Le danger que représentent en bande sahélo-saharienne les mines, les munitions non-explosées et les « engins explosifs improvisés » (Improvised Explosive Ordnance en anglais, ou IED) est bien connu. Pour autant, les différents acteurs intervenant dans la prise en compte de cette menace le sont beaucoup moins.
Contre les IED, les mesures de protection peuvent être actives comme la reconnaissance par drones ou la vérification de non-pollution par les unités du génie de combat, mais également passives à l’image du blindage accru des véhicules, ou des contre-mesures électroniques par exemple. Ces mesures garantissent au soldat d’éviter la majorité des incidents liés aux IED ou d’atténuer leurs conséquence. Néanmoins, ces modes d’action mis en œuvre par les groupes armés terroristes font également intervenir toute une chaîne d’acteurs.
En premier lieu, les sapeurs de combat qui sont en mesure de détecter et détruire une grande variété d’engins explosifs. Tous les sous-officiers de cette spécialité peuvent se charger de la destruction ou la neutralisation de la plupart des explosifs conventionnels.
Ensuite face à des menaces plus complexe comme celles des explosifs parfois réalisés de façon artisanale par les terroristes, la force Barkhane compte également dans ses rangs des équipes EOD (Explosive Ordnance Disposal) capables de neutraliser tout type d’engins explosifs, conventionnels ou improvisés.
Cette lutte contre les IED n’est pas cantonnée à la dépollution de l’espace de bataille. Elle s’inscrit dans une approche plus globale, fondée sur 3 piliers interactifs : préparation et entraînement de la force, avant et pendant son déploiement ; lutte contre les engins explosifs sur le terrain ; attaque des réseaux logistiques et opérationnels ennemis dans toute la zone d’opération grâce au renseignement, au ciblage, aux contrôles de zone, ou aux opérations de fouille.
Ainsi, en cas de découverte d’un IED, des équipes d’exploitation nommées WIT (Weapon Intelligence Team) entrent en jeu pour fournir une analyse tactique et technique de l’engin en vue d’améliorer la connaissance des modes d’action ennemis et les mesures de protection qui doivent en résulter.
Ces éléments récoltés sont alors scientifiquement analysés par le laboratoire d’exploitation contre-IED, dénommé CIEL (Counter Improvised Explosive Laboratory), présent sur le théâtre d’opérations.
Une réflexion conjointe avec plusieurs organismes de renseignement et de sécurité en métropole et tous les partenaires de Barkhane sur le terrain se met alors en place pour déterminer des mesures de protection à adopter face à l’évolution de la menace.
Le lieutenant-colonel Richard, officier C-IED au sein du poste de commandement interarmes de théâtre précise à ce sujet : « La lutte C-IED est une guerre dans la guerre. Résoudre la crise au Sahel passera par la prévention sur le danger des mines et des engins explosifs au profit de la population locale, des ONG et les forces de sécurité locales. Dans le domaine de la lutte C-IED au Sahel, Barkhane et ses partenaires s’emploient à faire converger leurs actions pour maximiser leurs effets, en constituant une véritable coalition ».
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 5 100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense