Opérations
Déployé au sein de la force Barkhane depuis août 2018, le « camion ravitailleur pétrolier de l'avant à capacité étendue », ou CARAPACE, a été engagé pour la première fois au début du mois de mars au sein d’un convoi logistique au départ de Gao. Sa mission : livrer 20 000 litres de carburant à la base avancée de Kidal.
Une première pour le CARAPACE mais également pour l'adjudant Eddy, chef de peloton de transport. Ce sous-officier, formateur sur la plupart des véhicules du service essence des armées confie : « J'ai passé plus de la moitié de ma carrière sur le terrain à conduire des véhicules. Je suis très fier de mener pour la première fois le CARAPACE jusqu'à Kidal, à près de 400km de Gao. »
La maîtrise des très nombreuses fonctionnalités de ce véhicule ne s’improvise pas. Ainsi, tous les pilotes ont suivi une formation spécifique à Biscarosse. Ils y ont notamment réalisé de nombreuses heures de conduite dans les dunes de sable afin de se rapprocher au plus près des conditions de roulage rencontrées en bande sahélo-saharienne.
L'adjudant Eddy présente les capacités qui révolutionnent le quotidien de ces pilotes : « Grâce à un tableau de bord doté de multiples fonctions, il devient possible de presque tout gérer depuis la cabine. » Le pilote du CARAPACE peut ainsi mettre en œuvre sans quitter son poste le "téléflow", un boîtier qui permet de faire évoluer la pression des pneus.
L'adjudant Eddy justifie cette plus-value tout en réalisant la manœuvre : « Cet outil est un gain de temps considérable, pour l’équipage du camion mais également pour l’ensemble du convoi ». En effet, lorsque le véhicule entre dans une zone sablonneuse, la pression des pneus doit être réduite afin de garantir une meilleure adhérence. De retour sur piste dure, le pilote les regonfle instantanément sans sortir du véhicule et sans imposer un nouvel arrêt au convoi.
Ce super poids lourd (SPL) qui compte 10 roues et mesure près de 18 mètres de long développe 440 chevaux, puissance indispensable pour tracter avec aisance ses 44 tonnes. Le CARAPACE dispose d’un blindage dit de « niveau 2 » qui assure une sécurité optimale à ses occupants tout en n’obérant pas ses capacités de franchissement tout terrain. D'après l'adjudant Eddy « il est particulièrement adapté à la bande sahélo-saharienne évoluant sans difficulté dans des zones aussi bien sablonneuses, dures que rocailleuses ». En dépit de son poids et de son gabarit, le CARAPACE demeure particulièrement manœuvrable grâce à un point de pivot au milieu du véhicule qui permet de réduire le rayon de braquage de 10 mètres.
Au bivouac, l'adjudant Eddy installe ses affaires dans le caisson vie situé à l'arrière de la cabine. Egalement blindé, ce compartiment permet d'abriter pour la nuit jusqu'à deux combattants.
Le CARAPACE pourrait encore évoluer dans les années à venir. Ce vecteur logistique devrait être équipé d'un tourelleau de 12.7 mm télé-opéré et bénéficier d’un système de transmissions intégré à la numérisation de l’espace de bataille (NEB).
La force Barkhane emploie actuellement sur le théâtre six CARAPACE et devrait, à terme, en réceptionner une trentaine.
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 4 500 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense
