve) et mobilise aujourd’hui près de 1 200 militaires. A la demande du gouvernement irakien et en coordination avec les alliés de la France présents dans la région, l’opération Chammal repose sur deux piliers complémentaires : un pilier « formation », au profit d’unités de sécurité nationales irakiennes et un pilier «  appui », consistant à soutenir l’action des forces locales engagées au sol contre Daech grâce aux forces aériennes et à l’artillerie, ou par des frappes en profondeur contre les activités du groupe terroriste.


Sources : État-major des armées
Droits : EMA