En Guinée, un détachement interarmées de militaires français construit le futur centre de traitement des soignants (CTS). Il accueillera, mi-janvier, une centaine de militaires français, dont 70 soignants du Service de santé des armées (SSA). Un mois a suffi au détachement pour construire cette structure inédite.
Un défi logistique
Les 50 femmes et hommes du détachement sont arrivés au bout de leur mission : « construire une structure médicale autonome en électricité et en eau qui respecte tous les standards de sécurité »explique le LCL Lion, chef du détachement. Début décembre, le CTS doit être bâti sur une dalle en béton sur la base aérienne principale de Conakry et dans le hangar attenant. Tout est à construire. Les travaux débutent le 8 décembre.
Chaque jour sur « la dalle » les équipes s’activent pour déployer trois zones distinctes : une zone verte, nécessaire au fonctionnement, dont une pharmacie, une zone orange qui comprend les sas d’habillage et de déshabillage et un laboratoire, puis l’unité d’hospitalisation de 10 lits en zone rouge, soit une trentaine de tentes sur une surface de 1 500 m2 au sol, climatisées et reliées par réseau Wi-Fi ainsi qu’un espace communautaire pour l’accueil des familles. Car l’équipe médicale met un point d’honneur à la prise en charge spécifique des soignants. Alors que les centres de traitements Ebola accueillent la population guinéenne sous tente collective, le CTS propose aux soignants contaminés une hospitalisation en chambre individuelle à usage unique, spécialement conçue et réalisée sur place. Brevetée par le service de santé des armées, elle intéresse d’ailleurs de nombreux organismes de lutte contre Ebola. L’objectif : que chaque patient puisse vivre sa maladie dans la dignité et dans l’intimité, car les soins seront faits au lit du patient.
L’ensemble du matériel arrive de France, par plusieurs rotations, à bord de bâtiments de la Marine nationale française et néerlandaise avant d’être dédouané, transporté puis stocké par le détachement du 2e régiment de dragon. L’équipe du régiment médical décharge ensuite chaque container, monte les tentes et déploie le matériel et le mobilier : lits, tables, chaises, chevets, lampes, kits hygiènes, masques chirurgicaux ainsi que de nombreux accessoires pour le confort du patient. Les colis de médicaments sont vidés puis soigneusement rangés dans la tente ou se déploie une pharmacie de plus de 200 m2. L’équipe du 31e régiment de génie s’active pour fournir l’éclairage, la climatisation et l’alimentation en eau. Celle du 53e régiment de transmission déploie le réseau informatique Wi-Fi.
Les travaux de gros œuvre sont externalisés vers une dizaine d’entreprises locales, notamment la réalisation d’une dalle pour accueillir les tentes, soit 2 000 m2 de béton. Plus de 250 ouvriers sont mobilisés sur le chantier, 7 jours sur 7, coordonnés par le conducteur de travaux et un ingénieur du Service d’infrastructure de la défense. Pour fonctionner de manière autonome, le CTS nécessite l’installation d’une centrale électrique, la réalisation d’un forage et d’une zone d’incinération. Un kilomètre de clôture est posé pour sécuriser les différentes zones. Le suivi budgétaire et la passation des marchés sont assurés par le commissaire.
Deuxième objectif : créer, dans le hangar de la base, une zone vie capable d’accueillir, dans les meilleures conditions, les soignants du SSA et le détachement de soutien. Là encore, l’objectif est atteint en quelques semaines après le déploiement de trente-cinq tentes, de 120 lits et armoires par les équipes du régiment de soutien du combattant puis la remise aux normes des sanitaires, les raccordements d’eau, l’éclairage et la climatisation.
Un travail de bâtisseurs, mais pas seulement. Le détachement a créé un vrai réseau de relations avec les entreprises locales, les autorités de la base aérienne mais aussi les acteurs locaux de la lutte contre Ebola afin que le centre accueille ses futurs patients dans les meilleures conditions possibles. « L’investissement de chacun est remarquable et nous a permis de tenir les délais » souligne le commandant du détachement français.
Prochaine étape : l’arrivée de soignants, la semaine prochaine.
Depuis cet été, les armées prennent pleinement part à l’action gouvernementale de lutte contre le virus Ebola. Cette participation a d’abord consisté à mettre à disposition des capacités d’évacuation sanitaire et d’hospitalisation de patients contagieux au sein des hôpitaux militaires français, à participer à la viabilisation d’une piste sommaire en Guinée et à participer aux différentes structures du plan interministériel Ebola. Depuis le mois de novembre, les armées préparent en complément la construction d’un centre de traitement des soignants (CTS), qui permettra de soigner les soignants guinéens et ceux de toute autre nationalité amenés à œuvrer dans la lutte contre le virus Ebola dans le pays.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense