Pour restaurer la paix au Sahel, il est indispensable de croiser les perspectives entre acteurs de la défense, de la diplomatie et du développement. C’est l’approche « 3D » développée conjointement par le Ministère des Armées, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) et l’Agence française de développement (AFD). Parce que la menace terroriste ne saurait être séparée des défis économiques, éducatifs, sanitaires et institutionnels auxquels la région est confrontée, un civil œuvre depuis plus d’un an déjà au sein de la Force Barkhane en qualité de chargé de mission stabilisation.
L’emploi de la force ne suffit pas à résoudre une crise multifactorielle
La défaillance de la gouvernance et l’absence de développement socio-économique font généralement partie des causes à l’origine de l’instabilité et des conflits. De plus, les populations tardent parfois à recueillir les premiers dividendes de la sécurité retrouvée grâce à l’appui des militaires et des forces de sécurité intérieures. Employé par le Centre de crise et de soutien (CDCS) du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Guillaume occupe un bureau à Gao près du représentant du commandant de la Force Barkhane. Dans le cadre de son action de stabilisation et grâce à des procédures souples et accélérées, le CDCS soutient des projets à impact rapide favorisant la sortie de crise, répondant à un double objectif : faire rapidement bénéficier les populations des « dividendes de la paix » et accompagner le redéploiement de l’État, y compris de ses fonctions régaliennes. Ce civil diplômé en droit international humanitaire possède déjà une solide expérience en matière de « stabilisation », la phase de l’immédiate sortie de crise pendant laquelle sont rétablies les conditions de viabilité minimales d’un État. Après ses débuts de chef de mission au profit de différentes organisations non gouvernementales (ONG), il a été par la suite conseiller politique auprès des Nations Unies dans la bande de Gaza et en Afghanistan avant d’être recruté par le ministère des Armées, en tant que conseiller politique de la Task Force Lafayette en Kapisa (Afghanistan).
« Avec mon casque et mes effets balistiques sur ma tenue civile, je suis l’Équipe France ! »
« En arrivant à Gao pour occuper ce poste nouvellement créé, j’étais conscient du challenge. Mais on m’a tout de suite mis à l’aise et déroulé le tapis rouge ! », confie Guillaume. Les chefs militaires sont convaincus de la nécessité d’une approche globale dans le traitement des racines profondes de la crise. L’action de stabilisation du CDCS s’inscrit dans l’engagement interministériel, elle est mise en œuvre notamment en lien avec le Centre de planification et de conduite des opérations du ministère des Armées. Guillaume se déplace régulièrement dans la région dite des Trois Frontières pour identifier et gérer des projets de stabilisation financés dans des délais très courts, permettant ainsi de poser les premiers jalons d’un processus de relèvement post-crise. « Les projets de stabilisation du CDCS que je suis dans la zone des 3 frontières tiennent compte des impératifs tactiques de BARKHANE et sortent vite de terre. Ils sont parfaitement adaptés au tempo de la Force » explique-t-il.
Des réalisations bien concrètes et un projet pilote qui fera école sur d’autres théâtres
À titre d’exemple, l’électrification de la ville de Ménaka progresse, et la ville est maintenant dotée d’un appareil de radiologie. Un budget de 200 000 euros environ est consacré au renforcement de son réseau d’eau. À Gossi et Labbezanga, les travaux d’amélioration de la sécurité passive des camps des Forces armées maliennes (FAMa) se poursuivent. En 2021, le CDCS contribuera notamment à la montée en puissance des unités légères de recherche et d’intervention maliennes en leur fournissant plusieurs pick-up. « Les populations voient se concrétiser sous leurs yeux les efforts des différents acteurs de la paix. Mon action a du sens et mon poste pourrait être dupliqué à terme sur d’autres théâtres d’opérations ». Le budget annuel des actions de stabilisation au Mali approche les 4 millions d’euros, dont environ la moitié est directement gérée par Guillaume en lien avec Barkhane.
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération BARKHANE a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad. Elle regroupe environ 5 100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Sources : État-major des armées
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