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BARKHANE : En piste avec les pompiers de l’air de la base aérienne projetée de N’Djaména

Mise à jour  : 30/07/2020

Les pompiers de l’air en opération sur la base aérienne projetée de N’Djamena exercent leur métier au plus près de la piste d’atterrissage afin de pouvoir réagir dans l’urgence en cas de complications sur les aéronefs.

Au Tchad, le capitaine Yvanne commande l’escadron de sécurité incendie et sauvetage (ESIS) sur la base aérienne projetée de N’Djaména et un détachement de pompiers de l’air à Abéché. Outre le commandement d’une vingtaine de pompiers, elle assure, dans le cadre de l’opération Barkhane, la fonction de coordinateur pour toutes les activités de désinfections COVID-19 sur la bande sahélo-saharienne.

Capitaine, quelle est la différence entre « les pompiers de l’air » et les pompiers « classiques » ?

Notre particularité consiste à détenir une fonction aéronautique. Malgré la dénomination de pompiers de l’air, notre mission principale n’est pas d’intervenir à bord des aéronefs mais au sol, près des pistes d’atterrissage. Durant notre cursus à l’école des pompiers de l’air de Cazaux, nous avons des modules similaires à ceux des pompiers « classiques » (secourisme, incendie et prévention) puis nous développons notre expertise sur la sécurité d’incendie aéronautique. Alors que les pompiers s’entraînent sur des bâtiments en flamme, les pompiers de l’air s’entraînent sur des maquettes d’avions grandeur nature posées sur une aire à feux.

Cette polyvalence nous permet également d’assurer des missions de sécurité incendie (tous type de feux urbains) et de secours à personne en complément des antennes médicales. Enfin, nous sommes opérateurs nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques (NRBC). Typiquement lors de la crise de la COVID-19 dans laquelle les pompiers de l’air ont été fortement engagés en France et au Sahel, nous avons effectué des désinfections d’avions ainsi que de bâtiments, renforcés par le 2e régiment de dragon pour la partie infrastructure.

Comment l’escadron de sécurité incendie et sauvetage s’intègre-t-il sur la base aérienne et quelles sont ses missions ?  

Nous sommes en zone technique opérationnelle, au plus près des pistes et des avions, pour avoir une réactivité suffisante. Notre contrat opérationnel nous impose d’intervenir sur l’ensemble de la piste d’atterrissage en moins de trois minutes et en ayant déversé sur l’avion la moitié des agents extincteurs des camions de pistes.

Nos missions principales sont : la sécurité incendie des aéronefs, le sauvetage des équipages et ensuite la sécurité incendie de la base. D’autre part, nous pouvons aller intervenir en renfort des pompiers tchadiens militaires ou civils, à l’extérieur de la base, sur des feux particuliers. Fin 2019, mes prédécesseurs se sont déplacés sur un feu de marché en plein centre-ville. Les pompiers tchadiens, lorsqu’un incendie important se déclare, font appel à l’Ambassade de France qui nous sollicite pour être engagés en appui des unités tchadiennes.

Comment se déroulent vos journées en opération à N’Djaména ?

Elles sont rythmées par l’activité aéronautique, plus intense lorsque les avions de chasse sont présents sur la base. Aussi, nous sommes prêts à intervenir de jour comme de nuit. Le nombre de camions et de pompiers de l’air déployés est fonction de la taille de l’avion. Par exemple, pour un A400M, quatre camions et neuf pompiers sont nécessaires ; pour un Mirage 2000, ce sont deux camions pour la partie « feu » et un camion pour l’extraction du pilote ou le soutènement de l’avion, accompagnés de six pompiers. Enfin, nous sommes les seuls pompiers sur la base, nous sommes donc organisés de la manière suivante : une équipe se trouve près de la piste et une équipe est d’astreinte en zone vie de la base afin d’assurer la sécurité incendie des biens et agir en cas d’inondation (assez fréquentes en raison de la saison des pluies). Toutes nos missions sont indispensables pour garantir le caractère opérationnel de la force Barkhane.

Comment les pompiers de l’air se préparent-ils aux situations d’urgence ?

Nous avons régulièrement des exercices « crash fire and rescue » qui simulent un crash aéronautique suite à une sortie de piste d’un avion au retour d’une mission, avec des blessés. Nous faisons participer le pôle de santé, le détachement de protection, la prévôté, ou encore le centre opérationnel afin d’accroître le réalisme de l’exercice.

Nous allons aussi organiser des exercices incendie au service des essences des armées (SSA), au dépôt de munitions et dans toutes les zones sensibles exposées au risque incendie. Ces exercices interservices permettent de maintenir nos compétences mais également d’entraîner notre réactivité et notre organisation.

 

                      

Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad. Elle regroupe environ 5 100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.


Sources : État-major des armées
Droits : EMA