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BARKHANE : Immersion au cœur d’une mission chasse en bande sahélo-saharienne

Mise à jour  : 01/07/2020

Au détachement chasse de la Base Aérienne Projetée (BAP) de Niamey, en salle d’opérations, le commandant Benjamin navigateur officier système d’armes (NOSA) et le lieutenant Antoine, pilote de Mirage 2000D retrouvent un second équipage. En bande sahélo-saharienne, les avions de chasse volent toujours par deux, en patrouille, un leader et un équipier. Durant chaque mandat, des équipes de quatre sont constituées. Le commandant Benjamin précise « Nous volons presque toujours ensemble, cela permet de développer des habitudes de travail, et d’améliorer la synergie au sein de la patrouille. » Ils attendent les ordres précis mais savent déjà que le lendemain ils décolleront ensemble pour une mission d’appui aérien rapproché ou Close Air Support (CAS), au profit des troupes au sol.

18h00, la salle d’opérations s’anime, l’Air Task Order (ATO) vient d’arriver. Toutes les informations pour préparer le vol sont dans ce document : objet de la mission, lieu, horaires, coordonnées géographiques des points à survoler, fréquences radios à utiliser, ravitailleur, ou encore la zone de travail du Joint Terminal Attack Controller (JTAC), c’est-à-dire leur contact au sol pendant la mission. La patrouille de Mirage 2000D va appuyer un Groupement Tactique Désert dans la région de Gossi, ils devront renseigner le JTAC sur toute activité suspecte aux abords du camp et de la ville. Le JTAC leur donnera également des points d’intérêts à proximité, à contrôler, correspondant à des zones d’actions possibles des Groupes Armés Terroristes (GAT), que les forces au sol auraient identifiées. 

La préparation commence. Dans un logiciel spécifique, les navigateurs paramètrent la Mémoire à Bulles Magnétiques (MBM), un « disque dur » qui sera inséré dans l’avion et qui leur permet de programmer leurs points de passage sur leur écran de navigation. Puis les briefings s’enchaînent, à commencer par le point « renseignement » : Quelles sont les menaces ? Où les GAT ont-ils été aperçus dernièrement ? Quels sont les camps « amis » situés dans la zone ? 

Les lieux et temps de vols connus, les pilotes peuvent alors calculer le carburant nécessaire pour la mission et définir le bon moment du vol pour ravitailler. C’est une phase critique de la mission, elle conditionne sa réussite. Les équipages des Mirage 2000D et celui du ravitailleur C-135 français, dont la salle d’opérations est située à quelques mètres seulement, s’accordent sur les meilleures « box » de ravitaillement et sur la cinématique du vol : pour faire cette mission en toute sécurité ils devront effectuer deux ravitaillements en vol. « Nous prenons toujours une marge sur le carburant, car si à notre retour sur Niamey la piste n’est plus praticable, il nous faut pouvoir rejoindre un terrain d’atterrissage secondaire et ici les terrains sont très éloignés les uns des autres » explique le capitaine Nicolas, pilote du second Mirage 2000D. Enfin, l’équipe se réunit pour faire un récapitulatif complet de la mission, du départ le matin jusqu’au débriefing en passant par toutes les phases du vol. 

Jour J, 07h30, la patrouille est rassemblée au détachement. Depuis la veille, la mission a été légèrement modifiée, une phase de travail avec un Guetteur Aérien Tactique Avancé (GATA) des Forces Armées Maliennes (FAMa) est prévue lors du transit retour vers Niamey. « Parfois nous préparons la mission la veille et puis dans la nuit, on nous appelle pour nous avertir que l’heure de décollage est avancée ou que nous devons réaliser un vol complètement différent car la priorité opérationnelle a été mise sur une autre mission. » explique le commandant Benjamin. Après quelques adaptations sur la cinématique du vol et un dernier point météo, il est l’heure de rejoindre l’avion. 

8h30, les mécaniciens s’affairent autour des deux avions de la patrouille. Les pilotes et navigateurs rejoignent leurs appareils. Commence alors le traditionnel « tour avion » pour faire toutes les vérifications techniques avec le mécanicien sur la machine. Une fois installés dans le cockpit, chaque membre de l’équipage revoit toutes ses procédures. 

09h00, le C-135 vient de décoller, les chasseurs quittent à leur tour la BAP de Niamey. Un premier ravitaillement en vol leur permet de mettre à disposition du JTAC un temps de travail suffisant dans la zone requise. La patrouille effectue plusieurs passages au-dessus des points prévus et repère les éléments communiqués par le JTAC. Ils reproduisent la même opération sur d’autres points d’intérêts aux alentours et identifient notamment une cible potentielle à quelques dizaines de kilomètres des forces Barkhane déployées au sol. Les navigateurs transmettent l’information à leur contact, prennent des photographies et enregistrent les coordonnées GPS exactes de cette activité potentiellement suspecte. 

La première partie de la mission terminée, les deux avions de chasse retrouvent le C-135 pour un second ravitaillement. Cette allonge supplémentaire va leur permettre d’effectuer un travail similaire avec le GATA des FAMa, près de Labbézanga, sur le trajet retour vers Niamey. 

12h00, les deux Mirage 2000D sont de retour. A peine sortis de l’avion, il faut débriefer « à chaud ». Les NOSA transmettent à la cellule renseignement du détachement toutes les photos prises en vol. Avec l’officier renseignement ils remplissent le Mission Report (MISREP), un compte rendu exhaustif qui reprend toutes les phases du vol, minute par minute, les échanges qu’ils ont eus avec les JTAC, les points vérifiés et les éléments collectés. 

La mission se termine par un débriefing plus technique entre les quatre membres de la patrouille pour identifier les réussites de la mission et d’éventuels points d’améliorations sur les différentes phases de vol. Le commandant Benjamin conclut « dans les missions CAS, la phase de préparation est relativement simple car en réalité tout se passe en vol. La mission peut évoluer chaque minute en fonction des indications que nous donne le JTAC. Nous sommes habitués à nous adapter. » 

           

Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad. Elle regroupe environ 5 100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.


Sources : État-major des armées
Droits : EMA