Véritables anges gardiens des troupes engagées au sol, les équipages du détachement de l’aviation de chasse de la base aérienne de Niamey effectuent quotidiennement des missions d’appui aérien dites de Close Air Support, notamment pour sécuriser les convois logistiques réalisés par la force Barkhane. Le capitaine Olivier, pilote de Mirage 2000D explique son rôle dans ce cadre.
« Le détachement est activé sur une mission dès lors que le responsable du convoi en fait la demande et que celle-ci est ordonnée par le poste de commandement interarmées de l’opération Barkhane de N’Djamena et le JFAC/AFCO (Joint Force Air Command/Afrique centrale et de l’Ouest). De manière générale, sur les convois logistiques de la force Barkhane, notre appui est sollicité sur des séquences clés. Pour organiser la mission nous avons besoin d’informations importantes comme la fréquence radio, l’indicatif des troupes au sol ou bien encore leur point de départ. L’échange avec le chef de convoi devient alors essentiel. Ce qu’on appelle le « situation update » nous permet de savoir combien de militaires font partie de la mission, leur localisation ainsi que les différents points de passage prévus. Ces informations nous sont capitales pour prévoir une zone de ravitaillement en vol avec le détachement Boeing C-135. Ces points de situation permettent également d’identifier leurs besoins et donc nous orientent sur ce que l’on doit chercher.
Nous décollons systématiquement en patrouille mixte pour ce type de mission ; un Mirage 2000D biplace et un Mirage 2000C monoplace. Nous nous répartissons le travail en amont entre les deux aéronefs afin d’avoir une vision optimale de l’ensemble du dispositif. Le navigateur du Mirage 2000D dispose d’un pod laser composé d’une caméra zoom et d’un contraste chaleur. Les pilotes quant à eux, disposent de jumelles et d’appareils photos. »
« Pendant la mission, nous fournissons en temps réel au chef du convoi des renseignements sur sa zone d’action. Rien ne doit être laissé au hasard ; la présence d’un berger avec son troupeau évoluant plus loin doit faire l’objet d’une anticipation car des ralentissements seront à prévoir pour les chauffeurs.
Il faut garder à l’esprit qu’au sol, un détour peut prendre plusieurs heures. En saison des pluies, certaines pistes peuvent rapidement devenir impraticables. Notre rôle est d’être en mesure de proposer au convoi l’itinéraire optimal pour faciliter sa progression.
Ensuite, si une panne se déclenche sur l’un des véhicules du convoi, l’ensemble du dispositif est stoppé. Cet arrêt peut rendre les troupes au sol vulnérables. Notre mission dans ces cas toutefois rares, est de les couvrir le temps du dépannage. Nous restons le temps qu’il faut et sommes en mesure de nous faire relever sur position si besoin. Dans le Gourma, il nous est arrivé de rester plusieurs heures aux côtés du convoi. Nous avions dû ravitailler à quatre reprises afin de permettre à nos camarades au sol d’accomplir leur mission plus sereinement. »
Enfin, en cas de dégradation de la situation tactique, nous conservons naturellement la possibilité de réaliser des shows of presence, des shows of force voire de délivrer de l’armement. »
« Il faut savoir que les convois représentent une grande majorité de nos missions dans le cadre de l’opération Barkhane. C’est appréciable d’échanger avec nos camarades au sol, de savoir qu’on les appuie et d’assurer en quelque sorte leur protection. Parfois, notre simple présence dissuade l’ennemi de toute velléité d’attaque.
De plus, notre complémentarité avec le détachement drones prend tout son sens lors de ces missions d’escortes. Le Reaper est très discret et peut rester 24 heures en vol. Les équipages effectuent des reconnaissances en amont des nôtres et nous communiquent des informations capitales pour mener à bien la mission. »
Grâce à ses avions de chasse, la force Barkhane conserve la capacité d’intervenir sur l’ensemble de sa zone d’action de façon réactive, proportionnée et décisive.
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 4 500 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense