Le 19 novembre 2018, alors que la force Barkhane réalisait une formation interarmes au profit des militaires nigériens, une délégation de la mission européenne EUCAP Sahel Niger a parallèlement conduit une formation au profit des forces armées nigériennes sur la judiciarisation de l’action militaire à Ouallam.
Cette délégation s’est rendue le 19 novembre dernier au centre d’entraînement des forces armées de Ouallam, au nord de Niamey, la capitale du Niger. Composée de policiers et de gendarmes spécialistes des actions judiciaires, mais aussi de nombreux experts et analystes, l’EUCAP Sahel Niger est une mission européenne de renforcement des capacités (capacity building) conduite dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune. Ses objectifs sont de permettre le renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité nigériennes.
Chargée habituellement de former les forces de sécurité intérieures transnationales, la mission de l’EUCAP à Ouallam visait pour la première fois un public des forces armées nigériennes (FAN). « J’ai justement été recruté au sein d’EUCAP pour mettre en place une formation particulière destinée aux forces armées », explique le lieutenant-colonel Henri, chef du détachement. « Celle-ci porte sur la judiciarisation de l’action des forces armées. Nous sommes donc là pour former une trentaine de militaires nigériens et quelques gendarmes avec pour objectif de leur permettre de réagir le mieux possible lorsqu’ils feront face à une action militaire pouvant impliquer une suite judiciaire ».
Ce rôle de judiciarisation est habituellement à la charge des forces de police et de gendarmerie. Néanmoins, les FAN sont autorisés à intervenir pour des infractions graves de type terrorisme, grand banditisme ou trafic d’êtres humains. Dans ces situations, ils doivent être en mesure de fournir des éléments matériels de preuves aux forces de sécurité intérieure qui mèneront l’enquête. Pour le lieutenant-colonel Henri, « c’est tout l’intérêt de cette formation juridique simple, mais pratique, de manière à ce qu’ils sachent collecter des éléments de preuves susceptibles de servir à la manifestation de la vérité ».
Cette formation s’adressera bientôt à toutes les forces armées de la sous-région et notamment aux forces maliennes. L’EUCAP cherche en effet à développer ce type de formation à l’ensemble des pays partenaires du G5 Sahel. « Nous avons déjà rencontré des représentants de la force G5 Sahel avec qui nous avons étudié leurs besoins », explique le lieutenant-colonel Henri. « Nos premiers échanges, très positifs, vont sans doute nous permettre de développer plusieurs formations au sein des forces du G5 Sahel dans les mois à venir ».
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Burkina-Faso. Elle regroupe environ 4 500 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace notamment dans le cadre de la force conjointe du G5 Sahel en cours d’opérationnalisation.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense