Le samedi 16 janvier à Niamey, 5 heures du matin, H-3. Ce n’est pas encore le week-end pour l’équipage d’un A400M Atlas après une semaine de renfort marathon au profit de la Force Barkhane. La mission du jour est tombée la veille. Il faut ravitailler par largage les forces françaises et maliennes engagées sur le terrain. Au total, plus de 90 tonnes d’eau, nourriture et carburant doivent être livrés en moins de 36 heures, grâce au C130J et à l’A400M Atlas. La manœuvre est complexe, en vol comme au sol. Le largage de matériel est une capacité nouvelle sur l’Atlas. Les équipages, bien qu’entraînés en France, l’ont encore peu pratiqué en opération.
La veille au soir, le chargement des colis a lieu. Pour le néophyte, une charge est une curieuse palette de matériel d’environ 6 m3 pour 2 tonnes, bardée d’élastiques, de para corde, de fil à casser. Pour les professionnels que sont les loadmasters et largueurs, c’est une mécanique de précision qui garantira le largage et le déploiement des dix parachutes par charge avec une cadence précise au dixième de seconde près et l’atterrissage de celles-ci avec une précision remarquable. Dans le même temps se tient la réunion Air-Terre, trait d’union entre le sol et le ciel. Les coordonnées de la zone de mise à terre sont confirmées, les cas possibles d’anomalies sont évoqués. Alors que les premières charges devront être larguées à 8 heures précises, les officiers renseignement font état d’une présence adverse diffuse dans la zone.
Ce samedi matin donc, à trois heures du largage, l’équipage qui se rend à l’avion, chacun passant en revue ce qu’il a à faire, comment réagir à l’imprévu.
H-1 heure : l’A400 Atlas n’a aucun mal à s’arracher du sol malgré la chaleur africaine.
H-30 minutes : « cargo du cockpit, préparation au largage ». Après 30 minutes de transit en haute altitude, la soute s’anime. Grâce aux liaisons de données tactiques, les pilotes coordonnent les moyens au sol et en vol : chasseurs, drones, hélicoptères évoluent dans une zone dense, à la situation tactique changeante. Tous les voyants sont au vert.
H-10 minutes : l’avion plonge vers le sol et slalome entre les obstacles naturels à quelques dizaines de mètres du sol et à plus de 500km/h. Cette technique permet d’être le moins visible possible, et de ne pas laisser, grâce à la vitesse, le temps à l’adversaire d’entreprendre quoi que ce soit.
H-1 minute : l’avion décélère, ouvre la rampe, les ultimes préparatifs sont terminés, les loadmasters annoncent aux pilotes : « cockpit du cargo, soute prête au largage ». Maintenant, il faut trouver la zone, un rectangle de 1000 mètres par 300 composé de sable, d’arbustes et de cailloux.
« 5, 4, 3, 2, 1, vert ! ». Les derniers taquets retenant les charges sont effacés, celles-ci entament une dérive contrôlée vers la sortie de l’avion, il est 8h précises. Quinze secondes et quinze tonnes larguées plus tard, l’avion accélère et rentre à Niamey. « A400M du sol, toutes les charges sont au sol, vous avez fait carreau ! ».
Ce samedi, le C130J et l’A400M Atlas ont réalisé 5 livraisons. Le soir venu, le compte rendu est simple : mission effectuée conformément à la mission. Le week-end attendra cependant encore, car il faut maintenant préparer la mission du lendemain.
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération BARKHANE a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad. Elle regroupe environ 5 100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Sources : État-major des armées
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