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AMITIE : un chantier de dépollution inédit, engageant main dans la main soldats de l’armée de Terre et marins

Mise à jour  : 17/09/2020

Du 6 au 10 septembre, l’opération AMITIE a conduit des travaux de dépollution dans le port de Beyrouth. Piloté par le centre d’expertise pratique de Lutte anti-pollution (CEPPOL), ce chantier s’inscrit dans la poursuite des actions maritimes entreprises, avant le départ du porte-hélicoptères amphibie (PHA) Tonnerre.

Le CEPPOL, unité de la Marine nationale basée à Brest est arrivé sur zone le 3 septembre, grâce aux vols militaires assurés par l’armée de l’Air et de l’Espace, établissant un pont aérien entre la France et le Liban. Composée de six marins experts et dotée de quatre tonnes de matériels, ce détachement a pour mission d’expertiser et de mener des travaux de lutte contre les pollutions, suite aux dommages causés par l’explosion du 04 août.

Le capitaine de frégate (CF) Frédéric Caradec, directeur adjoint du CEPPOL témoigne de l’intérêt du mandat, permettant de « poursuivre les premières actions d’urgence et d’évaluation menées par les marins-pompiers du Bataillon de marins-pompiers de Marseille (BMPM) et par les détachements de plongeurs-démineurs et du Service hydrographique et océanographique de la Marine », durant le mois d’août. En effet suite à la double-explosion, plusieurs bateaux se sont retrouvés gravement endommagés voire échoués aux abord des quais. Au-delà des entraves qu’ils représentent pour la navigation, ces navires représentent un risque de pollution et d’accident industriel, dans un port qui a repris une activité commerciale dense.

Dès son arrivée, le CEPPOL concentre son attention sur l’ancien navire de croisière, l’Orient Queen. Couché sur son flanc tribord, une partie de ses huiles moteur s’est échappée. La Marine libanaise craignant une pollution majeure des bassins a établi, dès les premiers jours suivants la catastrophe, des premiers barrages flottants contenant les nappes d’hydrocarbures. Les six marins, pleinement intégrés au Groupement Terre (GT) Ventoux vont entreprendre la dépollution des eaux.

S’organise alors un véritable chantier interarmées inédit, engageant côte-à-côte, les militaires français et libanais en charge du déblaiement du port. Avant d’aspirer les hydrocarbures couvrant la surface de l’eau, les pelleteuses et les engins de levage du 2e Régiment étranger du Génie et du 519e Régiment du Train ont œuvré, depuis les quais pour dégager des monceaux de détritus, baignant aux abord du pont supérieur du navire. Matériels de survie, embarcations de secours, mâts brisés, pas moins de 7 tonnes de débris noircis sont sortis hors de l’eau. L’Orient Queen est devenu en 48h un véritable chantier de déblaiement, mais cette fois-ci, entre terre et mer. Soldats et marins, aidés par les soldats des forces armées libanaises ont œuvré de concert, permettant de « gagner plusieurs jours sur la dépollution de l’épave », se félicite le CF Caradec.

Pour la dernière phase du chantier, le CEPPOL a utilisé une « écrémeuse » : petit robot flottant permettant d’aspirer les huiles étalées sur les eaux. A l’aide de pompes, de bassins et de bac de rétention, la pollution est ainsi aspirée puis stockée à terre. Le 09 septembre, l’eau bordant l’épave retrouve ses couleurs naturelles. Le site traité et sécurisé par différents barrages « antipoll » peut être rendu aux autorités portuaires.

Avant de quitter le site nettoyé pour un nouveau chantier, le CEPPOL a pu profiter de la présence de plongeurs du 1er REG. Spécialistes de l’évolution subaquatique en eaux troubles, ces hommes aguerris ont effectué une visite de coque et des plongées d’expertises permettant d’évaluer l’état et la stabilité générale du navire. Leur mission : s’assurer qu’aucune fissure ou risque de glissement puissent aggraver les dégâts déjà subis par le navire chaviré. Avec une visibilité réduite à moins d’un mètre, les 6 plongeurs de combat du génie ont inspecté minutieusement la partie immergée du navire, veillant notamment à la bonne étanchéité de ses cuves.

Fort des résultats obtenus, GT Ventoux et CEPPOL ont toutes les raisons de se réjouir du succès de cette mission. Ce chantier représente une manœuvre de dépollution inédite, menée à l’étranger et sous le contrôle opérationnel du Commandant en chef pour la Méditerranée (CECMED), basé à Toulon. Pour la première fois de son histoire, le CEPPOL aura ainsi traité une pollution portuaire causée des suites d’une catastrophe industrielle, engageant des unités terrestres et maritime.

               

                
               

Lancée le 04 août 2020 en réponse aux explosions survenues à Beyrouth, l’opération Amitié concrétise l’action des armées qui déploient et acheminent, en coordination avec le ministère de l’Europe et des affaires étrangères, le ministère de l’Intérieur et le ministère des Solidarités et de la santé, des moyens humains et matériels pour venir en aide au Liban et aux Libanais.


Sources : État-major des armées
Droits : EMA