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Ebola : dans la peau d’une psychologue militaire du CTS à Conakry

Mise à jour  : 08/03/2015

« Le moral fait tout » selon les patients du centre de traitement des soignants (CTS). Le psychologue clinicien du service de santé des armées, capitaine Aline, ne les contredira pas. Elle nous confie comment elle a appréhendé cette mission singulière pour laquelle elle s'est portée volontaire et les  mesures qu'elle a mises en place pour accompagner les patients, leurs familles et les militaires français depuis son arrivée en janvier dernier.

L'aspect inédit de la mission de lutte contre le virus Ebola au sein du CTS a attiré Aline qui travaille au quotidien en France en hôpital d'instruction des armées. « Faire quelque chose d'important dans un contexte nouveau » tel était son leit-motiv. Elle a ainsi dessiné les contours de son poste avec énergie et passion. Du bon sens, de l'humanité, une éthique relationnelle sont ses ingrédients pour relever un challenge professionnel et personnel hors du commun.

Concrètement, elle a cherché à optimiser le relationnel avec les patients pour passer outre la barrière de la langue, de la culture et comprendre leurs besoins. L'espace communautaire lui a permis de « palabrer » avec eux, sans équipement de protection individuelle (EPI), à une distance de sécurité, et ce de façon à humaniser l'approche. Les patients sont en effet habitués à voir uniquement les regards des équipes de soin, cachées par les EPI.

Le maintien du lien avec la famille et le groupe social contribue fortement au moral du patient. Ce constat rapidement établi a été renforcé par les résultats d'actions en apparence anodines telles que mettre à disposition les objets de rituels religieux ou encore faire venir du riz cuisiné par la famille. Le respect de l'intégrité culturelle, religieuse et communautaire est une priorité.

Une anecdote illustre le pouvoir des croyances en Guinée. Les familles craignaient d'accéder à l’espace communautaire du CTS et d'y être contaminées malgré le fait qu'Aline leur montrait l'exemple. La réticence était due  au fait que certains guinéens pensent que les blancs sont vaccinés contre Ebola! Chasser les idées fausses est également un des combats pour lutter contre le virus Ebola et la stigmatisation des malades.

Son rôle comprend également en continu le soutien du personnel militaire français pour les accompagner dans la gestion des actions menées au sein de cette mission extrêmement sensible et consommatrice en énergie et  en investissement émotionnel. 

Lorsque nous lui demandons ce qu'elle retiendra de sa mission, à quelques jours du retour en France, elle nous répond « les histoires de chacun ».

Depuis l'été dernier, l'armée française prend pleinement part à l'action intergouvernementale française pour la lutte contre le virus Ebola, coordonnée par une Task Force interministérielle en Guinée. Cette participation a d'abord consisté à s'intégrer à la coordination de la Task Force Ebola, à mettre à disposition des capacités d'évacuation sanitaire et d'hospitalisation de patients contagieux au sein de l'hôpital d’instruction des armées français Bégin et à viabiliser une piste sommaire en Guinée. A l'heure actuelle, le centre de formation des soignants est supervisé par un médecin et un infirmier du service de santé des armées jusqu'au transfert à une ONG fin mars, et le CTS est pleinement opérationnel avec 20 prises en charges de patients dont 13 cas Ebola. 130 militaires dont plus de 70 soignants volontaires des organismes relevant du service de santé des armées et une vingtaine de militaires du 2erégiment de dragons à la spécialité NRBC, participent pleinement à cette mission, soutenus par un détachement de commandement et de logistique.


Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense