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BARKHANE : Le partenariat de combat est au cœur de la mission de Barkhane

Mise à jour  : 01/07/2020

Engagé depuis plusieurs mois dans l’opération Barkhane en tant que commandant en second du groupement tactique désert (GTD) « Dragon », le lieutenant-colonel Sébastien est responsable de l’ensemble des actions de formation et du partenariat de combat au sens large de son groupement. Il répond à nos questions.

Mon colonel, vous avez piloté et suivi l'ensemble des actions de formation du GTD « Dragon » depuis plusieurs mois, que pouvez-vous nous en dire ? 

La mission principale du GTD « Dragon » dans le domaine du partenariat militaire opérationnel (PMO) consiste à développer l’autonomie de nos partenaires (Maliens, Nigériens et Burkinabè). 

Ce partenariat de combat, qui passe par le renforcement des capacités militaires techniques et tactiques ainsi que par l’accompagnement au combat des troupes partenaires, fait partie intégrante de notre mandat. 

L’objectif est de renforcer leurs capacités opérationnelles et de leur redonner confiance. « Dragon » a établi une excellente dynamique avec les unités des Forces armées maliennes (FAMa) déployées à Gao, Gossi et Tombouctou permettant ainsi de répondre avec efficacité aux différentes attentes et aux besoins locaux. 

De fait, « Dragon » a systématiquement formé ses partenaires selon le principe suivant : des séances d’instruction et d’entraînement conjoints pragmatiques, conduites par ses détachements de liaison et d’accompagnement (DLA) ou par ses différentes unités. Ces séances se poursuivaient à nos côtés, par une mise en pratique progressive lors d’opérations sur le terrain (patrouilles ponctuelles, opérations de contrôle de zone de 24 à 48h, opérations de trois à cinq jours jusqu’à des opérations de plusieurs semaines). La pédagogie en cours dans l’armée française et tout particulièrement à la Légion étrangère, reposant sur les démonstrations et la répétition de gestes simples pour qu’ils deviennent des réflexes, s’est révélée particulièrement performante. Il s’agit de transmettre des savoir-faire essentiels et une expérience opérationnelle à nos partenaires. Il faut travailler et répéter les gestes techniques pour leur « apprendre à faire parfaitement des choses simples ». 

Les résultats sont très encourageants grâce à l’investissement des stagiaires et de leurs cadres qui suivent ces formations avec intérêt et bon esprit. 

Durant plusieurs mois, en parallèle de la conduite des opérations, le GTD « Dragon » aura principalement conduit la formation et la montée en puissance de la première Unité légère de reconnaissance et d’intervention (ULRI) sur Gossi. Il aura également conduit des formations de Guetteurs aériens tactiques avancés (GATA). En outre, des entraînements conjoints au profit de sections du bataillon de l’armée reconstituée (BAR) de Tombouctou ont été également organisés. Enfin, et c’est l’essentiel, toutes ces activités ont systématiquement donné lieu à des mises en pratique dans le cadre d’opérations réelles. 

Pouvez-vous revenir sur une action de formation en particulier ? 

La montée en puissance des ULRI est sans aucun doute l’activité la plus marquante de notre mandat. 

En gestation depuis l’été 2019, le concept des ULRI est né au sommet de Pau de la volonté de doter les FAMa d’unités capables de répondre par le mouvement et l’agilité aux agressions et aux modes d’action des groupes armés terroristes (GAT). Ces ULRI améliorent le dispositif tactique des FAMa face aux GAT et leur permet de mieux se déployer hors de leurs emprises afin de mieux contrôler l’environnement physique dans leurs zones d’engagement. 

La 4e unité méhariste des FAMa a été entrainée dans ce nouveau format mixant des patrouilles légères sur des motos et des véhicules d’appui. 

Cette formation très complète et innovante a commencé en février pour se terminer mi-juin et a été organisée en liaison très étroite avec le commandant du secteur 1 des FAMa. 

Ces actions de formations visent à permettre la montée en gamme de nos partenaires? Sont-ils demandeurs? Sont-ils au rendez-vous ? 

Ces actions de formation visent à renforcer leurs capacités opérationnelles et in fine leur redonner confiance. C’est la première étape vers l’autonomisation. 

Nous sommes très souvent sollicités par nos partenaires. Dans le secteur de Tombouctou, la 5e Région militaire suit avec intérêt la dynamique PMO dans la zone du Gourma : fort des informations qu’elle a reçues, elle a demandé des formations GATA et des entrainements conjoints pour accompagner la montée en puissance du BAR récemment équipé des véhicules Typhon. 

Le stage GATA est particulièrement prisé car il permet d’intégrer dans toutes les unités maliennes engagées sur le terrain, des soldats ou des cadres formés au guidage des avions de chasse français ou maliens. Cela facilite grandement l’engagement de l’appui aérien à leur profit, leur donnant beaucoup d’assurance dans les opérations autonomes qu’ils conduisent. Dans ce cadre, nous avons formé les trois premiers instructeurs GATA qui vont désormais pouvoir conduire seuls ce type de stage et accroitre ainsi le nombre de guetteurs aériens tactique. 

Toutes les formations que nous avons réalisées, ont été certifiées par des engagements progressifs et répétés en opérations. Les sections ULRI ont été engagées au combat et ont connu « l’épreuve du feu » à nos côtés contre des GAT dans le Gourma, avec des résultats opérationnels très satisfaisants. Les GATA ont quant à eux guidé, avec une grande efficacité, des avions français ou maliens lors d’attaques de postes ou de convois. 

Les actions que nous conduisons au profit des forces partenaires nécessiteront d’être poursuivies à mon sens pendant de longs mois afin qu’elles renforcent progressivement leur autonomie opérationnelle. 

Plusieurs de vos unités ont combattu dans le Gourma et dans la zone des 3 frontièresaux côtés des forces armées maliennes et nigériennes, comment ont-elles vécues ce partenariat de combat ? 

Nos DLA et nos unités accompagnent systématiquement des unités partenaires au combat. Bénéficiant d’une bonne connaissance de l’encadrement et des soldats qu’ils ont formés ou qu’ils côtoient, le dialogue et les habitudes de travail sont au rendez-vous et sont source d’efficacité. L’un de nos DLA a d’ailleurs patrouillé dans le Gourma avec des sections maliennes et une section nigérienne pendant plusieurs semaines. Mais c’est un partenariat à double entrée, l’un apporte à l’autre et vice versa. Outre la liberté d’action qu’offrent des troupes aux matériels adaptés aux contraintes locales, les unités partenaires connaissent bien le terrain dans lequel nous évoluons et permettent un contact étroit avec la population grâce à la connaissance des langues locales ainsi que des us et coutumes. 

         

Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 5100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.


Sources : État-major des armées
Droits : EMA