Le major (commandant) Philip ne passe pas inaperçu dans le centre opérationnel du groupement tactique désert « Centurion ». Premier officier américain inséré au sein d’un groupement tactique désert de l’opération Barkhane dans le cadre de la coopération bilatérale qui lie forces françaises et américaines, il vit cette expérience opérationnelle unique avec enthousiasme.
« Je suis venu en France pour deux ans dans le cadre d’un échange entre l’US marine corps (USMC) et la 6ième brigade légère blindée française », explique le major Philip. « C’est pour moi une chance d’être ici au sein de l’opération Barkhane et encore plus de participer à l’opération avec l’unité de la légion étrangère qui m’accueille au quotidien en France. »
A 36 ans, cela fait de lui le premier américain à être déployé au sein de l’opération Barkhane dans le cadre d’un groupement tactique désert. Assurant la fonction de S35 (officier en charge de la planification), il assiste le chef de corps du groupement et son chef opérations dans les phases de planification des actions conduites sur le terrain. « Je vis une expérience assez unique, très rare, avec beaucoup de responsabilités » lâche-t-il dans un sourire. « Je trouve qu’être en opex avec mes amis légionnaires est une façon extraordinaire de connaitre l’armée française dans ce qu’elle a de plus vrai, c’est-à-dire en opération. »
Pour cet Américain au français impeccable grâce à une enfance passée en Belgique et à une mère francophone, son insertion au cœur d’un centre opérationnel français lui permet d’être confronté à d’autres procédures. « Professionnellement j’apprends beaucoup de ce que je vois et surtout de la façon dont vous abordez les problématiques qu’Américains ou Français peuvent rencontrer en opération ».
Dans ces conditions de vie rustiques, le major Philip se sent particulièrement à l’aise. « Je plaisantais ce matin avec le chef opération en lui disant que je me sentais comme chez moi ici », précise-t-il en souriant. « L’USMC est souvent envoyé sur les ouvertures de théâtre avant l’armée de terre américaine, alors les camps de toile et le confort sommaire je connais bien. Mais le paradoxe du soldat est que c’est souvent dans ces conditions sommaires que la cohésion est la plus forte ! ».
De son expérience d’officier d’état-major au sein de l’opération Barkhane, le major Philip garde déjà un souvenir fort. « Pour moi la projection du centre opération du groupement sur le terrain a été un moment marquant, en particulier le fait de voir en temps réel la planification à laquelle j’avais contribué se dérouler comme nous l’avions élaborée collectivement. »
A l’heure où l’interopérabilité entre forces armées alliées est indispensable, le type d’échange auquel participe le major Philip prend tout son sens. « C’est extrêmement profitable entre pays partenaires de pratiquer ce genre d’échanges. L’interopérabilité c’est juste un mot, mais l’important c’est sa mise en pratique au niveau tactique. Je pense que c’est incontournable d’avoir des officiers étrangers insérés des deux côtés pour vraiment apprendre le Decision making process, la façon dont les décisions opérationnelles sont prises ».
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 5100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense