La force Barkhane déploie une grande partie de ses moyens aériens à partir de la base aérienne projetée (BAP) de Niamey. Ils permettent d’intensifier l’effort en zone des trois frontières en coordination avec les forces terrestres. Rencontre avec le commandant de la BAP de Niamey, le colonel Hugues POINTFER.
Mon colonel, pourriez-vous nous parler de l’utilisation de l’arme aérienne dans le cadre de la force Barkhane ?
L’opération Barkhane est avant tout une opération interarmées, c’est-à-dire une manœuvre combinée de moyens terrestres et aériens. Ces moyens aériens peuvent venir de l’armée de l’air, mais aussi de la marine nationale, comme des équipages de l’Atlantique 2 engagés depuis Niamey dans nos opérations aériennes, ou encore de l’armée de terre avec la composante héliportée. Placée en plein cœur du Sahel et juste au sud de la zone des trois frontières, la BAP de Niamey permet d’opérer avec réactivité partout dans la zone. Nous maintenons ici une alerte 24H/24 pour être en mesure d’intervenir à tout moment, notamment avec nos chasseurs Mirage 2000D. Ces alertes permettent d’apporter rapidement un appui à des troupes au sol au profit de la force Barkhane et des forces partenaires du G5 Sahel.
Depuis la mi-janvier, les opérations aériennes se sont intensifiées. Y-a-t-il eu des changements dans les modes d’action ?
Insérée dans une manœuvre globale, la composante aérienne s’est recentrée dans la zone des trois frontières. L’idée générale est d’exploiter les réactions de l’ennemi induites par les opérations conduites au sol et d’être là lorsqu’il est amené à se découvrir. Ainsi, grâce à sa capacité à intervenir vite en tout point de la zone d’opération, l’arme aérienne s’attache à intervenir à la fois en appuis des groupements tactique désert, de la force conjointe du G5-Sahel ou des forces nationales des pays partenaires, à la périphérie de la zone d’opération ou dans les intervalles. L’idée générale est d’interdire à l’ennemi l’appropriation de zones de repli et de faire peser sur lui une menace permanente.
Cette façon de planifier les opérations a-t-elle permis d’obtenir davantage de résultats ?
En fait, l’efficacité des missions actuellement menées vient de la capacité à coordonner les moyens et les actions. C’est la capacité à conjuguer un plus grand nombre d’hommes sur le terrain et d’une couverture aérienne plus vaste qui permet de débusquer plus d’ennemis. Enfin, l’élément fondamental sans lequel rien ne serait possible, c’est la capacité à recueillir et à exploiter du renseignement pour orienter l’action. Ce renseignement pouvant être issu de nos propres moyens ou recueilli puis partagé par nos partenaires. Mais nos succès ne se mesurent pas en nombre d’ennemis mis hors de combat. C’est davantage en termes de populations n’évoluant plus sous le joug des terroristes qu’il faut raisonner ou de populations touchées par des actions de développement.
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 5 100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense