A travers une interview, le commandant Sergio, affecté au CRR-FR (Corps de Réaction Rapide France) localisé à Lille, fait part de son expérience en tant que militaire espagnol au sein du PCIAT (poste de commandement interarmées du théâtre) de l’opération Barkhane.
En tant que commandant dans l’armée de terre espagnole, il appartient à l’Arme des Transmissions. Il a travaillé durant trois ans au Bureau des affaires internationales de l’état-major de l’armée de terre espagnole, à la cellule OTAN.
Fort d’un brevet de l’Ecole de Guerre à Paris, promotion 22 Maréchal Leclerc (2014-2015), et de diplômes en Télécommunications (2007) et en Guerre Electronique (2010), ce commandant marié à une Française et père de trois filles, est depuis août 2018 intégré à la section J5 Plans & Doctrine, au sein du CRR-FR.
de l’Ecole de Guerre à Paris, promotion 22 Maréchal Leclerc (2014-2015). Diplômé en Télécommunications (2007) et en Guerre Electronique (2010).
Quelle est votre mission ici au sein du PCIAT ?
Occupant la fonction d’officier traitant au J35, je suis chargé d’animer les Groupes de Planification Pluridisciplinaire Opératifs pour les opérations menées dans la région du Liptako, avec mes camarades français de J35, et de produire les ordres d’opérations qui découlent de ces GPPO.
Mon rôle est de coordonner ce que l’on souhaite faire selon les critères « quand, comment, où, pour quoi, avec qui » . Pour chaque opération dont je suis responsable, j’étudie les capacités des unités disponibles et enfin, je produis des ordres cadrés et cohérents qui permettent aux unités subordonnées de mener à bien leurs opérations.
Est-ce la première fois que vous travaillez en opération avec l’armée française ?
J’ai croisé des militaires français en opération au Kosovo en 2005 et en Afghanistan en 2006, mais avec très peu de contact au niveau professionnel. La première fois où j’ai travaillé en collaboration avec l’armée française, c’était l’année dernière au sein de l’Advisory Task Force (ATF) de l’EUTM (European Union Training Mission) à Bamako. La langue de travail dans l’ATF était le Français et les rapports de travail avec mes chefs et camarades français étaient très bons.
D’ailleurs, à mon arrivée, les Français étaient chaleureux ; j’ai pu échanger quelques mots en Chtimi avec l’épouse du colonel français commandant l’ATF puisqu’elle venait du nord de la France, de Valenciennes je crois. De plus, en 2018 au Mali j’avais rencontré des officiers français que j’ai par la suite retrouvés au CRR-FR à mon arrivée en août 2018.
Concernant mon expérience avec les Français, je l’ai toujours trouvée exceptionnelle, tant l’année dernière qu’à N’Djamena aujourd’hui. Je me sens comme chez moi et j’ai toujours été très bien accueilli par les Français, militaires et civils.
Quels sont les objectifs de votre mandat ?
J’ai trois grands objectifs. D’une part, montrer que l’Espagne tient aussi bien à l’un de ses plus importants alliés qu’est la France à travers sa participation à l’opération Barkhane, qu’à la paix et la sécurité à l’échelle internationale. En ce moment, l’Espagne participe à l’opération Barkhane non seulement avec des avions de transport destinés aux vols Intra-Théâtre mais aussi, d’une manière plus indirecte avec sa participation à l’EUTM au Mali qui vise à améliorer les capacités des FAMa (Forces Armées Maliennes). L’Espagne participe activement à toutes les opérations de l’Union Européenne, et dans une partie des opérations des Nations-Unies et de l’OTAN. L’Espagne a décidé de me faire participer à l’opération Barkhane pour soutenir la France dans sa lutte contre le terrorisme car l’Afrique et la sécurité intérieure commence bien loin de nos frontières.
D’autre part, en ce qui concerne mon poste, je souhaite que ma nationalité ne puisse pas amoindrir la qualité de mon travail. Je fais de mon mieux pour y arriver. J’espère que mes camarades français ne se rendent pas compte que ce poste est actuellement occupé par un espagnol ; à part mon accent et les petites fautes d’orthographe que je fais par méconnaissance ou à cause du clavier AZERTY !
Enfin, L’Espagne participe activement dans toutes les opérations de l’Union Européenne, et dans une partie des opérations des Nations-Unies et de l’OTAN. L’Espagne a décidé de me faire participer à l’opération Barkhane pour soutenir la France dans sa lutte contre le terrorisme car l’Afrique et la sécurité intérieure commence bien loin de nos frontièrmon objectif est d’arriver à penser que ma famille et amis, espagnols et français, l’Afrique, l’Europe et le monde, vont être un tout petit plus en sécurité grâce à mon travail ici.
Je veux également apprendre des militaires français, leur manière de penser, de faire face aux problèmes et d’agir avec les Forces armées françaises en opération.
Faire partie de l’opération Barkhane est pour moi un honneur. Je me considère très chanceux d’avoir l’opportunité de participer à cette opération qui fait autant pour la sécurité en Espagne, en France et finalement, en Europe.
Depuis le début de votre mandat, quelle est l’image qui vous a le plus marqué ?
Mon expérience opérationnelle au sein des Quartier Généraux a toujours eu un caractère très international ; au Kosovo j’ai côtoyé des Italiens, des Allemands, des Suisses, des Autrichiens, puis à deux reprises en Afghanistan des Italiens, des Américains, des Ukrainiens, des Lituaniens, et finalement à l’EUTM Mali plus de vingt nationalités, dont des Français.
Auparavant, je n’avais jamais occupé un poste en opération, au sein d’un poste de commandement constitué à 99% d’une même nationalité, avec un seul but, un seul intérêt, une compréhension très rapide de ce qu’il faut faire et de la manière dont il faut le faire en équipe.
Ce qui m’a le plus marqué, c’est l’unité d’esprit de tous les membres du PCIAT et des unités qui composent la Force Barkhane. Je vois la Force Barkhane comme un grand bateau à rames, où tout le monde sans exception rame dans la même direction.
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 4 500 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense