En mars 2018, le gouvernement estonien ordonnait à son armée le déploiement d’un détachement aux côtés de la force Barkhane. L’élément précurseur de ce détachement est arrivé au Mali, en juillet 2018.
Le commandant Edgar du Scout Bataillon, à Gao depuis cinq mois, dresse à la fin de son mandat le bilan de l’année écoulée.
L’armée estonienne est-elle habituée aux opérations extérieures ?
L’Estonie a participé aux opérations en Afghanistan, en Iraq et au Kosovo par exemple. En 2014, l’armée estonienne a instruit des soldats centrafricains dans le cadre d’une mission de l’Union Européenne.
Quelle est la composition de votre détachement, et quelles sont ses missions ?
Le détachement que je commande comprend quarante fantassins du Scout Bataillon soutenus par dix personnes. Nous avons trois missions. Nous contribuons d’abord à la sécurité de la base avancée de Gao en armant l’entrée principale et certains postes de surveillance. Nous assurons ensuite la force de réaction rapide en cas d’incident sur le site et aux alentours. Nous effectuons enfin des patrouilles dans Gao et ses environs.
Nous appuyons ainsi les forces armées maliennes et contribuons à la sécurité des populations.
Comment s’est passée l’intégration de votre détachement au sein de l’opération Barkhane ?
Avant d’être projetés, nous avons suivi une initiation en langue française comprenant du vocabulaire tactique. Nous avons la chance de mettre en pratique cet enseignement. S’il est difficile de s’intégrer pour les militaires qui arrivent, à chaque relève les anciens transmettent aux nouveaux un riche patrimoine. Parce que nous capitalisons sur l’expérience accumulée au cours des relèves, tout va de mieux en mieux. De plus, pour affronter le climat et la rudesse des conditions, nos soldats sont mentalement préparés. Ils ont suivi des formations adaptées.
Les populations locales sont-elles amicales envers les militaires estoniens ?
L’accueil des populations dépend en grande partie des zones que nous traversons. Les gens sont chaleureux lorsqu’ils ont l’habitude de nous voir. Dans d’autres cas, quand les militaires ont une présence moins régulière, l’accueil est plus réservé. C’est compréhensible. Dans notre mission quotidienne de garde et de filtrage, nous sommes au contact de centaines de Maliens venant travailler sur la base avancée. Nous sommes très proches d’eux. Nous avons aussi d’excellents contacts avec les soldats maliens : nous les croisons régulièrement en patrouille.
Quel bilan dressez-vous après un an de présence à Gao?
Nous sommes bien préparés pour le théâtre malien. Nous avons beaucoup travaillé pour harmoniser nos procédures avec les Français. Notre collaboration va donc bon train et nous offre de réelles perspectives. Le mandat initial du gouvernement estonien prévoyait notre présence pour un an. Le mandat est reconduit jusqu’à la fin de l’année 2020.
Avez-vous le sentiment du devoir accompli ?
Je suis satisfait de ce que nous avons réussi à faire, même s’il ne m’appartient pas de juger de la qualité de notre action. Le rythme de la mission est très soutenu, avec des points de situation réguliers, des délais à respecter, une mission exigeante. Les soldats restent des soldats peu importe leur nationalité. Nous avons forcément des différences culturelles. Les Estoniens sont d’un naturel timide, je trouve les Français beaucoup plus enjoués. Il faut alors encourager les rapprochements. Une fois la glace brisée, les relations sont authentiques, chaleureuses et même durables. Pour nous tous, c’est une expérience relationnelle exceptionnelle.
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 4 500 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense