Du 10 au 29 avril, le Groupement Tactique Désert Aérocombat (GTD-A) « Hombori » a conduit une série d’opérations contre les Groupes Armés Terroristes (GAT), associant ses hélicoptères et son Sous-Groupement Commandos Montagne (SGCM). Ces opérations se sont déroulées dans le Liptako malien, une région située à proximité de la zone dite des trois frontières (Mali, Burkina Faso et Niger). Epilogue de cette séquence de harcèlement des GAT dans leur zone refuge, l’opération héliportée menée le 29 avril a permis de neutraliser plusieurs terroristes. Retour sur une journée au cœur de l’action.
Malgré l’heure très matinale à Gao, le Centre Opération (CO) du GTD-A est en pleine activité. Depuis 4h du matin, une opération se prépare. « Pour préparer l’action que nous comptons mener aujourd’hui », explique le lieutenant-colonel Brice, chef des opérations du GTD-A, « nous disposons de capacités Intelligence, surveillance, reconnaissance (ISR) grâce au drone Reaper de la Base Aérienne Projetée (BAP) de Niamey, au Niger. Il vient d'ailleurs de déceler une attitude suspecte, mais nous attendons de voir où cette piste va nous mener. »
Le jour s’est levé depuis quelques heures quand, vers 8h30, tout s’emballe. « Des terroristes pourraient se trouver dans une forêt », révèle le chef des opérations. « Le commando est en alerte, nous allons les déposer sur cette zone. »
Appelé d’urgence au CO, le chef des commandos, le lieutenant Guillaume, rassemble tous les éléments d’information utiles à sa mission. Il se dirige vers la salle de briefing où l’attendent ses hommes. Il est accompagné par le chef de patrouille des Hélicoptères de Manœuvre et d’Assaut (HMA). Après que le lieutenant ait donné ses ordres, les commandos partent s’équiper pour rejoindre les HMA qui déjà, ont commencé leurs procédures de mise en route des machines.
En quelques minutes, l’unité commando quitte ses baraquements et traverse le taxi-way de la piste de Gao pour rejoindre la zone aéro où les attendent les pilotes. Concentré, chaque équipier connaît sa mission. « Ils ont repéré une moto dans un oued boisé », détaille en chemin le caporal-chef José. En ordre, le commando au complet embarque dans les hélicoptères qui décollent bientôt, laissant derrière eux la Plateforme opérationnelle désert (PFOD).
Partie au-devant des commandos, une patrouille d’Hélicoptères de Reconnaissance et d’Attaque (HRA) a décelé plusieurs motos en fuite. « Au regard de la nouvelle donne tactique », confie le lieutenant-colonel Brice, « je viens d’assigner à l’unité un nouvel objectif. »
Réorienter rapidement la manœuvre est un savoir-faire auquel le GTDA est rompu. « La réactivité en conduite dont nous faisons preuve est possible grâce aux hélicoptères » explique le chef des opérations. « Par ailleurs, nos commandos sont habitués à s’adapter très rapidement. »
Dans les hélicoptères, les nouveaux ordres ont été transmis. « On a reçu de nouvelles coordonnées », relate le lieutenant Guillaume. « C’est là que l’on voit toute l’interaction qu’il y a entre nous et les équipages puisque nous sommes tous sur la même fréquence. »
La zone d’atterissage se profile. Les commandos retrouvent un terrain âpre et rugueux qu’ils connaissent bien, et c’est sous une chaleur écrasante (47°C au plus fort de la journée) qu’ils entament le ratissage d’un oued boisé où chaque arbuste peut cacher du matériel. Au-dessus d’eux, un hélicoptère Tigre se tient en appui, prêt à intervenir au besoin, et encore plus haut dans le ciel, le drone Reaper renseigne sur la situation. Huit heures durant, les commandos vont fouiller chaque parcelle de terrain, ne laissant aucun répit aux terroristes qui s’y cachent.
« Le bilan de l’opération conduite aujourd’hui est très positif », confie le lieutenant-colonel Brice. « Nous avons pu neutraliser un groupe ennemi, détruire une dizaine de motos et saisir énormément de matériel. C’est une belle réussite collective ». La nuit est tombée lorsque les hélicoptères rentrent à la base. « On s’entraîne durement toute l’année et quand on voit le résultat d’une journée comme celle-ci, on ne peut qu’être satisfait du travail réalisé, » se réjouit le lieutenant Guillaume.
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 5100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Sources : État-major des armées
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