Au début du mois de septembre, l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (UNODC) a annoncé à Vienne une baisse de 20% de la production d'opium en Afghanistan, pour la seconde année consécutive. Ces résultats, très encourageants, sont dus à la volonté très affirmée du gouvernement afghan d'éradiquer la culture du pavot. Ils sont aussi le fruit de l'engagement d'acteurs internationaux tels que l'ONU, l'Union européenne ou l'OTAN.
S'il n'entre pas dans sa mission de mener des actions d'éradication qui relèvent de la responsabilité des autorités afghanes, l'ISAF contribue en revanche à la mise en place d'une politique visant à encourager les petits producteurs de pavot à abandonner cette culture.
C'est dans cet esprit qu'agissent les éléments français du Régional Command Capital déployés dans le district de Surobi et plus particulièrement dans la vallée d'Uzbeen où le pavot est présent. Les surfaces cultivées n'y sont certes pas importantes mais le pavot alimente un commerce très lucratif et constitue une ressource pour les insurgés qui confortent, par ce biais, leur emprise sur les paysans. De récentes opérations menées aux côtés des forces de sécurités afghanes ont permis la découverte de caches de pavot séché et d'héroïne qui ont été saisies par la police.
La conversion des agriculteurs à des cultures légales nécessite d'abord un important travail d'explication et de sensibilisation. C'est en particulier le rôle des équipes d'actions civilo-militaires qui rencontrent régulièrement les "?maleks?" et les habitants de la Surobi pour leur expliquer les inconvénients de la culture du pavot qui appauvrit les sols et compromet à court terme la pratique de l'assolement.
Les militaires français sont ensuite impliqués dans la conduite de projets agricoles offrant des solutions alternatives. Il s'agit d'aider la population à entreprendre cette conversion, en déterminant notamment avec elle le réaménagement des espaces cultivables, en distribuant du matériel agricole et des semences. Dix tracteurs et dix huit tonnes de luzerne, permettant de régénérer la terre, ont ainsi été distribués ou le seront prochainement. En partenariat avec des organisations non gouvernementales, les éléments français pilotent, en outre, des projets destinés à valoriser l'agriculture classique?: mise en place de cultures en terrasses, création de systèmes d'irrigation, de canaux et de puits. Ils vont enfin introduire, cette année, près de 30000 arbres fruitiers permettant à la population de développer un commerce à forte valeur ajoutée.
En 2009, ce sont donc plusieurs dizaines de projets agricoles qui seront ainsi menées dans la province de Surobi par les militaires français, pour un montant qui avoisine le million d'euros. Ces programmes sont tous co-financés par le ministère de la Défense et des partenaires institutionnels comme l'ONG AFRANE Développement.
En Afghanistan, l'éradication de la culture du pavot et la lutte anti-drogue passent ainsi par un changement des habitudes et des pratiques agricoles. Le développement d'une agriculture saine et une maîtrise accrue de nouvelles techniques permettront aux populations locales de tisser de nouveaux liens commerciaux et de s'émanciper de l'économie parallèle, échappant ainsi peu à peu à l'influence des insurgés. C'est de cette façon que les militaires français prennent part indirectement à la lutte contre la drogue sur ce théâtre d'opérations.
Sources : EMA
Droits : Ministère de la Défense