Inauguré en mars à Niamey, le poste de commandement conjoint (PCC) est au cœur des opérations conduites en zone des trois frontières (Mali, Burkina-Faso, Niger) par la force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S). Au sein de cet état-major, qui réunit des militaires de la force Barkhane et de la FC-G5S, se trouve une cellule à part entière appelée « J9 » qui conçoit et planifie toutes les actions civilo-militaires (ACM).
Le commandant Jean-Charles, engagé dans l’opération Barkhane, est un « expert » dans le domaine des ACM. A la création du PCC, il a été choisi pour travailler en binôme avec le lieutenant-colonel Mathieu, officier tchadien de la FC-G5S. Il explique : « Au sein du PCC, nous sommes là pour conseiller, pour aider la FC-G5S chacun dans nos domaines de spécialité. Nous connaissons la manœuvre théorique et nos partenaires africains connaissent davantage les caractéristiques du terrain ».
Les troupes de la FC-G5S, en coordination avec la force Barkhane et les armées partenaires, poursuivent leur progression dans les zones refuges, où sont retranchés des Groupes Armés Terroristes (GAT). Le commandant Jean-Charles précise « nous demandons aux hommes sur le terrain de faire une caractérisation des lieux qu’ils traversent : qui est le chef du village, y’a-t-il des écoles, des dispensaires, des puits, du bétail, etc. Et cela nous permet de voir ensuite quel axe l’effort développer pour leur venir en aide efficacement lors du contrôle de zone. L’objectif est bien de leur permettre de s’intégrer rapidement dans leur zone d’action ».
Dans des villages où les moyens de communication sont très limités, le premier enjeu est de rassurer et d’informer la population sur l’existence de la FC-G5S et son rôle. « Par le biais d’interlocuteurs privilégiés, nous avons pris liaison avec des radios communautaires afin de sensibiliser la population à notre manœuvre et diffuser nos informations au plus grand nombre, dans la langue la plus parlée et la mieux comprise de la zone d’opération, c’est-à-dire le tamasheq » détaille le commandant Jean-Charles. Son homologue tchadien complète : « Il y a aussi des actions à proprement dites comme la distribution de vivres, de médicaments, et les soins. Les résultats sont vraiment positifs. Depuis 6 mois, nous avons d’ailleurs conduit plus de 15 projets d’envergure dans notre zone d’opération ».
En zone des trois frontières, la population locale est une source d’informations primordiale. « Dans les zones où ont eu lieu les distributions, la population nous a fait confiance et nous a aidés en retour » poursuit le LCL Mathieu. Pour lui, les futurs objectifs sont clairs « dans chaque nouveau village, notre travail commun doit permettre aux forces partenaires et à Barkhane d’avoir le soutien et la confiance de la population rencontrée. Ensuite, nous contrôlons toute la zone des trois frontières pour mettre en place des actions d’envergure en faveur des villageois, pour qu’enfin, à terme, et dans le cadre de travaux menés en parallèle, les organisations non gouvernementales et l’administration reviennent et que l’économie reprenne ».
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 5 100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Sources : État-major des armées
Droits : EMA