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BARKHANE : Rencontre avec le lieutenant-colonel Elsey, chef du détachement Chinook de Gao

Mise à jour  : 12/06/2020

Depuis juillet 2018, un détachement britannique, composé d’une centaine de militaires et mettant en œuvre trois hélicoptères de manœuvre CH-47 CHINOOK, participe à l’opération Barkhane. A ce titre, il est pleinement intégré au sein du Groupement Tactique Désert Aérocombat (GTD-A). Rencontre avec le lieutenant-colonel Simon Elsey, chef de ce détachement stationné à Gao.

Mon colonel, quelles sont les missions des CHINOOK dans l’opération Barkhane ?

Notre mission s’appelle NEWCOME, c’est une mission britannique intégrée dans l’opération Barkhane. Les trois CHINOOK ont été envoyés au Mali pour apporter aux Français une capacité de transport lourd. Forts de cette capacité, nos hélicoptères remplissent à la fois des missions de logistique et des missions de soutien au combat.Cela se traduit par l’acheminement d’eau, de nourriture, de pièces de rechange… En fait, tout ce dont les soldats ont besoin pour réaliser leurs missions sur le terrain ou les différentes emprises.

Pour vous Britanniques, que vous apporte cette coopération avec les français?

Je pense que c’est enrichissant de pouvoir voler en patrouille avec d’autres types d’hélicoptères. Cela suppose de connaitre ces appareils, leurs capacités etleurs performances.En effet, c’est assez inhabituel que des hélicoptères de la Royal Air Force volent avec ceux d’une armée étrangère. Les équipages rentreront au Royaume-Uni avec une grande expérience de ce genre de vols et je pense qu’ils apprécient cela. Nous avons ainsi véritablement développé notre interopérabilité.

Comment avez-vous adapté vos procédures pour travailler ensemble au sein du GTD-A ?

A notre arrivée en bande sahélo-saharienne (BSS), les chefs de bord de nos appareils ont dû harmoniser leurs procédures. Il a fallu discuter avec les chefs de bord français ainsi que l’officier de sécurité des vols pour que les Danois, les Britanniques et les Français utilisent le même format de briefing. Nous avons également abordé les questions techniques concernant les différences entre les hélicoptères : leur vitesse maximale, jusqu’à quelle altitude ils peuvent voler, la capacité d’emport de chacun, quel impact la température extérieure a sur les machines.Ce travail initial nous a permis de nous approprier les spécificités de chaque appareil et d’adopter des procédures communes,de manière à ce que les différences ne soient pas des contraintes.

Est-ce la première fois que vous êtes projeté au Mali et que pensez-vous de cette expérience ?

J’ai déjà été engagé au Kenya à plusieurs reprises mais c’est la première fois que je suis projeté au Mali et je trouve cette expérience enrichissante. C’est probablement l’environnement le plus rustique que j’ai vu. C’est incroyable la quantité de poussière qu’il y a, c’est bien pire que ce que j’ai connu en Irak et les distances entre les bases avancées sont très importantes. Le Mali est un pays immense. A titre de comparaison, la distance entre Gao et Kidal équivaut à celle qui sépare l’est et ouest du Royaume-Uni.Je suis impressionné de voir à quel point les Français maitrisent les vols sur un terrain aussi rustique et je pense que vous, les Français, vous êtes bien adaptés à cet environnement.

Le détachement britannique a atteint les 2 000 heures de vol en opération, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

C’est une belle performance ! Généralement, les milliers d’heures de vol sont célébrés par les équipages et les personnels au sol. Nous sommes au Mali depuis juillet 2018 donc nous savions que les 2 000 heures de vol approchaient. Par conséquent, je surveillais le compteur et on a atteint ce chiffre en avril dernier. A la même période, nous avons également atteint les 1 000 tonnes de fret acheminé et plus de 12 000 militaires transportés. C’est un beau record atteint par les équipages.

Quel est votre meilleur souvenir ?

Nous avons réalisé une mission en début de soirée avec les trois CHINOOK. Habituellement, nous n’en faisons voler que deux et nous laissons le troisième en réserve mais ce soir-là, les trois hélicoptères ont été engagés. C’était une image incroyable de voir les CHINOOK sur le taxiway en attendant le décollage.J’étais fier de voir ces trois hélicoptères décoller tous ensemble.

    

   

Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1eraoût 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 5 100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.


Sources : État-major des armées
Droits : EMA