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BARKHANE : Entretien avec le colonel Beylier, commandant la base aérienne projetée de N’Djamena

Mise à jour  : 17/02/2020

Issu d’une famille de militaires, le colonel Beylier s’est engagé en 1990 au sein de l’armée de l’Air. Dans cette interview, il revient sur son parcours et son rôle au sein de la force Barkhane.

Pourquoi avoir choisi l’armée de l’air ?

Dans l’armée de l’air, nous retrouvons ces dimensions de haute technologie, de puissance et d’engagement opérationnel. C’est la convergence de ces trois facteurs qui est à l’origine de ce choix.

Quel est votre parcours ?

A l’issue de ma formation d’officier à l’Ecole de l’Air à Salon en Provence, j’ai été affecté au sein d’un escadron de reconnaissance aérienne tactique. L’engagement opérationnel était très intense puisque nous étions en moyenne déployés deux fois par an en opérations extérieures.

Par la suite, j’ai été affecté au centre des expériences aériennes militaires, où l’armée de l’air développe et expérimente ses nouveaux matériels, plus précisément dans le domaine des capteurs de reconnaissance aérienne. J’ai ensuite intégré l’escadron de formation au renseignement, où les officiers et les sous-officiers sont formés aux métiers du renseignement. Après ma scolarité à l’école de guerre, j’ai commandé un escadron de guerre électronique pendant 3 ans, avec encore un très fort engagement opérationnel, notamment en Afghanistan. Après avoir servi en état-major à Paris, j’ai été affecté aux Etats-Unis au sein de l’US CENTRAL COMMAND, l’équivalent du CPCO américain pour la région du Levant / Moyen-Orient. Ainsi, pendant près de 3 ans, j’ai participé à l’opération Chammal en tant qu’adjoint du représentant national français auprès du commandant américain de l’opération.

Dans le cadre de vos fonctions précédentes, vous avez déjà eu l’occasion de venir sur l’opération Barkhane. Observez-vous des évolutions ?

J’ai eu l’occasion de venir quatre fois sur le théâtre depuis 2017 et aujourd’hui je mesure bien à quel point la force Barkhane est une « force apprenante », elle a progressé, mandat après mandat, en s’adaptant en permanence à l’environnement opérationnel, et toujours en appui des forces armées partenaires.

Quelles sont les spécificités de la BAP de N’Djamena ?

Cette base est construite sur un modèle assez atypique du fait d’une forte dimension interarmées mais également parce qu’elle a la responsabilité de l’ensemble du fuseau Est de l’opération Barkhane, et donc des postes dans cette zone. Elle est aujourd’hui un pion central dans le soutien des opérations des forces françaises en Afrique centrale, Barkhane en premier lieu. 

Comment ces soutiens se définissent-ils ?

Nous avons des capacités importantes de combat et de soutien de façon à pouvoir faire face à une dégradation brutale de l‘environnement sécuritaire dans la région. Nous constituons aussi un plot logistique aérien et terrien majeur au profit des opérations françaises et de nos alliés européens et américains. Nous sommes aussi en mesure de déployer les moyens nécessaires pour une éventuelle évacuation de ressortissants.

Avez-vous des interactions avec les forces tchadiennes ?

Oui beaucoup, elles se font à plusieurs niveaux. La coopération est quotidienne sur la BAP puisque nous partageons la plateforme avec l’armée de l’air tchadienne. Nous avons d’ailleurs créé un bureau commun franco-tchadien et des activités de contrôle aérien communes, pour la coordination de l’activité aérienne au quotidien. De plus, dans le cadre de la relation bilatérale, nous organisons des détachements d’instructions opérationnelles ou techniques au profit des forces tchadiennes. 

Qu’est-ce qui est pour vous le plus enrichissant dans le cadre d’une telle projection ?

Ce qui me marque le plus c’est de voir l’engagement quotidien des militaires qui continuent à écrire de belles pages de l’histoire de l’opération Barkhane. J’ai une grande satisfaction de voir de très jeunes cadres, tant chez les officiers que chez les sous-officiers, qui ont un sens très développé de la mission et qui comprennent très bien l’environnement complexe dans lequel ils sont engagés. Une qualité que l’on retrouve dans les trois armées. Dès leur plus jeune âge, ils ont compris la dimension interarmées des engagements opérationnels. Je suis très confiant pour l’avenir de l’Armée de l’air, et de nos armées en général, quand je vois la qualité des cadres actuels.

Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 5100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.


Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense