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BARKHANE : Monclar, témoignages de soldats au combat

Mise à jour  : 02/04/2020

L’opération Monclar a mobilisé 1700 soldats de la force Barkhane. Collectivement, de nombreux résultats ont été obtenus au cours de plusieurs actions de combat et de nombreuses opérations de fouilles, de ratissages et d’infiltrations.

Ces moments particulièrement intenses, pour les soldats qui les vivent, sont l’aboutissement d’une préparation individuelle et collective exigeante, initiée plusieurs mois avant l’opération, et qui est le plus souvent l’aboutissement d’une préparation opérationnelle et personnelle de plusieurs années. Ces actions de combat font l’objet de retours d’expérience qui permettent de comprendre l’ennemi, d’adapter parfois des procédures, et d’améliorer l’action de la force. Mais ces récits permettent également de comprendre ce que vivent les soldats, ce qui les anime dans l’action. Ces témoignages font partie de « l’expérience » de troupes professionnelles, opérationnelles et combattantes. Rencontre avec quelques soldats de l’opération Monclar, engagés dans une action de combat.

« J’avais été chargé de reconnaitre un itinéraire sur 25 kilomètres pour identifier et reconnaitre une zone de ravitaillement pour le Groupement tactique désert (GTD) « Centurion », » explique le capitaine Marc-Antoine, capitaine adjoint du SGTD « Gris ». « C’était une mission somme toute classique sans difficulté majeure. »

En tête de la colonne, le peloton de reconnaissance et d’intervention (PRI) du SGTD éclairait la progression. « Nous étions en  formation étalée pour reconnaitre un maximum de terrain afin de faciliter le franchissement des véhicules lourds du convoi », explique le lieutenant Quentin, chef du PRI, « mes patrouilles évoluaient dans une formation classique ».

Vers 10h00 du matin, le maréchal des logis Jovan, chef de patrouille au PRI, à bord d’un véhicule blindé léger (VBL) a abordé un mouvement de terrain descendant avec son pilote et un troisième homme en position de cavalier porté à l’arrière de l’engin. « C’était une patrouille comme on en fait tous les jours ici à Barkhane quand tout à coup j’ai vu une moto face à nous, alors que nous étions loin de toute zone peuplée. Tout près, à une trentaine de mètres peut-être, les deux personnels sur la moto ont semblé paniquer et d’un coup ont abandonné leur moto. Et c’est là que j’ai vu les AK47. »

Le capitaine Marc-Antoine, commandant l’unité, reçoit les premiers comptes rendus sur l’action en cours et témoigne. « Quand j’ai entendu que mon élément de tête était au contact, j’ai tout de suite essayé de réfléchir à une manœuvre permettant au SGTD d’agir », précise le capitaine. « J’ai donc immédiatement orienté ma manœuvre pour faire face à cette nouvelle donne, et ainsi dominer l’adversaire. »

Le soldat de 1ère classe Tahina, cavalier porté à l’arrière du VBL témoigne. « Quand j’ai vu les AK47, comme mon chef de patrouille, je ne me suis plus posé de question. Je savais que le contact allait être imminent. Dans ces cas, il faut appliquer tout ce que l’on a appris avant. »

Le maréchal des logis Jovan poursuit. « Après les premiers échanges de tir, une deuxième moto est apparue face à nous. Les terroristes ont eu la même réaction, ils ont jeté la moto en essayant de nous prendre à partie mais cette fois-ci, nous nous sommes directement portés sur leur position. Ils ont pris la fuite, quand une troisième moto est arrivée. Quelques instants après, nous avons aperçu 10 autres terroristes. Les échanges de tir ont été vifs. Le peloton a manœuvré, et un VBL armé d’une mitrailleuse de calibre 12,7mm s’est mis à tirer et toutes les armes se sont tues d’un seul coup. »

A démarré alors une phase de combat qui a duré près de deux heures, au cours de laquelle ont alterné des phases de recherche de l’ennemi, des prises à partie et des ruptures de contact. « Au bilan, je pense que ce qui a fait la différence c’est la détermination du détachement », se souvient le capitaine. « Il n’y a pas eu de doute dans l’esprit des soldats. L’objectif de notre mission était clair. Dans l’action, l’unité a déroulé des actes élémentaires, des cadres d’ordres, des schémas connus pour prendre l’ascendant sur l’ennemi. »

Le soir venu, en sécurité à l’intérieure de leur base opérationnelle avancée temporaire installée pour la nuit, les soldats du SGTD ont longtemps parlé entre eux des évènements de la journée vécus ensemble au combat. « Cette verbalisation est essentielle. En mettant des mots sur des ressentis, des émotions et les actes vécus, cela contribue à extérioriser la pression », précise le capitaine.

Le cavalier porté de 1ère classe Tahina repense à cette journée : « c’est un évènement que je n’oublierai pas. C’était le moment le plus intense de ma vie de soldat. J’ai découvert une autre facette de moi-même. Je suis fier de notre réaction collective et de mon action au profit du groupe. Je mesure tout l’apport des entraînements, des aguerrissements, des séances de tirs, de notre préparation, etc. Cela nous a préparés à cette action. Durant ces minutes, j’ai oublié la peur. Mais au fond, je n’ai fait que mon devoir de soldat, ce dont je suis fier ! »

     

Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 5100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.


Sources : État-major des armées
Droits : EMA