BARKHANE : Erwann et Alex, une illustration du partenariat opérationnel franco-britannique au Mali

« C’est un petit jeu qui nous permet d’améliorer nos compétences linguistiques. Nous mêlons l’utile à l’agréable en somme ! »

L’aspirant Erwann est pilote d’hélicoptère au sein de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre (ALAT). Après sa formation initiale d’officier aux Ecoles militaires de Coëtquidan puis de pilote à l’école de l’ALAT à Dax et au Luc, il est affecté au 3^e Régiment d’Hélicoptères de combat, à Etain, où il sert comme pilote de de Puma.

A 25 ans à peine, l’aspirant Erwann est engagé depuis quelques semaines à Gao au Mali. Il y exerce les fonctions d’officier au S3-3D, la cellule de l’état-major tactique du GTD-A en charge de la conduite des opérations aériennes. S’il ne pilote pas au Mali, sa formation lui permet néanmoins de tenir cette fonction exigeante au profit de la Force Barkhane.

Egalement officier de liaison auprès du détachement de la Royal Air Force de Gao, il traite essentiellement des questions liées à la 3^e dimension avec ses homologues Britanniques. Parmi les officiers de sa Majesté se trouve le lieutenant Alex au contact duquel l’aspirant Erwann travaille quotidiennement.

Le lieutenant Alex s’est engagé à 25 ans dans l’armée britannique, en tant que réserviste. A ce titre, il a été formé à la prestigieuse académie militaire de Sandhurst, l’école des officiers de l’armée de Terre britannique. Ainsi, il sert certain mois de l’année dans les rangs de l’armée de Terre et le reste de l’année, il gère le marketing numérique pour une entreprise privée basée à Oxford. Projeté au Mali au même titre que ses camarades d’actives, il est employé au centre opérations du détachement britannique servant les CH47.

« Je vis comme un privilège d’exercer mon français dans mes fonctions de détaché de liaison auprès du GTD-A, et les relations sont très bonnes ! »

La coopération étroite entre l’aspirant Erwann et le lieutenant Alex donne parfois lieu à des scènes étonnantes au centre d’opération des Chinooks, notamment lorsque les deux officiers échangent à propos des activités aériennes : Erwann le Français parle en anglais et Alex l’Anglais, lui répond en français. Pour l’aspirant cette gymnastique singulière s’explique assez simplement: « c’est un gentleman agreement entre nous. C’est un petit jeu qui nous permet d’améliorer nos compétences linguistiques. Nous mêlons l’utile à l’agréable en somme! ».

Les Britanniques ont d’ailleurs pris soin de placer des francophones à des postes clés afin de faciliter les échanges. Le français presque académique que parle le lieutenant Alex en est un bel exemple. « Je vis comme un privilège d’exercer mon français dans mes fonctions de détaché de liaison auprès du GTD-A, et les relations sont très bonnes !» confie-t-il. Il ajoute : « Les Chinooks sont utiles à Barkhane en terme d’aéromobilité ».

Face aux vastes étendues de la Bande Sahélo-Saharienne (BSS), l’aéromobilité constitue, de fait, une capacité essentielle et complémentaire des moyens terrestres dans les opérations. Dans ce cadre, les Chinooks apportent un atout majeur à la force Barkhane. En effet, ces appareils peuvent transporter plusieurs tonnes de fret et une trentaine de soldats. Ainsi, les militaires français des Plateformes Désert Relais (PfDR) ou des Bases Opérationnelles Avancées Temporaires (BOAT) sont souvent acheminés par Chinooks, et ils s’en accommodent parfaitement : voler à bord de cet hélicoptère à l’identité visuelle très marquée, leur donne une expérience qu’ils apprécient beaucoup.

Si la météo au Mali peut se montrer capricieuse en cette saison, avec des murs de sable et parfois des orages, elle est en revanche « au beau fixe » entre Anglais et Français. Comme l’affirme l’aspirant Erwann : « Les Britanniques connaissent la dureté de l’engagement de Barkhane et font preuve d’adaptation en permanence. Ils sont volontaires à nos côtés et avec eux, nous formons une seule et même équipe ».

Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 4 500 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.