Cet été, le colonel David, chirurgien-dentiste, a été déployé pour la première fois au Mali dans le cadre de l’opération BARKHANE. Portrait de cet officier de réserve au retour de l’une de ses missions sur la Plateforme désert relais (PfDR) de Tombouctou.
À 56 ans, le colonel David mène de front une double carrière, celle de dentiste civil, basé à Annecy et celle d’officier de réserve au sein du Service de Santé des Armées (SSA). Appelé sous les drapeaux en 1989, il effectue son service national sous la forme d’un volontariat service long en qualité d’aspirant-dentiste de la Marine nationale. Durant 16 mois, il fut affecté à Dakar au Sénégal, un pays où il reviendra en 1996 pour y effectuer une mission de courte durée.
À la fin des années 1990, à la faveur de la suspension du service national, il s’engage pleinement dans la réserve opérationnelle. Installé professionnellement en Haute-Savoie, c’est tout naturellement qu’il intègre la 67e antenne médicale soutenant le 27e Bataillon de Chasseurs alpins.
Depuis le début de l’été, il sert au sein de l’hôpital « ROLE 2 » de la Plateforme opérationnelle désert (PfOD) de Gao. Dans son cabinet dentaire, les rendez-vous s’enchaînent. « En opération extérieure , les dents sont soumises à rude épreuve. La nutrition est différente, le rythme des opérations engendre une modification de l’hygiène dentaire avec parfois moins de brossage de dents et plus de grignotage. Le stress et le manque de sommeil modifient également le pH de la salive, ce qui augmente le nombre d’affections touchant les gencives et les dents. Tout cela concourt à une détérioration très rapide de la situation dentaire avec des douleurs très vives et un impact direct sur la capacité opérationnelle, il nous faut donc pouvoir être présents sur le théâtre pour agir rapidement. »
Basé sur la PfOD, le colonel David effectue régulièrement des déplacements sur les bases opérationnelles avancées (Gossi, Kidal, Ménaka, Tessalit, Tombouctou). « Bien que souvent peu compliqués à traiter, les problèmes de dents sont très vite douloureux. Si les médecins des unités de combat disposent de petits kits dentaires permettant d’intervenir rapidement, ils sont néanmoins vite démunis lorsqu’il s’agit de procéder à un acte demandant une compétence particulière. Il est donc primordial pour moi de pouvoir effectuer des consultations sur place. Cela évite de renvoyer les militaires nécessitant des soins sur Gao et de dépendre des liaisons aériennes pour leur retour ».
Lorsqu’il se rend sur les différentes emprises de l’opération BARKHANE, le colonel David emmène avec lui un cabinet dentaire portable. Présent sur le théâtre depuis le mois de mai 2020, cet outil compact dispose d’un compresseur pour l’aspiration et l’eau ainsi que d’un moteur électrique alimentant les différents outils nécessaires à la réalisation des soins. « Avec ce dispositif unique, je suis en mesure d’effectuer les gestes qui soulagent le patient et évitent son évacuation vers Gao ».
D’ici peu, et avant un nouveau déploiement, le colonel David troquera son treillis contre une tenue civile. Il gardera de cette première opération extérieure au Mali, deux souvenirs particuliers, celui de s'être rendu sur les sites isolés, au plus près des combattants afin d’y exercer sa spécialité ; celui d’avoir pu travailler de concert avec l’ensemble de l’antenne chirurgicale avec laquelle il a été projeté : « ils m’ont réellement ouvert leur porte, me demandant des avis médicaux et me permettant notamment de participer aux prises en charge de blessés, je n’oublierai pas cela. »
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération BARKHANE a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad. Elle regroupe environ 5 100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Sources : État-major des armées
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