Déployée pendant plusieurs semaines dans le cadre de l’opération BOURRASQUE, une compagnie de Forces armées maliennes (FAMa), appuyée par le détachement de forces spéciales françaises et estoniennes de la Task force (TF) TAKUBA, a mené une succession d’actions visant à combattre l’État islamique au grand Sahara (EIGS) dans une zone où il opère régulièrement. Au sein de la TF TAKUBA, le sergent Pierre-Antoine, chef de binôme de l’équipe de Forces spéciales (FS) françaises, occupe la fonction de Joint terminal attack controler (JTAC). Il est également secouriste au combat de niveau 2.
A 28 ans, et déjà près de dix ans de carrière au sein des FS, le sergent Pierre-Antoine accumule de nombreuses qualifications techniques et tactiques qui lui permettent, comme chacun de ses camarades, d’occuper un rôle central lors de chaque opération. Comme il l’explique, « la particularité de notre format FS est que nous devons réussir à avoir toutes les spécialités possibles pour être complètement autonomes sur le terrain. Chacun dans sa spécialité a donc une grande responsabilité. Je pense que nous nous sommes tous engagés dans les forces spéciales pour ce niveau d’exigence demandé ». Cette polyvalence permet de réduire le format des groupes engagés sur le terrain et ainsi gagner en mobilité et en discrétion. Ces atouts permettent in fine de prendre l’ascendant sur l’ennemi, sur un territoire qui lui est favorable et où il trouve des zones refuges.
Combattant à l’esprit guerrier
Avant tout, le sergent Pierre-Antoine est un combattant du groupe de FS déployé au sein de la TF TAKUBA. « Sur cette opération principalement motorisée, j’étais quotidiennement le “troisième homme” de mon véhicule de patrouille spécialisée ; aux commandes de l’armement lourd du véhicule, en mesure d’appliquer des feux de sommation comme de neutralisation. Lors des missions pédestres, je reprenais mon rôle de chef de binôme au sein du groupe » précise le sergent.
JTAC : le lien entre ciel et terre
Au sein du Task group franco-estonien de TAKUBA, un soldat de chaque contingent occupe la fonction de JTAC. Déployés sur le terrain, les deux militaires travaillent conjointement : « notre mission consiste à assurer le lien avec la troisième dimension, c’est-à-dire tous les moyens drones, hélicoptères, chasse, etc., et les troupes au sol. » Pour préparer cette mission, le binôme a identifié en fonction du rythme de l’opération les moments où un appui 3D serait le plus opportun. Une fois l’opération commencée, ils opèrent en conduite pour confirmer, ajuster, ou annuler les créneaux de passage des moyens aériens. Ainsi, comme l’explique Pierre-Antoine, « il arrive que mon homologue estonien et moi-même ne soyons pas localisés aux mêmes endroits sur le terrain. Dans cette configuration, nous demandons aux pilotes d’assurer l’appui de nos deux positions, soit en simultané en séparant la patrouille, soit l’une après l’autre ».
Secouriste au combat de niveau 2 (SC2) : les soins en situation d’urgence
Déjà secouriste avant de s’engager dans l’armée, cette spécialité de SC2 est apparue assez naturellement pour Pierre-Antoine. Déployé dans une opération où l’autonomie est une composante majeure, le sergent doit se tenir prêt en permanence afin de prodiguer les premiers soins au combat si nécessaire. « Nous étions également accompagnés d’un médecin et d’un infirmier mais mon rôle prend tout son sens en cas de mission en effectif réduit où je peux intervenir en premier échelon », développe le sergent.
Ainsi fort de ses différentes qualifications, le sergent Pierre-Antoine explique : « mon rôle de SC2 prend le dessus quand la situation dangereuse se calme. Je vais d’abord tenter de réduire la menace ou la détruire en combattant, appuyé par ma compétence de JTAC, pour si nécessaire basculer vers mes compétences de SC2. Je trouve mes deux spécialités, au final, très complémentaires ».
Instructeur dans le cadre du partenariat au combat
Enfin, dans le cadre du partenariat au combat mis en place au profit de l’ULRI malienne, le sergent Pierre-Antoine a également participé aux instructions délivrées aux soldats maliens afin que les modes opératoires soient communs. Après plusieurs mois de travail aux côtés des maliens, Pierre-Antoine se dit « satisfait des restitutions notamment compte tenu du court laps de temps de formation. Nous avons réussi à leur apprendre beaucoup de nouveaux procédés en partageant notre expérience opérationnelle avec eux… L’important notamment était la sûreté tout au long de cette longue opération, et c’était agréable de voir qu’ils n’ont jamais baissé leur vigilance et qu’ils étaient, jusqu’au bout, attentifs et professionnels ».
La Task force européenne TAKUBA, créée à l’issue du sommet de Pau du 13 janvier 2020, a pour mission de conseiller, d’assister et d’accompagner au combat les unités conventionnelles maliennes dans la lutte contre le terrorisme. Elle est intégrée à l’opération Barkhane.
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération BARKHANE a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad. Elle regroupe environ 5 100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Sources : État-major des armées
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